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Devant et derrière les barreaux.

Mauvaise semaine pour Sarkozy, même si c’est Hollande qui tient la vedette avec le reproche des Français à sa compagne Valérie, en crise publique de jalousie.
Non pas à cause des révélations sur Canal+ (1), mais du fait que l’ancien président redevient un justiciable, un mois après son départ de la présidence et la passation de pouvoir. Le vendredi 15 juin sonne la fin de son immunité présidentielle.
Sarkozy traîne quatre casseroles derrière son carrosse. La ficelle qui les y relie sera difficile à couper.
L’affaire Woerth-Bettencourt est la première qui vient à l’esprit et celle où, probablement, il est le plus vulnérable.
Tragédie de Racine, l’affaire est à tiroirs ! Surtout tiroir-caisse, la première fortune de France aurait financé la campagne présidentielle de 2007. Les juges bordelais en charge de l'affaire ne manqueront pas de convoquer l’ancien président.
Patrice de Maistre, l'ex-conseiller financier de Liliane Bettencourt est incarcéré depuis le 23 mars. Eric Woerth, trésorier et le candidat Sarkozy ont été accusés d'avoir touché des enveloppes d'argent liquide.
L’empereur déchu risque un an de prison.
L’affaire Kadhafi est fondée sur des soupçons de financement illégal (encore !) de la campagne de 2007, aucune enquête officielle n'est actuellement en cours. Mediapart mentionne un "accord de principe" conclu en 2006 avec Tripoli, pour un montant de 50 millions d'euros.
L’affaire Karachi porte sur un financement occulte, mais il s’agit de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995. Par un système complexe de rétro commissions dans le cadre de contrats d'armement, révélés par l'attentat de Karachi (Pakistan) le 8 mai 2002, alors que Nicolas Sarkozy était ministre du Budget et porte-parole de campagne de Balladur. Outre Balladur et Sarkozy, les milieux judiciaires citent encore François Léotard, ministre de la Défense de l’époque. La déclassification de certains documents du « secret défense », promise par Hollande, pourrait faire évoluer le dossier.
L’affaire des « sondages de l’Elysée », la présidence est soupçonnée d'avoir commandé une pléthore d'études d'opinion à des sociétés dont les dirigeants sont des proches du chef de l'Etat sans être passé par un appel d'offre public. 264 sondages pour un montant de 6,35 millions d'euros ont été commandés par la présidence de la République entre juin 2007 et juillet 2009.
Le délit de favoritisme est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende. Il reste à prouver la responsabilité du président dans cette affaire, comme dans toutes les autres.
Enfin une petite dernière et révélée récemment par Mediapart, l’appartement acheté par le président Sarkozy sur l’Île de la Jatte, de 216 m² en duplex, dans un quartier bourgeois de Neuilly-sur-Seine. Le président, ex-maire de Neuilly, aurait contracté plusieurs emprunts, dont un de 3 millions de FF auprès de l’Assemblée nationale (2% pendant cinq ans, puis 0%). Le hic, c’est que Mediapart a obtenu confirmation auprès de l'Assemblée nationale qu’un député ne pouvait emprunter plus de 196.000 euros (soit 1,183 million de francs). Question : où l'ancien président a-t-il trouvé les sous manquants ?
L’affaire avait été classée sans suite par Philippe Courroye dont on sait les liens avec Sarkozy. Va-t-elle être rouverte ?
C’est une affaire à suivre.

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Sarkozy ne passera pas une retraite tranquille. Heureusement, avocat lui-même et ayant des parts dans un cabinet d’affaires, les différentes procédures ne lui coûteront pas ce qu’Anne Sinclair a déboursé, pour payer les avocats de DSK.
Comme quoi, ces gens qui ont élevé au rang de science, l’art de la parole pour ne rien dire, et qu’une grosse partie des électeurs admire béatement, vont devoir quand même trouver d’autres arguments que la langue de bois, tant il va y avoir, dans les mois à venir, du beau linge dans le box des accusés et à la barre des témoins.
A moins que la frivolité française, en ce imitée par la frivolité belge sur les mêmes séquences d’oubli, ne préfère l’histoire des petites gâteries et des colères jalouses de Trierweiler, à la sainte colère du peuple.
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1. Marie-Célie Guillaume, directrice de cabinet de Patrick Devedjian, était l'invitée de Michel Denisot pour son livre « Le monarque, son fils, son fief » qui est sorti le 14 juin aux Editions du Moment. Elle raconte un moment du quinquennat où Nicolas Sarkozy aurait demandé et obtenu une "gâterie" d'une élue UMP locale.

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