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DSK, Moscovici et Aubry…

Quelle chose étrange de se croire « l’élu » pour « faire » président de la République !
Dès l’enfance, comme Clinton présenté à Kennedy, comme Hollande...
-Que veux-tu faire, petit ?
-Président de la République !
Comment se détache-t-on du gros de la troupe, pour embrasser pareil destin avec la conviction d’être « appelé » !
Dans les moments de grand scepticisme, entendre des voix, comme dans la forêt de Domrémy-la-Pucelle, et être secrétaire du parti socialiste français !
Passons sur le cas Hollande, quoique la question n’en demeure pas moins pertinente, pour revoir le destin présidentiable de DSK, un autre inspiré, mais qui le voulait moins… ceci à la faveur du livre de Bacqué et Chemin, d’actualité.

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Lui, au moins, n’entendait que les voix des sirènes de la rue Saint-Denis et du Bois de Boulogne, au point d’aller de Charybde en Silla, croyant toucher à la berge de la verte Carte du Tendre, en éjaculant sur le col de chemise d’une femme de chambre.
Au PS, personne n’ignorait la personnalité de DSK, son « faste » largement pourvu par la fortune d’Anne Sinclair, au point que cette dernière est une énigme dans l’énigme. Et surtout, son goût effréné du sexe, avec ce côté provocateur, qui tourne parfois à l’aventure forcée, à mi-chemin entre le dragage poussé et le viol.
Et malgré cela, quelques semaines avant le plongeon dans le fait-divers, voilà Martine Aubry à Marrakech, subjuguée, fascinée, établissant un pacte avec DSK !
-Tu te présentes. Et tu me fais première ministre !
Avant de se demander quel étrange pouvoir cet homme a sur les femmes, essayons de comprendre pourquoi il avait « ensorcelé » une partie importante de la direction du PS, de la rue de Solferino.
C’est facile, aujourd’hui que le scandale a tué politiquement DSK, de se démarquer de lui et de jurer qu’on n’en avait jamais été dupe. Pourtant, ces gens qui ont couru après lui, qui se sont essoufflés à porter sa serviette et à interpréter ses paroles sur l’avenir économique de la France, n’ignoraient rien de son addiction au sexe.
Après la chute, les plus mordus se sont même un instant enfermés dans l’hypothèse du complot !
A présent, les voilà pour certains entrés dans le gouvernement Ayrault.
Quelle genre de crédibilité peuvent-ils encore avoir, soupçonnés de complicité implicite, s’ils savaient tout ou par l’effet d’une naïveté aberrante, peu compatible avec le métier de ministre, s’ils n’étaient au courant de rien !
L’exemple type est celui de Moscovici, l’actuel ministre des finances, qui se mit si longtemps au service de DSK qu’il ne pouvait en être sa dupe.
A la campagne de la primaire socialiste de 2006 en vue de l'élection présidentielle de l'année suivante, il soutint activement Dominique Strauss-Kahn qui fut battu dès le premier tour par Ségolène Royal. Rebelote en 2012, activiste pour la candidature de DSK, le voilà groggy à la nouvelle du Sofitel, comme s’il n’était question que d’une aberration passagère et tout à fait inopportune, sur la même vision des choses que DSK, lorsque ce dernier fit un bref communiqué de presse.
Pas pour longtemps. Moscovici est un animal politique. Il est de la race de ceux qui s’aident des autres quand ils sont faibles, et les atomisent quand ils sont forts.
On connaît la suite, son ralliement à Hollande, le poste clé que celui-ci lui confie dans sa campagne et son emploi de ministre des finances.
Aussi compétent Moscovici soit-il, je me demande comment ce caméléon a fait pour revenir à flot après l’« erreur » majeure, car c’en était une politiquement, de soutenir DSK de ses débuts à sa chute.
Petit génie issu des grandes écoles, ENA et consort, grand destin tracé à l’avance de par ses origines et le renom des parents ? Il y a un peu de tout cela. Mais, ce qui importe, c’est le peu de cas que l’on fait de la morale dans les partis (Dans un ordre général c’est valable aussi pour la Belgique, nos avocats diraient l’éthique.), celle qui dicte des conduites rectilignes quand on se veut un élu de la Nation.
On peut le redire avec force, il n’y a pas deux morales, une de circonstance et une inviolable.
Il faut croire que certains personnages en vue peuvent se permettre des erreurs et des promiscuités regrettables, du moment qu’ils ne sont pas pris eux-mêmes en flagrant délit.
Pourquoi Hollande a-t-il passé outre aux interrogations concernant certains ralliés à sa cause lorsque DSK fut sur la touche ?
Ne serait-il pas tout à fait le président ordinaire dont la France a besoin ? Le PS ne devrait-il pas être plus pointilleux sur la morale, du fait de sa volonté de participer plus intimement à la souffrance des gens ?
Entendons-nous bien, ce n’est pas d’avoir été un grand baiseur que l’on reproche à DSK. C’est d’avoir cru que sa notoriété l’autorisait à prendre de force des femmes qui n’en avaient pas envie. Et ça, c’est dégueulasse !

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