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Ne Mélenchon pas torchons et serviettes.

Dans le patchwork politique francophone, un ancien devenu nouveau, relance la polémique sur le cas du Parti socialiste. C’est de Bernard Wesphael et de son MG (Mouvement de Gauche), qu’il s’agit.
Le propos est sérieux. Malgré son importante masse électorale toujours présente, le Parti Socialiste est-il encore de gauche ?
La réponse est nuancée. Oui, par son score électoral élevé. Le suffrage universel est toujours l’indicateur principal. Il regroupe ce que l’on appelait jadis « la classe ouvrière » dans une palette plus large, il englobe aujourd’hui des citoyens qui vont du chômeur au petit commerçant.
C’est même la confiance du corps électoral qui rassure les bobos largement établis dans les médias, les fonctionnaires et les artistes connus, tous largement tributaires des « bienfaits » de la carte de parti.
Non, si l’on considère l’évolution des conditions sociales nouvelles qui déterminent un recul général du niveau de vie de la clientèle du PS. Concrètement, l’échec de la social-démocratie n’a pas encore convaincu les dirigeants du PS de chercher une solution concurrente au système économique actuel. La collaboration avec la droite s’est usée tout au long des crises financières. Di Rupo vend aux masses un socialisme dénaturé, avec un certain succès.
Sans plan pour le futur, on ne sait combien de temps encore ce parti va promener la gauche dans ses collaborations équivoques avec la mouvance libérale.
En se disant vouloir être à lui tout seul la gauche, Bernard Wesphael, lors du congrès de son parti Mouvement de Gauche, a frappé fort, sans vraiment être outillé pour. Cependant, toute tentative est bonne à prendre, pour faire comprendre qu’avec le PS on n’arrivera nulle part.
Le modèle choisi par Wesphael : Jean-Luc Mélanchon, est-il un bon choix ?
Oui, si l’on considère comme une réussite le regroupement du PC et du parti de Mélenchon, qui finit par avoir un groupe (15 députés) à l’Assemblée nationale, grâce à l’appoint de députés non apparentés, même si les communistes poursuivent leur déclin. En Belgique, une telle aventure serait inouïe et le PS ne pourrait plus ignorer cette nouvelle gauche.
Non, si l’on compare les deux hommes. Mélenchon, est un redoutable tribun. Il n’y a pas d’orateur de cette dimension en Belgique. Wesphael ne pourrait y prétendre. L’ignorance volontaire des médias, d’une présence à gauche d’Elio Di Rupo, joue aussi techniquement contre lui.
A l’extrême gauche, les groupuscules n’ont jamais pu s’accorder pour tenter une aventure commune, chacun s’accrochant à « sa vérité ».
C’est même à cause du remède de cheval proposé par quelques marxistes – maoïstes, léninistes ou trotskystes - que l’électeur rechigne. Il n’est pas encore descendu assez bas de l’échelle des malheurs pour abandonner un système qu’il n’aime plus tellement, pour une aventure qu’il n’aime pas du tout.
Sagesse populaire ou indignité naturelle de la politique de la mangeoire ?
On verra bien par la suite, si d’aventure, la crise jetait sur le pavé quelques millions de gens en plus.

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Et puis viennent des objections qui ont trait essentiellement à la carrière de Bernard Wesphael.
C’est assez troublant qu’à l’issue d’un échec (le ratage de la présidence) Wesphael se soit brusquement trouvé une sensibilité de gauche radicale ! Les propos actuels de Wesphael n’auraient pas pu être prononcés à la tribune des Verts !
Même s’il avait déjà ses convictions, c’est tout de même parce que les militants verts n’ont pas voulu de lui à la présidence de leur parti qu’il a durci son verbe ! Elu, il aurait probablement tenu un autre discours !
Ce côté caméléon inquiète.
On pourrait penser que c’est un opportuniste ayant trouvé le moyen de rebondir après l’échec de sa candidature, même si ses convictions ne sont pas en cause.
Ceci dit, ne gâchons pas le plaisir d’entendre quelqu’un qui dit autre chose que les fadeurs du parti socialiste.
Tant qu’on lui laisse un bout de journal pour s’exprimer, c’est du bonus pour le changement. C’est crâne de dire que le PS est un parti de centre-droit, à peu près sur la ligne du CDH et se rapprochant chaque jour davantage du MR.
La difficulté pour Wesphael, ce sera de s’installer dans le paysage politique francophone, tant de petits partis ont échoué avant lui, face à des électeurs dépolitisés et plus consommateurs que citoyens.
Dénoncer les manquements du PS, et en même temps « rassurer » l’électeur vite effarouché et toujours remonté vis-à-vis du communisme, c’est d’une grande difficulté.
Pour ma part, je préfère dire ce que je pense dans un blog, et même parfois me contredire, que faire de la politique à double visage, l’une qui montre ce que l’on est et une autre qui le cache, pour faire le plus de voix possible.
Si je puis me permettre une ultime remarque… Le Soir cite un extrait du discours de clôture de Wesphael « Je suis fou furieux sur les socialistes et le gouvernement fédéral ». C’est un mauvais début. Il est toujours dangereux d’affirmer que l’on est « fou furieux ». Les gens pourraient ne retenir que « fou ».
Pour ma part, je ne me suis toujours gardé de décrire mon état d’esprit. Jeter tous les jours une bouteille à la mer est déjà une folie furieuse pire que la sienne.

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