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On vote dimanche en Grèce

On peut se le demander en Belgique. Il y a une certaine similitude en politique avec la Grèce ! Si l’on excepte l’endettement et l’absence d’une politique fiscale cohérente en Grèce, nos responsables sont interchangeables avec les leurs.
"Après la dictature, une nouvelle nomenklatura s'est mise en place, à l'ombre de deux grandes figures paternalistes, Constantin Karamanlis à droite et Andréas Papandréou au Pasok », en Belgique, l’assassinat d’André Cools (1) est un jalon à partir duquel socialiste et libéraux francophones n’ont cessé de collaborer parfois à la Région, parfois à l’Etat, dans une gestion ultralibérale du pays.
"Il y avait des collaborations entre les cadres du Pasok et de ceux de Nouvelle Démocratie, notamment au niveau local pour gérer les mairies, les fonds européens et les syndicats ». On ne peut pas dire que les « écarts » idéologiques entre le MR au pouvoir et le parti socialiste, à son côté, conduisent au déchirement dans le gouvernement Di Rupo.
M. Sefertzis constate pour la Grèce : « Quand les différences idéologiques ont disparu, il n'est plus resté que la gestion des intérêts. Les années 2000 ont été celles du cynisme politique qui s'est appuyé sur l'enrichissement des classes moyennes, qui se servaient du pouvoir pour assurer leur ascension sociale. Elles sont aujourd'hui touchées par la crise et le système des deux partis s'effondre." Richard III adopte le même point de vue pour la Belgique, sauf que les classes moyennes y sont représentées par les membres des partis politiques enrichis, certains mêmes se sont enrichis illégalement sans trop encourir la rigueur des lois. Une autre différence est la mise sous condition de l’effondrement de la Belgique dont le sort est lié à l’ascension de la NV-A de Bart De Wever, tandis que les Grecs n’ont pas à craindre l’unité du pays.
Le politologue grec George Sefertzis de poursuivre : « La vie des deux partis a été traversée par de nombreux scandales financiers, qui ont d'autant plus choqué qu'ils sont restés impunis, les hommes politiques s'étant construit un solide régime d'immunité. La chute de l'ancien ministre de la défense socialiste Akis Tsohatzopoulos, en détention provisoire depuis deux mois pour blanchiment d'argent, n'en est que plus spectaculaire. »
Plus sévère que la belge, la justice grecque a quand même réussi à mettre un de ses loustics en chef à l’ombre. Il faudra se lever tôt le matin pour voir ça en Belgique. De mémoire d’homme, aucun de nos filous de haut niveau n’a jamais vécu une journée en prison !
Enfin les Grecs savent de quoi ils parlent quand ils pensent que le signe le plus visible de la dégénérescence du système politique grec est le népotisme.

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En Belgique, les bonnes planques et les situations « intéressantes » sont trustées par des familles entières qui se passent le relais avec une grande ponctualité. Le cirque a connu les Fratellini, le pouvoir politique belge a les Michel, les Wathelet, les Onkelinx, les Mathot. C’est même un des rares points communs qui subsistent entre les partis flamands et les partis wallons.
Pour le plaisir, Sefertzis nous retrace les parcours. C’est presque un cours de généalogie.
« A gauche, Georges Papandréou est le petit-fils et le fils des anciens premiers ministres Georges et Andréas Papandréou. Son prédécesseur était Costas Karamanlis, le neveu du fondateur de Nouvelle Démocratie, Constantin, premier ministre à la chute du régime des colonels. L'aile modérée du parti de droite est dominée par la famille Mitsotakis. Constantin Mitsotakis, ex-premier ministre, a un fils député et une fille, Dora Bakoyannis, qui a été ministre des affaires étrangères. Elle vient de réintégrer ND, après en avoir été exclue quand elle avait voté en faveur du mémorandum de mai 2010, à l'époque où Antonis Samaras, le président de Nouvelle Démocratie, y était opposé, il s'est ravisé depuis. M. Samaras appartient lui aussi à une vieille famille politique. »
On souhaiterait qu’un Pascal Delwit (ULB) ait un peu de courage politique pour nous dresser de ces arbres généalogiques de politiciens belges qui, sans remonter aux croisades, nous sucent la moelle des os depuis tantôt cent ans !
Les « p’tits gars des bureaux» aux créneaux repoussent les candidatures comme on repousse les échelles d’assaut d’un château fort. Les dernières engueulades belges opposent deux ministres, chacun voulant faire nommer son poulain.
Alors, on aurait tort en Belgique de se faire une santé par comparaison à la pétaudière grecque.
Les personnels politiques se valent. Reste à savoir s’il y a autant d’avocats en Grèce à gueuletonner sur les fonds public, qu’en Belgique ?
On peut même dire que, malgré la situation financière plus grave que la nôtre, la démocratie grecque est plus vivante. Elle pourrait encore nous étonner.
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1. On n’a pas encore trouvé les véritables commanditaires de cet assassinat. Le présumé coupable, Alain Van der Biest s’est suicidé, il y a dix ans. Il est mort avant son procès, ayant toujours clamé son innocence.

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