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Lequel, des dieux, ferait l’affaire ?

Après l’aventure du boson de Higgs, les progrès dans la connaissance de l’univers et de l’infiniment petit, l’homme démentirait-il Pascal convaincu qu’« il est infiniment éloigné de comprendre les extrêmes » ?
La multiplication des découvertes ferait-elle disparaître les croyances, tout au moins de réduire le nombre de croyants ?
Au vu de l’actualité, c’est le contraire qui se passe. Plus on fait des progrès qui ouvrent aux connaissances touchant l’homme, son environnement immédiat et lointain, plus les croyances se développent, et s’élargissent à des retours obscurantistes incroyables, abandonnés depuis le siècle des Lumières, remis à l’ordre du jour, livres sacrés à la mesure de la cucuterie actuelle.
Comment expliquer le paradoxe d’un progrès des sciences, au milieu d’un océan de mythes ne reposant sur rien d’autre qu’une adoration irraisonnée du chef, les prêtres distribuant en son nom les pieds aux culs des incrédules.
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. L’irrationnel relèverait de la foi qui serait une « rationalité subjective » alors que la science, preuve à l’appui, serait la rationalité objective. Beaucoup de zigzags d’une transcendance qui risquent de perturber l’esprit des gens, plutôt que de rassurer la science et sa rationalité, des chimères d’un fantasme.
Il n’a jamais été simple de dire son fait à une majorité croyante. Qu’on pût mettre en doute les choses les plus mirobolantes et les plus invraisemblables, certains esprits religieux voient rouge et vont jusqu’au meurtre.
Plus leur adoration va à un grand guignol abracadabrant, plus ils veulent en découdre avec le rationnel.
Parmi les conditions favorables à la multiplication des croyants, vient d’abord la misère des peuples, accrue par la mauvaise qualité des régimes, souvent des dictatures, sous le joug desquels ces peuples souffrent. Ceux-ci se réfugient dans l’irrationnel. Une force immanente les vengera, en frappant ceux qui les oppriment en niant leur dieu.
Personne ne fera remarquer que le peuple ayant triomphé, les prêtres remplacent le tyran. La situation d’injustice et de misère perdure.

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C’est surtout l’énigme de la mort après la vie qui fournit le plus de clients à un éternel imaginaire.
L'homme, disent les philosophes, ne peut rester sans réponse devant des questions fondamentales sur la vie et la mort. Même s'il ne possède aucun indice prouvant une seconde vie dans l’au-delà, l’homme, dans sa peur intime, redoute de passer de la peur à la panique dans les quelques secondes de lucidité qui précèdent parfois sa fin. Il ne s’accommode pas à la fatalité qui clôt chaque existence par la mort, pour la raison évidente de la perception qu’il a de lui-même. Ne se croit-il pas à l’image de dieu ?
La seule perspective « dérangeante » que la science pourrait opposer aux fantasmagories d’un au-delà imaginaire, ce serait la découverte d’un autre monde habité par des créatures vivantes, ce qui ficherait par terre plus de deux mille ans d’imageries religieuses, d’une terre faite par dieu pour les hommes.
Encore verrait-on tout de suite les prêtres rebondir et nous refaire, en moins de deux, d’autres livres miraculeux, sans aucun égard pour celui que la nécessité clôt.
Marx, Bourdieu, Durkheim ont tenté d’expliquer, parfois avec succès, les croyances par les fonctions qu'elles remplissent. Ces analyses relèvent de l’école Lamarck-Darwin (un individu peut s'adapter à son environnement et transmettre cette adaptation, Darwin introduisant la notion de hasard).
Un croyant peut muter aussi par des conversions et des apostasies. Il peut transmettre ses modifications en matière de croyance à ses descendants.
Un croyant touché par les expériences de Lamarck et Darwin, dans le domaine de sa foi, voilà bien un rebondissement inattendu à l’égard de gens qui croient que tels ils sont, tels étaient leurs très lointains ancêtres, au point de nier que des espèces exposées en vitrine dans les musées d’histoire naturelle, datent, pour certaines, du mésozoïque, puisqu’ils croient que le monde fut créé voici seulement trois mille ans !
Ce siècle est bien étrange qui, à peine entamé, n’est ni en reste d’étonnantes découvertes scientifiques, ni de non moins étonnantes sornettes.
Connaissant les hommes, je ne doute pas que les sornettes finisent par l’emporter. Si dieu, dit-on, règne sur tous, il a tout de même une prédilection marquée pour les cons.

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