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La vita è bella

Réalistes, me semble-t-il, pessimistes diront nos « admirables » en manque d’admiration, mais les commentateurs freelances qui prédisaient l’apocalypse pour la fin de l’année du système capitaliste, se sont moins trompés que les autres.
C’est en effet un match qui s’annonce entre les bénéficiaires et les utilisateurs du système. Pour que le rideau s’ouvre sur la tragédie, il suffirait que les utilisateurs refusent de lire le texte écrit par les bénéficiaires et improvisent dans une sorte de commedia dell-artes, ce qui se dit couramment sur les places publiques.
Hélas ! Di Rupo en Brutus hésite à tuer César.
A la mi-août les tréteaux ne sont pas encore en place. Les festivaliers d’Avignon traînent avant de rentrer. On tourne « La vie est belle » de Frank Capra depuis 1946 et personne n’a vu que c’était la version de 98 de Roberto Benigni. Le peuple enfant est conduit dans un univers concentrationnaire, tandis qu’on lui fait croire que c’est un jeu.
Et voilà qu’avant septembre, impatient de compter les coups, l’agence Moody’s ajuste l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg, tandis que la Belgique, poisson ventouse de ces squales, ne peut que suivre le mouvement.
Moody’s abaisse le pays de Merkel de « stable » à « négatif » en raison de « l’incertitude croissante » sur l’issue de la crise de la dette en zone euro !
A la suite de quoi, les boursicoteurs ont déserté la bourse et la séance fut la pire depuis trois mois.
Les gens de ma sorte qui s’évertuent depuis des mois à prétendre que le système va se casser la gueule seront-ils enfin pris au sérieux ?
C’est fort improbable.
Hier c’était Hollande qui avait des difficultés à prendre des décisions, aujourd’hui c’est Di Rupo, toujours en vacances ! Savent-ils encore qu’ils sont socialistes ? Ou bien se sont-ils secrètement arrangés avec les libéraux, via les Loges et les amis communs ?

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Inutile de poser la question à l’urne de Michel Daerden au cimetière d’Alleur, il ne vous répondra pas. Papa s’est tiré au bon moment ! On reconnaît bien là son sens de l’esquive.
Le coup porté de Moody’s nous expose bien mal à propos, en visant l’Allemagne à laquelle nous nous sommes attachés, non par amour du pangermanisme, mais en qualité de la sûreté des ses blockhaus de protection financière, nous voilà aussi le cul par terre, alors que nos mentors socialistes, d’accord avec les libéraux, célébraient notre belle manière de rebondir.
La belle locomotive de l’Europe arrêtée par un panneau « Achtung ! »
Résultat immédiat : les pays ciblés par l’agence paieront plus cher en intérêts des capitaux qu’ils empruntent. Car on emprunte toujours et à tout va, tant et tellement que les remboursements anticipés qui allaient sauver la zone euro sont remis aux calendes grecques, la comparaison étant en tout point parfaite.
Pas que le social qui coûte les yeux de la tête et dont les sommes ne seront jamais autant nécessaires pour contrer la misère, c’est l’organisation même de l’Etat qui est un gouffre. Nous entretenons l’ensemble des élus et des hauts cadres de l’administration de l’Etat comme une Ferrari, alors que nous n’avons que les moyens de rouler à vélo ! Et si en plus on considère les institutions qui font doublons, les provinces et les tralalas régionaux, voilà un sacré paquet d’argent inutile.
J-C. Juncker aura beau jurer ses grands dieux que les fondamentaux sont sains, si ce gros doigts de l’Agence vaut quelques millions d’euros d’intérêt en plus à nos créanciers, il faudra bien débourser !
Le grand guignol ne fait que commencer.
Comme je l’ai écrit hier : la dette ! Quelle dette ?
Comment se débarrasser des vampires de la finance, sans nous débarrasser des nôtres ?
Il faudra commencer à y réfléchir sérieusement.

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