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To have one’s money’s worth.

Que sait-on de la cuisine électorale américaine qui fait les présidents, tantôt un démocrate, tantôt un républicain ? Sinon, que la première sélection, très loin avant le mérite personnel, est celle de l’argent.
Obama – pour ceux qui ne s’en souviennent pas – a été financé quasiment au double de sa rivale Clinton de son camp, et l’a surclassée par la nouveauté de son apparence et de sa faconde, à la convention démocrate. C’était il y a quatre ans.
Aujourd’hui, c’est Mitt Romney, le prétendant républicain, qui va sans doute dépasser de loin le budget d’Obama pour la campagne 2012 à l’élection présidentielle.
Mitt Romney fait du cash en achetant et en vendant des entreprises, c’est le Bernard Tapie américain.
Si Obama est battu, il retournera à Philadelphie faire du business d’avocat d’affaires. Si c’est Romney, c’est Salt Lake City, où entre deux liquidations d’entreprises, il pourra toujours faire évêque mormon et prêcher l’altruisme.
C’est la loi du genre. En Amérique, on ne sort pas de la question majeure « combien valez-vous ? ».
C’est à cette aune que l’on mesure la fragilité d’un système dit démocratique, en ce sens que ce sont les fauchés qui départagent les riches à la conquête du « Power », ce plus stimulating des riches en quête d’autres sensations que celles que procurent l’argent.
On ne sort pas de ce domaine, dans un pays où tout se traduit en « money cash in hand ».
A y regarder de près, la déchéance en Europe vient aussi du regard que nous portons sur les Etats-Unis. Nous avons envie de leur ressembler.
Que les américanolâtres se rassurent, c’est fait !
Le culte de l’argent, l’art de parvenir à faire du fric, nous tient lieu de morale comme eux.
Alors, pourquoi les Américains n'aiment guère Mitt Romney ?
Un sondage Gallup montre que 81% des Américains trouvent Obama sympathique, alors que seulement 64% pensent la même chose de Romney.
A Tampa, en Floride, à la convention républicaine, on planche sur le sujet : comment, Mitt Romney peut-il battre Barak Obama ?
Imaginez que Mitt Romney, comparé au bucheron de fer-blanc sans cœur du Magicien d'Oz, ressort de cette convention chéri par des foules enthousiastes autres que celles hurlantes d’amour à Tampa ! Cela n’est possible que par l’argent.
On voit déjà les effets d’une pluie de dollars en annonces et publicités inondant l’Amérique : voilà l’Américain moyen tombant dans le camp Romney, et nous avec, par ricochet, spectateurs indirects du show.
Convaincre les électeurs que, Mitt Romney, tel qu'il est, est celui dont l'Amérique a besoin, paraît du coup une tâche moins insurmontable, aidé par la conjoncture économique catastrophique et les faiblesses d’Obama qui sont apparues au grand jour à l’occasion de la crise, "nice guy, bad president".
En Amérique, on n’explique jamais rien sur le fond. Tout est en surface. Ce qui est visible, intuitif, le faux passe pour le vrai ! Ce qui compte, c’est ce le citoyen voit et ce qu’il comprend… comme en Europe, en somme, c’est-à-dire pas grand-chose. Et c’est sur ce pas grand-chose, que tout se décide.

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Qu’on se le dise, si le candidat républicain est élu, des solutions radicales, voire douloureuses vont pleuvoir sur le dos des has been, mais l’Américain aime ça. Il veut croire au redressement par l’effort personnel. C’est un message qui plaît à tout le monde et surtout à ceux qui ont réussi et qui se fichent de lâcher du cash chez le dentiste ou à la maison de retraite, grâce aux efforts que les autres ont surtout consenti, pour qu’il devienne riche.
L’Américain est comme ça, on lui a tant de fois martelé qu’il était de la race des pionniers, et que plus il y a un pouvoir d’Etat, plus on vit mal. Il a fini par le croire.
Il loge, en général, dans deux pièces. Son environnement est vétuste et pollué, mais, dans sa tête, il est sur un chariot tiré par deux mules sur les grandes plaines de l’Ouest américain.
Ce n’est pas demain qu’on va le changer.
Et dire qu’on a cru longtemps en Europe, que l’Amérique, c’était le « triangle d'or » de Los Angeles : Beverly hills. Bel Air et Holmby hills ! Ah ! ces feuilletons importés qui nous mettent l’esprit en stand-by, que d’impostures !

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