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Qui dit que ça va mal ?

Une insurrection dans un pays sous la coupe d’un dictateur perd beaucoup de ses capacités de le renverser quand l’opinion internationale se clive en deux camps opposés.
C’est le cas en Syrie.
Le président Assad, fermement soutenu par Moscou, Pékin et Téhéran, contre les pays occidentaux qui instrumentalisent les rebelles, voilà bien un schéma qui reprend, en gros, les antagonistes de la guerre froide du temps de Reagan et de Thatcher.
Au-delà du problème interne, la confrontation internationale ne se préoccupe plus du pays lui-même, à feu et à sang, mais d’une diplomatie dépassant le cadre régional pour se mondialiser où il est plus important de marquer des points que d’abréger les souffrances d’un peuple.
Même armés en sous-main par les Occidentaux dont la tête de pont est l’Arabie saoudite, les rebelles devraient finalement perdre la guerre civile, sauf retournement des alliances en dernière instance, devant une armée régulière bien équipée et une aviation libre de détruire les positions adverses sans rencontrer d’opposition dans le ciel.
Si Bachar el-Assad n’est pas encore venu à bout de la résistance de son opposition, c’est qu’il est très difficile en Syrie avec de grandes villes et une population dense dans des banlieues étendues, de vaincre l’adversaire, quand on sait que chaque maison peut se transformer en bunker. La Syrie n’est pas comparable à l’Irak. Les villes y sont modernes, nombreuses, complexes et les rebelles y sont comme des poissons dans l’eau.
C’est une leçon pour les conflits futurs : une insurrection qui prend appui sur les populations des villes très développées est difficile à vaincre. Ce n’était pas le cas de l’Irak, pays dont seule la capitale pouvait se targuer d’être une ville moderne, avec des faubourgs faisant reculer le désert, mais où la population – fort heureusement - n’a pas suivi l’armée de Saddam Hussein, face aux troupes américaines, trop heureuse de se débarrasser du tyran.
La population paraît plus divisée en Syrie et ne s’est pas toute rangée derrière les rebelles. Le tyran compte encore beaucoup de partisans. Clan, clientélisme, ethnie, religion, tous ces facteurs rendent la situation complexe.
Moscou estime qu'il serait illusoire de penser que le régime de Bachar cesserait le feu, après que Ban Ki-moon ait estimé que la responsabilité principale des violences était du côté du régime de Damas.
Le nouvel émissaire pour la Syrie Lakhdar Brahimi, a pris ses fonctions au siège de l'ONU à New York. Il va tenter de mettre fin au conflit. Après l'échec de son prédécesseur Kofi Annan, personne ne croit qu’il a une chance d’y parvenir.

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En Europe, à part les effets de manchette, rien - même pas une couverture aérienne empêchant les avions de Bachar de bombarder des civils - ne sera tenté.
Ce conflit en même temps que celui qui menace en Iran, dont Israël redoute qu’il ne devienne une puissance nucléaire, tombe au plus mal en Europe exsangue et sans perspective de sortir de la crise, et ce d’autant que la plupart des pays européens, comme la France et la Belgique, vont prendre des mesures impopulaires d’ici la fin de l’année pour réduire les déficits.
Le 1,2 million de déplacés en Syrie et près de 229.000 réfugiés dans les pays voisins (Turquie, Jordanie, Liban et Irak) vont accentuer l’immigration du Sud, vers le Nord, cela sur fond de crise et avec une Amérique qui ne s’intéresse plus qu’aux élections d’octobre. On se demande quelle sera la situation fin d’année et dans quelle mesure nous ne serons pas impliqués dans de nouveaux développements des conflits larvés qui règnent partout... sauf en Europe !
Je relève que de la manière avec laquelle nos télévisons et radios nous informent (aujourd’hui, il n’y avait que pour la rentrée scolaire, le foot et rien sur Martin, momentanément), on pourrait se retrouver au milieu d’un conflit que la plupart des gens ne comprendraient pas, mieux qu’ils regarderaient avec surprise !
Et on dit que le Belge francophone est comme les Français : d’un grand pessimisme ! Alors que le prix des crayons et des fardes semblaient être le seul sujet de la rentrée…

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