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Simonet et Marcourt recalés.

Hallucinant ! Devant les causes multiples d’un désastre venu directement du mode de vie de la société de consommation, la ministre Simonet envisage de faire porter le chapeau aux enseignants. Elle souhaite allonger la durée des études de ceux-ci !
Ce qui pose immédiatement la question de base qui tient à la différence de traitement qui existe entre un agrégé et un normalien. Serait-il normal de payer moins un enseignant du cycle inférieur qui aurait passé une année de plus aux études qu’un universitaire ? La ministre estime à 500 millions le coût supplémentaire de cette nouveauté. Du coup, la CGSP enseignement salive et entend bien monnayer à fond ces deux années de colle, sans imaginer autre chose que le pognon sur salaire, mettant pour rien les deux ans de perdu quand on a vingt ou vint et un an et qu’on doit glander deux ans de plus pour gagner sa vie ! Cinq cents millions à un moment où on fait les fonds de tiroir, où l’Esneutoise vat-elle aller les chercher ?
Deux ans de plus pourquoi faire ? On ne peut pas expliquer « la situation nouvelle » dans les trois années précédentes ? On doit caser des spécialistes, des psys, des mentors chevronnés ? C’est à des vieux de la vieille, cassés et détruits eux-mêmes par un métier ingrat, à qui on va demander d’insuffler de l’enthousiasme et de la diplomatie dans des situations où eux-mêmes se sont trouvés désarmés ! On se fout de qui ?
Madame Simonet a tant fait pour écœurer les vocations, en changeant sans cesse les programmes et les définitions, qu’il y a déjà une pénurie d’enseignants à tous les niveaux. En imaginant cette prolongation, a-t-elle bien mesuré le coût supplémentaire pour l’étudiant, la perte de deux années de salaire, et le vide que cette mesure, si elle était appliquée, ferait dans le recrutement ?
Si l’école est devenue un foutoir, son attitude y a largement contribué.
Plus importante est la question de savoir ce que Simonet et Marcourt comptent faire pour lutter contre la montée de la violence en classe, en parallèle avec la précarité et la pauvreté des familles ?
Il n’y a qu’à voir l’état de l’école en France pour faire un rapprochement entre la société qui va mal et les parents qui dévissent. Si en plus on décourage ceux qui tentent malgré tout de faire leur métier, le malaise tourne au désastre.
Simonet ne connaît rien à l’enseignement et à ses problèmes actuels. Elle n’a jamais mis les pieds dans une école réputée difficile avant d’être parachutée au gouvernement. Elle est incapable de tirer les leçons, que n’importe quel enseignant tirerait.
Au PS, cette fois, le ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt y est allé aussi de son petit trémolo, question d’équilibre électoral. Il déposera une note fin septembre pour traiter du même sujet. Inutile de dire que ce cuistre est ravi de la « moderne attitude » de Simonet !
Dans le délabrement actuel, rongé par les nominations de chefs d’établissement d’après l’examen des Loges, et les pistons des partis (A Liège, les chefs d’établissement de l’école officielle de la Ville sont tous socialistes) l’enseignement est dans un piteux état. L’école est à l’image du plouc sur l’estrade qui casse une craie en deux pour en donner une moitié à un collègue qui en est dépourvu.
Une initiative qui ne coûterait pas cher, serait de rendre de la dignité au métier d’enseignant par un double respect, celui d’abord de la hiérarchie qui a tendance à se défouler de ses échecs sur les subalternes et en remettant à leur place les beaufs de la faune parentale qui se foutent de leurs bambins, sauf le jour où ils vont à la castagne avec l’enseignant.

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Une des plaies administratives actuelles est le quota qui détermine l’emploi dans les établissements. On en arrive à chouchouter les petits sagouins dont la vraie place est dans un centre éducatif fermé. L’enseignant vit aujourd’hui dans la terreur d’être accusé par un de ces petits monstres de violence ou, pire, d’attouchements.
Dans le fond, quand on examine le projet, c’est presque faire de l’enseignant débutant par les stages et les remplacements, un employé intérimaire, mal payé et mal protégé par les lois du travail.
Selon la CGSP, l’enseignant se tire du job, en moyenne après huit ans. Ce n’est pas à cause de son impréparation à gérer les conflits quand même, après huit ans ! C’est parce qu’il a compris que ce métier est devenu la pire galère, et qu’il est pris entre deux feux : la hiérarchie et les parents.
Quant à la « belle vie des vacances » c’est une légende diffusée par les Autorités dans l’intention de nuire. Il fait, au contraire, un nombre incroyable d’heures supplémentaires (1) non payées.
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1. Certaines disciplines sont particulièrement éprouvantes. Notamment celles qui nécessitent des formations d’actualisation, des travaux d’élèves à corriger et des programmes à adapter selon les niveaux.

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