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Croire et accroître.

Ah ! la croissance, qu’on la brandisse comme le remède miracle ou comme les soubresauts d’une bête à l’agonie qui soulèverait le thorax de 0,5, alors qu’on espérait 0,8, c’est toujours la même chose : produire pour plus d’emplois et les rentrées fiscales dans les caisses de l’Etat.
C’est-à-dire sans que cette croissance ait un sens lié à la production des choses nécessaires et à la vie de tous les jours des citoyens ; mais regarde plutôt ce qui est exportable, dans une concurrence mondiale dans laquelle tout le monde fait à peu près la même chose.
Cette croissance pour la croissance est sous le contrôle des économistes. Ils ne quittent pas du coin de l’œil leurs ordinateurs qui suivent les courbes descendantes ou ascendantes, Tous bien éloignés des ateliers et sans rien savoir de la condition ouvrière.
Pendant ce temps, des grands patrons jouent au Monopoly avec leurs usines et les ouvriers qui sont dedans, puis dehors suivant les humeurs, comme Lakshmi Mittal, le Bernard Tapie indien. Il rachète tout, promet tout ce qu’on veut, pour n’en faire qu’à sa tête et fermer où il veut. Lui aussi joue avec les chiffres et les abstractions, alors que dans le concret, une fermeture d’usine, ce sont parfois des milliers de familles qui perdent tout, de même qu’une croissance dans certains cas, c’est surtout augmenter la productivité avec moins de personnel.
Dans ces conditions, la croissance ne profite pas à tous de la même manière. De même, tout le monde ne se serre pas la ceinture quand il y a récession. Sans retourner aux tableaux et aux graphiques, sans être trader ou économiste, la croissance profite à une certaine catégorie d’individus. Ce sont les mêmes qui sortent indemne de la récession.
Autrement dit, une des constances du système économique donne aux uns de fortes chances de progrès et aux autres, de fortes probabilités de n’arriver à rien.
La connaissance des codes et l’insertion dans le trafic, ne changent pas la donne. C’est inutile de vouloir inverser le cours des choses. C’est comme si ceux qui gagnent à tous les coups venaient d’une autre planète et parlaient une autre langue. Rien ne les démonte, parce qu’ils n’entendent pas les bruits et les rumeurs protégés par un triple vitrage qu’ils peuvent franchir facilement et aller de part et d’autre part, tandis que pour les autres, c’est une barrière.

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Du mauvais côté, on gesticule, on crie, du bon côté, tout reste calme et même des journalistes comme Maroy et Demoulin n’entendent pas.
La division en plusieurs degrés de compétence n’est même pas le signal d’une réussite possible. Les paliers supérieurs ne sont plus à l’abri d’une réorganisation à la suite d’une lubie ou d’un calcul.
De toute façon, on a raconté n’importe quoi à la jeunesse pour qu’elle ait « foi en l’avenir », étant entendu que l’avenir tel qu’on le lui avait vendu n’était qu’un mythe qui se dégonfle avec le temps qui passe.
Les cathédrales gothiques ont été élevées par des gens qui n’avaient aucun diplôme. Il n’est pas sûr aujourd’hui qu’une équipe de niveau supérieur soit capable d’en faire autant.
L’abandon de la religion de la croissance ficherait évidemment tout le système par terre, essentiellement basé sur la progression des gains, la sanction étant la perte de profit.
Le produit intérieur brut (PIB) comme indicateur des performances économiques et du progrès social pourrait ne signifier rien d’autre qu’une production à la chaîne et dans de mauvaises conditions d’un outil aliénant davantage l’homme sans aucun profit pour lui. Il n’est pas certain que l’indicateur soit sensibilisé à cette aliénation et donc ne le signale pas.
Il y a longtemps que la pertinence du PIB est remise en question par les économistes. En l’état, le PIB poursuit sa carrière, parce qu’il est hégémonique.
Robert Kennedy, le frère de John le prétendait déjà dans les années 60 : « Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (...) En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. »
Pour notre malheur, dès le rideau de la comédie des élections du 14 retombé, Di Rupo va ressortir ses âneries sur la dette, la croissance, la bonne tenue du PIB, etc.
Sauf, si la N-VA rebat les cartes et que le PS retourne à l’opposition, alors on reverrait le même Di Rupo dire le contraire avec autant de certitude et de fermeté de ton.
Le comble, c’est le même public qui le soutenait au pouvoir qui l’applaudira dans l’opposition.
C’est ça la constance en démocratie !

Commentaires

Ah que oui.."c'est le même public qui l'applaudira dans l'opposition...

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