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Ô chimère d’avocats !

Croire en la toute puissance du peuple par le simple fait de voter est ce que l’on peut appeler le dernier must d’un suffrage universel qui, depuis longtemps, a été vidé de tout sens.
On le voit bien partout en Europe. L’inadéquation entre les élus et le reste de la population n’a jamais été aussi manifeste.
Pour nous, ce qui compte, c’est d’abord la Belgique, petit pays, sans grand relief et sans grande ambition. Que ce petit pays soit mal ou bien diriger, un premier constat frappe l’esprit : à peu de choses près, des communales au fédérales, les élections finissent toujours par coaliser les mêmes partis pour des programmes qu’ils soient du centre gauche ou du centre droit à peu près identiques. Le dosage est sans influence sur le résultat. Un peu plus de socialistes ou un peu plus de libéraux n’a jamais permis des virages spectaculaires.
Deuxième constante : ce pays est dirigé au nom du peuple, mais sans lui.
Les pouvoirs redoutent tant le peuple et ses sautes d’humeur imprévisible, qu’ils abhorrent le référendum, au point que les abandons successifs de souveraineté en faveur de l’Europe n’ont jamais été l’enjeu d’aucun référendum.
Quand on n’est plus le maître absolu dans certaines circonstances qui concernent tout de même la vie de tous les jours des citoyens, le moins serait qu’on demande leur avis.
Les dirigeants n’ignorent pas que l’Europe qui se met en place serait celle de l’économie et des affaires, plutôt que sociale. Ils connaissent à l’avance le résultat d’un référendum sur certaines questions, comme la libre circulation des travailleurs ou l’ouverture au privé des entreprises publiques. Aussi, s’en passent-ils au nom d’une efficacité qui serait à démontrer, mais surtout parce qu’ils nient une volonté populaire opposée à la leur, entrant ainsi en conflit avec ce qu’ils pensent dans l’absolu de la souveraineté du peuple.
Jusqu’à présent, le pouvoir a réussi d’écarter la possibilité de faire une autre Europe, comme ils ont écarté de faire en Belgique une autre politique que celle de la fatalité d’un pays « obligé » de suivre les grands.
C’est une tromperie, car les peuples des grands pays pensent la même chose que le nôtre. Les phénomènes d’étouffement que nous constatons en Belgique, sont les mêmes chez nos voisins. Ce n’est pas pour rien que Hollande a la cote de popularité la plus basse de toute l’histoire de la Vme République à peine plus d’un trimestre de gouvernance ; que la pauvreté s’accroît en Allemagne où selon des statistiques récentes, ceux qui ont encore un travail tentent d’en trouver un deuxième, le premier n’étant plus suffisant.
Le drame, que ce soit pour les Communales ou pour les Fédérales, il est impossible pour l’électeur de se démarquer des partis dits traditionnels dont les programmes n’offrent que des possibilités minimes de changement entre eux.

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Voter pour des petits partis dont on sait qu’ils ne regrouperont jamais assez d’électeurs pour entrer dans une coalition peut marquer la défiance de l’électeur à leur égard. Mais, cela ne va plus loin. Seule la N-VA a réussi ce tour de force en Flandre. Pourquoi ? Parce qu’elle est soutenue par une opinion fortement droitière et nationaliste en Flandre généralisée dans les campagnes comme dans les villes, qui ne trouvait plus son exutoire dans les partis dits traditionnels.
Pour trouver son pendant en Wallonie – puisqu’on dit que la Région est à gauche – il aurait fallu un parti à la gauche du PS, rassemblant toutes les autres gauches et siphonnant carrément dans les militants du PS, suffisamment de monde pour en faire émerger des cadres du type Mélanchon. Sans enjeu nationaliste, puisque les socialistes ont tué le Mouvement Populaire Wallon qui aurait pu faire office de rassembleur, aucun parti à gauche du PS ne peut fédérer les mécontents.
Il est vrai que tout nationalisme est suspect à l’avance d’une dérive raciste.
Di Rupo peut dormir sur ses deux oreilles, ce n’est pas le cas. La Wallonie est condamnée à rester scotchée à lui. C’est encore l’attrape-mouches idéal en Wallonie. La mort coup sur coup de « Papa », et celle de « Dieu », les Wallons, socialistes avant tout, auront concentré leur trop plein d’amour sur Elio.
C’est même à se poser la question de savoir si la Wallonie est vraiment à gauche ? Elle s’oriente différemment de la Flandre sous le poids des mêmes circonstances et des mêmes exploitations, mais les discours que l’on entend au PS et ses alliés ne peuvent être qualifiés de révolutionnaires. Ce n’est pas du Proudhon, c’est du Prudhomme !
L’autre gauche a des discours d’appropriation des richesses par expropriation des riches, sans qu’il y ait parallèlement la mise en place de structures collectives dans les faits. Il faut bien dire que cette gauche-là manque sérieusement de penseurs et d’économistes.
Autrement dit, il y aurait un transfert de fonds et on verrait émerger une nouvelle classe de riches succédant à l’autre. On ne peut pas remplacer l’inégalité de fait qui existe entre les citoyens, par une autre inégalité en restant dans les mêmes principes d’organisation et appeler cela un changement de régime.
Que mon patron s’appelle Paul Frère ou La Nouvelle-Gauche, ce sera toujours mon patron.
Il n’y a malheureusement qu’un grand bouleversement économique qui puisse modifier la donne politique. Tant que nos dirigeants maintiennent vaille que vaille le système à flot par de longs dépérissements des structures sociales sans trop de nids de poule, le peuple ne se déterminera pas à faire de la démocratie directe, ce que le pouvoir appelle le populisme en faisant dans son froc en le disant.
La question est de savoir si le système capitaliste tiendra encore le coup longtemps avec la surpopulation du monde et l’épuisement des richesses naturelles ? Grave question qui ne peut se résoudre que par deux alternatives : des guerres sanglantes ou une remise en question du système. La deuxième alternative paraît peu probable, pour qu’elle soit efficace, les peuples devraient s’entendre tous et en même temps.
Alors, les élections communales dans tout ça ?
Bah !... une consultation ne fait pas la démocratie. On peut s’amuser à démêler parmi tous les votes inutiles ceux qui le seraient moins, histoire de se raccrocher à une démocratie de façade à laquelle on croit de moins en moins.

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