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La loi du couvre-feu.

La fin de la sidérurgie à Liège est exemplaire d’une dérive du système économique qui, avec la mondialisation, a permis à des appétits financiers sans retenue de s’affirmer et de pervertir un peu plus ce qui l’était déjà passablement.
Sur le temps que tout le personnel belge de pouvoir s’esbaudissait des accords historiques d’Arcelor et de Mittal, faisant de la compagnie indienne une des trois principales entreprises de la transformation des minerais de fer au monde, des esprits, qualifiés de chagrins, ne joignaient pas leurs bravos à MM. Di Rupo, Demotte et Marcourt.
Pourquoi les économistes peu sensibles au chant des sirènes ont-ils été systématiquement écartés des débats par les autorités et les syndicats ?
Parce qu’ils mettaient en cause les fondements du système capitaliste et – encore aujourd’hui – il n’est pas bon de le faire, sinon d’accepter d’être désigné quasiment de terroriste social.
Voilà pourquoi, l’Europe pusillanime a rejoint l’Europe des grands groupes et intérêts financiers dans une sorte de consensus, honteux pour les politiques et extrêmement lucratif pour les autres.
On sait comment et par quelle manœuvre Mittal a fait main basse sur Arcelor, groupe européen basé essentiellement en France. Le groupe Mittal, endetté jusqu’au cou n’avait pas d’autre alternative que de grossir davantage, et les banques d’autre moyen que lui prêter davantage, si elles voulaient un jour rentrer dans leur argent.
C’est l’histoire d’un groupe endetté qui vampirise un groupe sain.
Ce qui ne va pas depuis ce rachat, c’est de ne pas avoir estimé à sa juste proportion le danger de confier une production essentielle à un groupe étranger peu fiable et dont les intentions étaient plus de se refaire une santé et puis d’éliminer un concurrent, que de poursuivre la carrière d’Usinor-Arcelor en France et en Belgique.
Tout cela a été écrit et publié au moment de la fusion et était donc bien dans les mains des responsables politiques qui pouvaient très bien interdire la fusion dans le cadre d’une défense nationale d’une communauté, pouvant se trouver privée d’une industrie stratégique. L’argument selon lequel Mittal allait se trouver dans une situation régionale de monopole n’est pas tout à fait faux non plus.
La foi dans le système mondialisé a été supérieure et la connaissance des dangers de cette fusion n’a pas prévalu.
Le malheur, c’est que ce sont les mêmes qui se sont trompés lourdement sur Mittal, qui sont aujourd’hui aux commandes pour contrer ses façons brutales de propriétaire.
Alors, au moins qu’il soit permis de désigner MM. Di Rupo, Demotte et Marcourt comme des gens fort incapables de sortir la métallurgie liégeoise du gouffre dans lequel ils ont contribué à l’y fourrer.

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Le constat est amer. A l’étendre à l’ensemble de l’économie, il est plus amer encore.
La démocratie est devenue le symbole même de l’expression politique de l’économie capitaliste. Autrement dit, une action éthique des citoyens regroupés autour d’une idée éminemment généreuse d’égalité entre les hommes est le vecteur d’un système économique malhonnête fondé sur l’égoïsme et l’accaparement des biens, renouant même dans ses composantes manufacturières, avec une nouvelle forme d’esclavage.
Une question embarrassante quand on la pose. Aussi ne la pose-t-on pas.
Comment dire ? Mittal n’est que le résultat logique d’un ordre établi par l’argent. Toucher à Mittal, c’est déranger l’ordre établi par l’argent. C’est bouleverser ce pourquoi la social-démocratie a sa raison d’être. C’est changer la donne dans une situation où elle est favorable à une puissance que nul ne conteste : l’argent !
Les guerres mêmes que nous menons au nom de la démocratie, même si elles sont justes et libèrent les peuples d’une certaine forme d’asservissement, comme en Libye, hier, et au Mali aujourd’hui, elles véhiculent avec la démocratie, le pouvoir de l’argent qui aussitôt reprend une grande partie de la liberté que les peuples libérés viennent à peine de recouvrer.
Voilà pourquoi, le combat contre Mittal, qui dépasse la survie du bassin liégeois, est perdu à l’avance. Nous n’avons pas des hommes politiques au pouvoir capables d’affronter le pouvoir de l’argent, puisqu’ils sont, dans ce domaine, des créatures façonnées par lui, et d’une certaine manière, à son service.

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