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Débats à la con…

-Ta gueule.
-Ta gueule aussi.
-T’es un gros con.
-Pareil…
Puis suit le vocabulaire habituel : nègre, Juif, pourriture d’Arabe, sale blanc, avec le point d’orgue final : Retourne dans ton pays.
En voulant éviter les débordements crapuleux de ce vocabulaire fleuri, on fait pire aujourd’hui : on l’interdit ! C’est-à-dire qu’on sauve les pires minables crétins de pouvoir être jugés comme tels, en les plongeant dans l’anonymat de précaution. On décerne à leur imbécillité un brevet d’intelligence par le doute !
Des débats des 2 chaînes belges sur la liberté d’expressions, il ressort que notre époque si admirable, si permissive au point que j’ai entendu qu’en Belgique nous étions dans un pays où l’on peut tout dire, est tombée bien en-dessous des libertés orales et écrites que l’on pouvait entendre sous la IIIme République française.
Je ne dis pas que l’époque était plus heureuse, ni même que le régime était plus tolérant que celui sous lequel nous ramons aujourd’hui, je veux dire que des écrits, des faits qui s’y sont déroulés, des manifestations populaires dont on conserve la mémoire, il ressort qu’il y avait incomparablement plus de liberté d’expressions que de nos jours. L’invective y était un art pratiqué sans ménagement, l’époque était plus rude, mais moins hypocrite.
La plupart des polémistes du temps, presque tout ce qu’ils ont écrit, les propos de tribune qui sont parvenus jusqu’à nous seraient frappés sous nos lois de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie. La lutte des classes enrichissait encore de son vocabulaire la polémique. Cependant, on ne se prenait pas à la gorge pour un mot trop vif.
La gauche était moins bégueule. Jean-Claude Defossé et Philippe Moureaux n’auraient pas fait le poids… C’était quand même l’époque où la gauche avait des couilles et des mots pour le dire. D’un camp à l’autre on se traitait de salauds, mais c’était un franc-parler. On se haïssait sans avoir peur de le dire !
Les écrivains du temps verraient leurs œuvres interdites, sinon boycottées de ce point de vue. De Flaubert à Zola, de Séverine à Rochefort, on avait le verbe haut et l’insulte forte.
A force de vouloir empêcher l’expression – surtout populaire – d’avoir libre cours, on ne sait plus de nos jours l’usage qui est fait de la parole, ailleurs que dans les milieux sophistiqués officiels, presses et tous médias confondus. Les moulins à paroles des licenciés de la communication tournent à l’eau de rose.

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Pratiquement, la crise ne se discute plus que dans les banques et les clubs. Puisqu’on a fermé le clapet des plus glapissants, il reste la bouche en cul de poule des voyous du Régime.
On a tellement la trouille d’être mal vus de nos anciens colonisés et ceux des pays d’à côté, qui passent par l’opinion pour nous coloniser qu’on ferme toute discussion donnant raison par ricochet au nationalisme le plus étriqué, à la haine des autres la plus imbécile qui soit, tout ça par peur des mots ! On invente un pluriculturalisme dont le principe est de mettre au niveau zéro la culture française.
Pire, le peuple qui a compris dissimule sa pensée et de ce point de vue subit une grande frustration de ne pouvoir plus s’exprimer comme il l’entend. Cela conduit à ce que l’on ne sache plus qui est qui ? Et par effet du boomerang, tous ces gens brimés s’en vont voter à l’extrême droite, croyant naïvement que ce que la démocratie leur refuse, des partisans d’un régime fort le leur permettront !
Qui ne voit que les procès intentés au moindre propos suspect par les ligues, les Fondations, les Clubs, exercent une certaine forme de dictature sur la Société et loin d’aider à plus de démocratie, la condamne par asphyxie ?
On craindrait en haut lieu, par expansion de l’insulte à tout un peuple, à toute une religion qu’une instigation maladroite n’incite à la haine collective, et que diffusée par l’amplificateur des médias, toute une population devienne raciste au point de rejeter tout ce qui est étranger. Sur le couplet, par peur du salafisme, on en remet une couche à chaque attentat. Bien sûr qu’assimiler un peuple à ses violents est une connerie. Si nous avons nos cons, ils ont aussi les leurs. Sachons en convenir, en distinguant toutefois les gens qui sont venus d'ailleurs comme a priori respectables, mais pas plus que nos imbéciles heureux qui sont d’ici, avant d’être nés quelque part.
Du fait de l’interdiction, le mal est plus grand encore. Il rampe, il se cache, et il se renforce sous le boisseau.
D’ici à ce qu’il pète à la gueule de tout le monde, on l’aura bien cherché.

Commentaires

Du grand Marcel-Henri! Ca fait du bien de lire ça :)

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