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Une sonde dans l’espace électoral.

La manie des sondages commence sérieusement à me gonfler.
Par exemple, Sarkozy en a tellement usé que la commission chargée d’examiner les dépenses de sa campagne et de son cabinet de la présidence, étudie le dossier pour une demande d’explication.
Le sondage donne l’opinion générale à un moment déterminé et selon une technique très au point sur la manière de poser les questions.
Mais, c’est une opinion « moyenne », c’est-à-dire regroupant une évaluation centriste qui, dans tous les domaines pour laquelle on la sollicite, ne tient pas compte de l’originalité de la minorité, avec une opinion en-dehors de la norme, de sorte que les extrêmes en sont pratiquement exclus, augmentant ainsi les chances du consensus qui conduit au poncif.
On le voit bien quand on organise un sondage justement sur des extrêmes. Si on posait la question de savoir si l’extrême gauche ou l’extrême droite aurait une chance de remporter les élections, nul ne doute que la réponse serait « non ». C’est ainsi que les sondages se sont lourdement trompés à plusieurs reprises et notamment aux chances d’être élu de feu Hugo Chavez.
Il y a là-dessus un sociologue américain, Thomas, qui en 1929 a élaboré sur les sondages un raisonnement qui a encore toute sa pertinence aujourd’hui.
« Les comportements des individus s'expliquent par la perception de la réalité et non par la réalité elle-même. » « If men define situations as real, they are real in their consequences » Si les hommes définissent des situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences.
La part d’irréalité reste néanmoins forte sur les enjeux dans les sondages. Personne n’imaginerait faire un sondage sur l’issue d’un match de football. Dans ce cas, on pourrait faire à la limite un sondage sur les chances d’un club par rapport à l’autre. Ce que les journalistes sportifs traduisent par « une impression » selon l’opinion générale. Ce qui n’empêchera pas le club gagnant de, peut-être, l’avoir été contre « l’opinion ». Dans le domaine du pari, à moins qu’il ne soit truqué, le sondage ne signifie rien d’autre qu’une probabilité.
Le fait suivant est troublant. Il montre l’influence des sondages sur l’opinion : « …le sociologue Robert K. Merton évoquait la mésaventure de la Last National Bank lorsque son directeur Cartwright Millingville, intrigué par une atmosphère inhabituelle, découvrait que ses clients, alertés par la rumeur de son insolvabilité, venaient retirer leurs avoirs, provoquant ainsi la faillite de la banque. Autrement dit, ce n’était pas l’insolvabilité qui entraînait la faillite mais la rumeur qui créait l’insolvabilité » (Le Monde diplomatique).

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C’est ainsi que l’incompétence, comme l’impossibilité du choix sont monnaies courantes dans les métiers où, cependant, tout le monde attend une opinion motivant une action. Tels sont les métiers de ministre ou d’économiste. Et c’est là que le sondage tient lieu de cap et de stratégie.
Les économistes comme les ministres ont été incapables de prévoir la crise.
Les leviers influençant les mécanismes de croyance son nombreux et bien adaptés aux économistes et aux politiques. On se rappelle la polémique au sujet des agences de notation sur le niveau des taux d’emprunt des Etats.
Autre bidonnage, à l’origine instrument à usage domestique pour orienter les étudiants chinois, le classement des universités de Shanghai a valeur internationale, par un tour de passe-passe qui arrange bien les universités américaines et anglaises. Idem du classement des vins de Bordeaux imaginé pour la foire universelle de… 1855 et servant toujours à déterminer les cours en 2013.
Tous les dirigeants politiques ont recours aux sondages, de là à les manipuler, il n’y a qu’un pas qui peut être franchi de plusieurs manières. En commandant soi-même un sondage et en faisant pression sur le sondeur en qualité de client, soit en usant de questions qui peuvent donner un avantage à l’un ou l’autre camp ; enfin, en donnant aux sondeurs des listes de personnes que l’on souhaiterait être sondées.
Le comble a été le dernier paquet de sondages du Figaro lors des élections perdues de Sarkozy pour un deuxième mandat à la présidence. Le mot d’ordre était « Sarko remonte » ou « Sarko grignote des points à Hollande ». Pour finir avec cet incroyable chant du cygne, une fois Sarko battu : « Il a manqué quinze jours de campagne pour que Sarko l’emporte ».
Tirons l’échelle…

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