« Luc Trullemans et Cie | Accueil | Une arnaque 12 étoiles. »

Du cash comme à Vegas !

L’Allemagne, du haut de sa toute puissance économique, est sur le point de couper l’Europe en deux. Les pays du Sud l’abominent et l’envient à la fois. Ceux du Nord, dont le nôtre, se réduisent à l’état de carpette pour les petits pieds de madame Merkel.
Didier Reynders est à croquer en Chihuahua de compagnie de la chancelière. Il est admirable de sans-gêne dans ses discours libéraux en représentation d’un gouvernement qui est quand même dirigé par un socialiste, même si cela ne se remarque pas trop.
Alors que les Portugais font partie des pays du Sud avec une croissance nulle et une dette exponentielle, le plus illustre d’entre eux, Emmanuel Barroso, joue sa partie d’homme foncièrement de droite et se trouve complètement en-dehors des aspirations des peuples à vanter les bienfaits d’une politique européenne dévastatrice et antisociale.
On a bien vu les clivages sur l’exception européenne en matière de culture, avec un président de la Commission au bord de l’insulte pour la France, parce que celle-ci n’accédait pas au programme de libre échange tout azimut avec les Etats-Unis.
Que veut donc cette droite européenne arrogante et sans complexe, oubliant la crise des banques et l’effarante dérive du capitalisme contemporain ?

1515r.jpg

Mais réaliser son idéal : réduire l’Europe à être la copie conforme des Etats-Unis d’Amérique.
Avec l’Angleterre qui pousse depuis longtemps le pion américain dans son coin, l’Allemagne et les pays du Nord qui s’y croient déjà, tout cela au détriment de leur peuple et de leur propre opinion publique, l’Europe est en train de virer au cauchemar du pauvre et au paradis du riche. C’est du pain béni pour des partis du genre de celui de Marine Le Pen qui n’ont plus qu’à cueillir les fruits d’une politique qu’ils n’ont même plus besoin de construire.
Barroso et les autres aspirent à faire des capitales européennes des succursales de Las Vegas.
Le casino apparaît comme l’allégorie d’un monde où toute communauté et toute solidarité ont disparu. S’est-on assez récrié dès 2008 que l’économie de casino était un scandale et qu’il fallait rapidement mettre le holà à cette dérive des banques et du système ?
Non seulement rien n’a été fait, mais encore aucune leçon n’a été tirée. Si bien que l’horrible en 2008 est devenu l’exemple à suivre aujourd’hui sur la liberté d’entreprendre, de jouer sur les monnaies, les hypothèques, toutes les spéculations surfant sur les limites entre la délinquance et la permissivité des lois. Dans ce délire permanent de l’argent qui rapporte, tout est préférable, plutôt que financer les entreprises et promouvoir la recherche.
Rond-point Schumann, Barroso pourrait jouer les croupiers et s’écrier « Les jeux sont faits » sans qu’en écho nul n’oserait compléter par « rien ne va plus ».
Ainsi peu à peu, le monde impersonnel de l’argent dicte la manière de faire ne laissant que des solitudes antagonistes dans les grandes réussites. Aux entrelacs des holdings, les has-been et les losers son captifs de leur désir, sans vraiment une famille sur qui compter, aucun partenaire, rien… que des adversaires qui spéculent sur le hasard et la probabilité à se faire du pognon dans la haine des autres.
On en est presque venu à la rivalité de deux revendeurs de coke qui se disputent un quartier.
Comme à Las Vegas, les pauvres en Europe n’ont jamais été aussi nombreux, là dans la luxuriance des savanes plastiques et le raffinement des plâtres d’un quattrocento en carton pâte, décors derrière lesquels on peut crever sans être vu dans les déjections et les capotes :
ici sur les trottoirs des grandes villes et dans les files des demandeurs d’emploi, béant aux corneilles, c’est tout un passé qui se détricote.
Assez curieusement, des deux côtés de l’Atlantique, les peuples ne sont pas encore vraiment dégoûtés du système. Les Européens en grand nombre jurent qu’ils en profiteront un jour. C’est comme s’il n’y avait d’autre alternative que l’ultralibéralisme des chefs. Ce qui justifie MM. Reynders et Michel d’exploiter un fonds de commerce «classe moyenne », pendant qu’une nouvelle gauche cherche toujours l’antidote.

Poster un commentaire