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Presse à rois, piège à cons !

Le Soir, toujours à l’affut d’un « scoop » en cette période creuse, a frappé début août un grand coup de son sabre de bois dans l’eau des étangs d’Ixelles.
Il nous révèle une info « décisive » vieille de… 37 ans (La Fayette et sa descendance. Collection "Génies et survivances", d’Arnaud Chaffanjon, 1976), le roi Philippe descend du marquis de La Fayette (par ascendance utérine).
Pour une gazette qui se veut dans l’actualité et à l’écoute du monde, c’est plutôt du réchauffé.
Voilà bien une bonne intention – celle de rehausser le prestige du nouveau monarque – qui confine à de la maladresse. Si le récent nommé chef de la rédaction n’était pas pétri de bonnes intentions loyalistes et monarchistes, on aurait pu croire à de la malveillance d’un N-VA embusqué, d’où La Fayette nous voici !
Comme nous le confirme le bulletin mensuel de la Franc-maçonnerie « A l'occasion de la prestation de serment du roi Philippe, on avait bien entendu fait le lien avec son illustre aïeul, Léopold Ier, reçu Franc-maçon par communication. Ce n'est pas le seul Maçon dans son ascendance! Le roi Philippe descend du marquis de La Fayette. 7 générations le séparent de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette qui fut notamment membre des Loges. »
On se demande jusqu’où la bêtise va conduire un organe de presse qui, bon an mal an, tombe dans les mains de centaines de milliers de personnes.
Quand on fait la découverte du journal sur la Toile et qu’on s’aperçoit qu’après quelques lignes appâtant le lecteur, il faut lire la suite dans le quotidien papier, on en est presque à remercier le journaliste qui en réserve la primeur à ceux qui paient. En effet, j’aurais été capable de lire jusqu’au bout et j’aurais perdu ainsi quelques minutes supplémentaires !
Les entreprenants généalogistes du Soir jouent avec le feu. Ils devraient se méfier d’autres « grands » aïeux. La liste est exhaustive après Arcadie Claret (Bruxelles 30 mai 1826 – Monheim 13 janvier 1897) et qui fut pendant plus de vingt ans la maîtresse du roi Léopold Ier de Belgique, jusqu’à Sibylle de Sélys-Longchamp et de sa célèbre fille qu’elle eut avec Albert II. Non pas que les rois n’aient pas droit, comme les autres, à une vie privée, mais on devrait toujours se méfier d’ouvrir la malle aux souvenirs, dans le but de n’y voir que les belles histoires des vies illustres. Des esprits mal intentionnés pourraient y jeter un œil aussi et y trouver des ancêtres dont il vaut mieux ne pas trop se souvenir et des cousins qu’il entre dans l’intérêt de Philippe et Mathilde, de ne pas fréquenter.

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Quand on ne fait pas de politique, comme Le Soir, la Dernière Heure et La Libre, on devrait être plus adroit dans le choix des sujets, puisque les vrais, les articles de fond qui concernent les gens, on a pris le pli au nom de la neutralité politique de n’en parler jamais, ou alors, sous forme de statistique, ce qui est une manière détournée de faire de la politique et de la plus haïssable qui soit : celle de faire semblant que tout baigne, alors que l’édifice Belgique n’a jamais été aussi branlant dans sa triple conjoncture : sociale, démocratique et monarchique.
Quant à la politique extérieure, celle de l’Europe et celle du monde, c’est comme si nous étions à peu près isolés sur une île du Pacifique que le reste du monde n’aurait pas encore découverte. On a l’impression que les écoutes des grandes oreilles américaines se font dans l’indifférence générale (à l’exception de l’Allemagne qui a pris l’espionnage américain très au sérieux). Les événements du Maghreb, la Syrie, la Palestine, etc. passent après les températures relevées au raz des vagues à Ostende, et que ce qui intéresse dans ces pays (pas si lointains) sont les nouvelles difficultés des vacanciers belges à se faire photographier au pied des pyramides ou de faire de la plage seins nus à Hammamet, devant une nouvelle génération d’intégristes tunisiens.

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