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La casse à la casse (1)

L’information papier ne survit qu’au prix de trois facteurs conjugués :
1. la publicité ;
2. les subsides de l’État ;
3. les suppressions de personnels et notamment sous la forme de regroupement (Sud-Presse) et de l’usage de plus en plus intensif des Agences de presse et des copié/collé empruntés, parfois sans vergogne, à la presse étrangère et même aux blogueurs.
En 2013, la fonction a perdu de son exclusivité. Les blogs et les tweets sont autant de sources d’information et de communication. Leurs auteurs sont libres de toute contrainte éditoriale. Bien sûr, la plus haute fantaisie et l’inexactitude y règnent. Le public, à raison, n’accorde à ces moyens d’expression que peu de crédibilité, bien que les inexactitudes et les à-peu-près, se retrouvent aussi dans la grande presse, avec en plus un parti-pris évident pour une économie libérale et une démocratie sur un modèle bourgeois conventionnel.
Une information de qualité est-elle possible en Belgique ?
Comment faire pour que les citoyens reprennent confiance dans les médias ?
Voilà à quoi on pourrait réfléchir, en-dehors des lignes éditoriales, réduites à trois courants qui correspondent aux trois partis traditionnels, condamnant du même coup les journalistes à ces trois courants se neutralisant et finissant par se ressembler.
La nécessité de repenser la nature et la fonction de l'information en démocratie, s’impose.
L'échange de données grâce aux nouvelles technologies abolit le lieu et le temps. L’information s’accélère en même temps que sa consommation est rapide. Un événement chasse l’autre et il n’y a plus de suivis.
Roland Cayrol relève une citation d’Edgar Morin : « l'erreur, c'est de penser que l'information, c'est de la connaissance. C'est plutôt un fragment de réalité qui nous interroge. Pour qu'elle devienne de la connaissance, l'information doit être intégrée dans un contexte. Elle n'est pertinente que si elle est contextualisée » (avril 2008).
L’abondance d’articles sur la canicule, les précautions à prendre et les antécédents de fortes chaleurs, posent la question de savoir à quoi la presse peut bien servir ? A chaque canicule, d’année en année, on a les mêmes textes produisant peu d’intérêt, avec un air de déjà vu. Plus intéressant – puisqu’on n’avait que cela pour remplir les gazettes - aurait été des analyses plus fines de climatologues. Les températures sont-elles liées aux « suppositions » de réchauffement de la planète ? Quelles sont les perspectives pour les années futures ? L’action de l’homme est-elle un facteur important du réchauffement, quelles mesures préconise-t-on au niveau local et planétaire, ou, au contraire, s’alarme-t-on à tort ? La presse peut-elle jouer un rôle dans la connaissance des éléments du dossier, etc.

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On voit nettement ce que pourrait être la presse et ce qu’elle n’est pas.
« Plus on a d'informations » et « mieux on comprend » ou est-ce le contraire ?
Tout tient dans la qualité de l’information, plutôt que son abondance.
Dans ses premiers âges, l'information servait à éclairer les citoyens et enrichissait le débat démocratique, en donnant le choix à chacun de façonner sa liberté de penser et d'agir.
Jean-Luc Martin Lagardette propose une définition : l'information de presse est la description ou l'explication d'un fait d'actualité, puisé dans le présent ou ayant une signification pour le temps présent. Ce fait d'intérêt général sera recherché au nom du public et de son droit de savoir. Il sera sélectionné et mis en forme par une conscience honnête, libre, formée à la démarche d'objectivité ainsi qu'au respect de la vérité. (Un collectif de recherche)
Comment intégrer cela dans nos moeurs, quand la presse belge enlève peu à peu les moyens d’assurer l’indépendance des personnels au seul profit d’une ligne éditoriale dont les seuls intérêts sont fixés par les éditeurs de journaux et non par la rédaction ; quand certains journalistes « vedettes » sont partagés entre des shows télévisés et la presse écrite ; quand, enfin, les amuseurs publics sont davantage appréciés que des informateurs professionnels ?
La balance ne penche pas en faveur de l'intérêt public.
Qui parle au nom de qui et dans quel but ? Qui donne des informations à qui? Selon quelles procédures? L'objectif et les méthodes sont-ils assumés et transparents? L'indéniable liberté offerte par les nouvelles possibilités d'expression induit-elle naturellement des responsabilités? Comment la démocratie médiatique est-elle dorénavant servie? (2)
C’est parce que la presse belge ne répond pas à ces interrogations, qu’il apparaît nécessaire à ceux qui le peuvent, de dire leur désapprobation envers elle, non pas pour la vouloir plus bas qu’elle n’est, mais pour la relever un jour en la débarrassant des affairistes qui la polluent.
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1. La casse est un tiroir partagé en différents compartiments appelés cassetins dans lesquels les caractères et les signes en plomb attendent d’entrer dans un composteur, grâce à l’habileté d’un typographe.
2. Ces interrogations sont de Nathalie Dollé.

Commentaires

La casse à la casse (2). C'est pour quand?
Vive la duchesse!

J'aime ses pieds noirs.

J'aime ses pieds noirs.

une seule foi suffit

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