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Présumés innocents !

Rien ne doit entamer la confiance de l’électeur, quand il glisse son bulletin de vote dans l’urne. Le politique le sait.
Contre toute espèce de raisons, il est impératif que l’élu ne perde pas la face. En aucun cas, il ne peut avouer, sous peine de perdre la confiance de son public, la moindre erreur.
C’est ainsi que les procès durent longtemps, de recours en recours, jusqu’à preuve du contraire, ils sont présumés innocents.
Chirac n’a été condamné que lorsqu’il s’est retiré de l’arène politique.
Guy Coëme, condamné à l’inéligibilité momentanée, comme Alain Jupé en France, a toujours nié l’évidence, puis quelques nuances plus tard, a laissé courir le bruit que « son erreur » valait sacrifice pour le parti.
Silvio Berlusconi est à la fin d’un cycle d’appel. Dans certains cas, il vaut mieux ne pas mourir trop vieux. Quand deux ou trois échéances procédurales tombent en même temps, c’est dur à supporter. Il faut croire que l’électeur du cavaliere est un combinard comme lui, puisqu’il ne lui tient pas rigueur d’une vie tout entière de fraude et de tricherie.
On se souvient que Guy Coëme a obtenu des compensations matérielles de la perte de sa situation politique. C’était là un aveu implicite du PS, parti reconnaissant à ses délinquants tombés pour « la bonne cause » et la caisse du parti ; mais, c’est une preuve a contrario, de la complicité de tout le bureau du PS.
C’est donc un climat presque toujours détestable lorsqu’un juge inculpe un personnage politique. Comme des aveux et des regrets sont impossibles, les affaires se déroulent dans des affrontements successifs, lorsque le pouvoir ne peut influencer la Justice ou, qu’au contraire, il a barre sur les juges.
Les avatars du procureur Courroye, arrêtant ostensiblement l’affaire Bettencourt à son plus bas niveau possible de développement est l’exemple type d’interférence entre le pouvoir et la justice, rendant celle-ci complice de celui-là.
Les affaires contredisent les beaux discours moraux, malgré le principe de vertu en démocratie qui n’a pas changé depuis Montesquieu.

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L’alternance française du pouvoir met plus souvent en évidence les manquements et les indélicatesses, que le système belge dans lequel tous les partis, ou presque, s’impliquent dans l’aventure gouvernementale. Si bien qu’un changement de gouvernement ne signifie pas un changement de majorité. L’opacité complice des partis de pouvoir freine ou annule tout simplement les manquements délictueux. Les affaires éclosent moins facilement. Les partis de pouvoir finissent par se rendre de petits services au détriment de la recherche de la vérité qui impliquerait « les collègues ».
Le public n’est pas contre l’inculpation d’un homme politique. Mieux, il en éprouve une certaine satisfaction. On ose s’attaquer à un chef, le sentiment d’égalité triomphe.
En sollicitant l’électeur, le politique fait en quelque sorte un contrat avec lui. Tout manquement à ce contrat est une imposture, puisque ce contrat garantissait la ligne politique de l’élu.
Comme en France, la procédure en Belgique est d’une extrême lenteur. Combien de temps aurait duré le procès de DSK s’il avait eu lieu à Paris, au lieu de New-York ?
La durée excessive d’un procès est de nature à rendre l’opinion méfiante. Les conséquences pour la vie politique ne sont pas à prendre avec légèreté. Il est donc capital pour la survie de celui qui y est impliqué d’occuper le terrain en protestant de son innocence et en contestant, par avance, toute décision qui irait la contredire.
Plus les affaires sont à rebondissement et s’étalent sur plusieurs années, plus elles paraissent mystérieuses. L’idéal pour ces corrompus, serait que plus personne y comprenne quelque chose, au bout d’un an ou deux !
Tous les partis politiques belges de pouvoir traînent des casseroles. On pourrait aller jusqu’à prétendre que plus ils en ont, plus leurs leaders ont à cœur de tenir des discours moraux.
Pas que les socialistes à se cacher derrière, les libéraux pourraient en faire des batteries de cuisine complètes. Joëlle Milquet, ces temps-ci, a un cousin encombrant. Ça tombe pendant la période de vacances, et il n’y a que le magazine Marianne Belgique qui en ait parlé.
Une chance pour la ministre-avocate !

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