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A quand l’Europe de gauche ?

Dorénavant la Commission européenne contrôlera les budgets des États membres afin que ceux-ci ne dépassent pas les 3 % de déficits. C’est Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques, qui est chargé de ce délicat exercice.
Si un projet ne respecte pas le Pacte de stabilité, la Commission pourra exiger des changements.
Par cette avancée dans l’intégration européenne, on voit les possibilités qu’aurait l’Europe d’infléchir une politique générale à gauche, si celle-ci n’était pas sous la coupe des partis de droite et assimilés.
Hélas ! il faut renoncer à faire payer les riches dans cette Europe ultralibérale et les correctifs d’Olli Rehn porteront certainement sur des économies que devront supporter les petits et moyens revenus.
Elio Di Rupo s’était réjoui trop vite de l’équilibre du budget de 2014. Il y manque quelques centaines de millions. Combien ? On en a pris cent de plus cette semaine. Le budget n’est pas si présentable que cela à l’Europe et peut-être faudra-t-il les semaines à venir trouver une centaine ou deux de millions en plus ?
Mis à part le choix de toujours faire payer les mêmes, c’est une bonne chose d’avoir un tiers pour contrôler ce que la démocratie interne des pays ne contrôle plus depuis longtemps. Encore une fois, il faut déchanter. Olli Rehn n’a pas un rôle de justicier dans ses recommandations. Ce n’est donc pas lui qui rétablira une justice sociale de plus en plus défaillante en Belgique. Mieux, si par exemple il s’appuie sur les usages des pays voisins, il peut demander un alignement sur ceux-ci. Et c’est là le danger pour les gens modestes en Belgique.
Un Chastel peut, par exemple s’appuyer sur les recommandations de l’Europe, pour proposer des coupures dans la sécurité sociale, les pensions et le chômage. Il l’a déjà fait. Les socialistes ont opiné et les libéraux ont applaudi.
Comme il faut s’attendre à tout, l’Europe pourrait nous demander une réforme des retraites sur le modèle français.
Cette nouvelle emprise de l’Europe sur les États est la conséquence de la « règle d’or » des 3 % de déficits énoncée jadis par Laurent Fabius alors qu’il était ministre des finances (2000 – 2002), jamais remise en question depuis et voulue par Angela Merkel, pour les dix-sept pays ayant une monnaie commune.
Les journaux auront beau parler « d’une intrusion directe de l’Europe dans les affaires nationales » (Huffington Post), les partis de droite boivent cela comme un nectar, puisqu’ils sont majoritaires au parlement européen et que les remarques possibles d’Olli Rehn ne pourront aller que dans leur sens.

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Ce nouveau pas en avant vers l’intégration européenne a rendu furieux les eurosceptiques.
On les comprend un peu puisqu’ils agitent le spectre d’une autorité supranationale mettant en péril leur démocratie. Mais, quand on voit ce qu’elle est devenue, leur démocratie, dans les dix-sept pays de l’Union, on se prend à rêver qu’un jour une vraie gauche se lève et envoie majoritairement à un parlement « au-dessus des autres » d’autres parlementaires pour un formidable coup de pied dans la fourmilière des profits, des prébendes et des concussions.
Que l’on soit contre ou pour l’Europe, tous les réalistes savent que cette usine à gaz que nous avons créée au sortir de la guerre périra d’elle-même ou sortira renforcée des épreuves qu’elle subit.
Qu’on le déplore ou non, une sortie de l’Europe telle qu’elle est ne se ferait pas sans dommages pour le pays qui serait tenté par un coup de force. Marine Le Pen détenant le pouvoir en France n’aurait pas les épaules pour le faire.
Je critique assez souvent l’Europe dans son parcours droitier et capitaliste à mon tour, pour savoir que si l’Europe veut rompre avec la politique de suivisme des USA, il faut qu’une vraie gauche se lève et chasse l’autre, celle qui nous corrompt et nous intègre au libéralisme, et qui plus est : sans demander notre avis !

Commentaires

Faut envoyer cet article à Raoul et Jean Luc ...

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