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Belgique : le mépris des Infirmes

.Évidemment, les partis qui font leur marché dans le vivier des électeurs modestes se trouvent quelque peu embarrassés en défendant le programme Di Rupo de gouvernement, en vue des élections de mai 2014
Les colères médiatiques de Laurette Onkelinx contre les lois sur le chômage et ses vues « sociales » dans la réorganisation des soins de santé ne font pas le poids, parce qu’après les coups de gueule, les lois et règlements passent dans l’indifférence gouvernementale, y compris celle du ministre de la santé.
S’il y a obligation de restreindre le train de vie de l’État et faire contribuer les citoyens au redressement des finances publiques, un évident rapport de force existe entre les groupes sociaux dont le résultat visible consiste à faire payer plus ceux qui ne sont pas en état de se défendre.
Dans une société qui place l’argent au-dessus de la qualification et la qualification au-dessus du mérite, il ne reste plus qu’à la quatrième catégorie de citoyens à souffrir, c’est-à-dire les malades, les vieux, les chômeurs et les hors système ou hors catégorie ; car, ils ne peuvent que subir.
C’est ainsi que les chômeurs sont particulièrement visés par les restrictions et les pénalisations administratives.
C’est une catégorie de citoyens parfaitement méprisée par les partis, devenus tous libéraux, par les classes supérieures et, parmi les classes inférieures, par les imbéciles instruits qui oublient d’où ils viennent, pour s’éblouir de ce qu’ils sont devenus.
Aux chômeurs sont réservés les qualificatifs les plus discriminants, les obligations les plus vexatoires et les rendez-vous de contrôle les plus humiliants qui se puissent être.
Cela pour deux objectifs : celui d’éliminer le plus de chômeurs possible, afin d’améliorer les statistiques du chômage et faire croire que l’économie va mieux, et pour grappiller quelques millions des sommes allouées en indemnités de remplacement. Une troisième raison plus confidentielle, partagée par la droite pure et dure et quelques socialistes, consiste à vouloir pousser au travail les chômeurs « fainéants » en les mettant au pain sec.
Faibles parmi les plus faibles, les syndicats ne les défendent pas en tant qu’individus, mais en personnes juridiques, réclamant le cas échéant par voie du tribunal, un droit d’indemnisation (1). Il a bien existé du temps de Jacques Yerna à la FGTB de Liège une velléité de regrouper les chômeurs dans une association découlant des corporations, en les amalgamant en une sorte de « syndicat » informel. La Fédération liégeoise du Parti socialiste y mit bon ordre, estimant que ce regroupement aurait été trop « révolutionnaire ».
L’avènement du libéralisme pour tous a évidemment rompu la solidarité entre les citoyens des catégories sociales les moins favorisées. La crise a, par contre, soudé les catégories sociales de haut niveau détenant les deux pouvoirs désormais liés, celui de l’argent et celui de la politique.
D’où la solitude du pauvre en Belgique.

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Une récente mesure qui pourrait passer pour odieuse, mais qui semble n’avoir pas trop dérangé Laurette Onkelinx, depuis le 1er novembre 2012, l’ONEM contrôle les personnes souffrant d’une invalidité supérieure à 33 %, jusqu’à 66 %, afin de les radier en masse !
Jusqu’à nouvel ordre les personnes de plus de 66 % d’invalidité restent immunisées sans que des mesures soient prévues (Elles dépendent du SPF Sécurité sociale plutôt que de l’ONEM).
On joue sur les mots, puisqu’un demandeur d’emploi doit pouvoir prouver sa disponibilité sur le marché de l’emploi et qu’un handicap léger, s’il n’est pas un obstacle à la disponibilité est un motif sérieux pour l’employeur de refuser l’embauche. A moins d’être admis dans un atelier de protection sociale, le chômeur dans cette situation de handicap n’a aucune chance de retrouver du travail.
Monica De Coninck (SP.A), ministre de l’Emploi, nous dit imperturbable que « la personne pourra toujours introduire une demande au SPF Sécurité sociale, avec une période de transition au CPAS. Elle ne se retrouvera pas sans rien."
Voilà encore une socialiste au grand cœur.
L’ONEM n’est pas en mesure de préciser si des personnes invalides ont déjà été exclues du chômage. Toutes pudeurs mises à part, il doit déjà y en avoir un paquet.
Comme il n’y a que le Conseil supérieur de la personne handicapée qui tire la sonnette d’alarme, tout va bien pour le CDH, le SP.A et le PS, ça passe au bleu, justement c’est la couleur de Charles Michel.
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1. Certains tribunaux du travail ont résolu le problème. Ils se tiennent dans les étages sans ascenseur, ce qui fait que l’handicapé des jambes ne peut même pas s’y rendre. A Verviers, on ferme des prétoires insalubres au rez-de-chaussée du palais de justice, pour en ouvrir de provisoires au premier étage.

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