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Journée du patrimoine

- Richard, tu fermes la porte, s’il-te-plaît ?
- Tu sais bien Bibiche que c’est pour la grande.
- Et alors ?
-Faut s’asseoir pour ça et qu’assis je ne sais pas la fermer.
-T’as jamais vu des cabinets au milieu du salon !
-C’est ça la campagne, Bibiche. C’est rustique, mais on a des avantages.
-Lesquels ?
-T’as le bon air…
-Dehors ça sent la bouse. Dedans, ça sent la merde.
-Attends que j’aie fini.
-L’autre jour, j’avais une chenille dans mon café…
(Ils se taisent, tandis que Richard déplie la Meuse et se met à la commenter)
-L’autre, là, elle veut qu’on l’appelle majesté !
-Pour sûr, toi qu’es sur le trône, c’est pas demain que je t’en foutrais des majestés.
-Recommence pas. C’est toi qu’as voulu venir à la campagne pour le loyer pas cher et le bon air qu’on a pour rien.
-Ah ! je regrette. Et toi qu’as rien objecté… toi l’objecteur né !...
-Tu savais toi, qu’il était classé le bâtiment ? Non. Une baraque pareille, classée, non mais tu te rends compte ?
-I’ paraît que c’est pour garder le souvenir de comment qu’on vivait il y a deux cents ans. Et nous alors, on doit vivre comme il ya deux cents ans aussi ?
(Richard tourne une page de la Meuse)
-T’as pas bientôt fini ?
(Il lit)
-« Rudy Demotte, le ministre-président wallon, a plaidé pour que «se constitue sans délai le Groupe des partenaires sociaux qui, à l'instar de ce qui se pratique au fédéral avec le groupe des Dix, encadrera et dynamisera un dialogue social favorable au développement socio-économique de la Wallonie», t’as pas idée dans quoi ils vivent ces hotus-là…
-Quand t’auras fini, faudra que t’aille à la pompe, remplir le seau…
-On avait dit que c’était celui d’avant à le faire quand il a fini…
-Oui, j’ai oublié.
-C’est désagréable ça. Ce sera la troisième fois que je passe devant chez Auguste.
-Et alors ?
-Si i’m’dit encore « T’as la chiasse, Riri ? », je lui pète la gueule.
(Il se lève et déchire une page de la Meuse)

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-T’as pas pris celle des mots croisés, hein ?
-Non, c’est la dernière. J’ai pris celle où Mathilde veut qu’on lui dise majesté.
-Tiens, ça lui fera les pieds.
(Il part avec le seau vide pour le remplir. Bibiche prend ce qui reste de la Meuse et se met à la lecture)
- Ah ! la journée du patrimoine et on est sur la liste… Maison de village du XVIIIme siècle, dimanche toute la journée… Mais c’est aujourd’hui, le patrimoine…
(Richard revient le seau à la main)
-Auguste était pas à sa porte… T’as un tas de gens qui monte de Vile-au-Bois. C’est pas pourtant la Sainte Émerence c’te dimanche. Tu vas rire, je crois avoir vu Demotte avec la Mathilde… pardon la majesté Mathilde !...
-T’as juste le temps de te mettre en sarreau et de fumer la pipe sur le banc… Le monde que t’as vu, c’était bien eux ! T’as pas vu mes sabots ?
-T’es malade ?
- Non. C’est dans le contrat de vente. A la journée du patrimoine on doit recevoir en costume d’époque, les écolos et les curieux.
-C’est une blague ?
-T’as même plus le temps de te laver les mains, avec ta manie de te torcher à l’ancienne…
(Par la fenêtre on voit Demotte, aux petits soins, qui s’avance dans la cour avec Mathilde. Ils ont aux pieds des bottes de caoutchouc.)
Demotte – Alors, hum, gloup, hein, votre al… majesté… c’est des rustres… je veux dire c’est rustique…
Mathilde – Ne vous tracassez pas Demotte, j’ai hâte de serrer les mains de ces braves gens.

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