« Né à Pessoux ! | Accueil | Civisme, ramadan et sens des affaires. »

Un Tapie belge ?

Le groupe Tecteo-VOO rachète le groupe L'Avenir. Dans toute sa sécheresse, cette information recèle bien des interrogations dont certaines sont des bombes à retardement.
Le Comité de direction de la rue Louvrex qui a pris cette décision a bien du souci à se faire.
Cette intercommunale se pose en concurrente directe du groupe Rossel dont le fleuron est le journal Le Soir. Est-ce le rôle des Intercommunales de pénétrer l’information dans un secteur réservé jusque là au privé ? Enfin la personnalité de Stéphane Moreau, le nouveau Rastignac du parti socialiste, n’a pas fini de faire des vagues au sein même de son parti.
Cette chronique quotidienne n’a pas vocation d’approfondir les sujets abordés. Nous aurons à connaître comme tout le monde, au fur et à mesure des événements, des rebondissements qui promettent d’être chauds.
On peut lire dans Le Soir l’irritation à peine voilée que ce rachat suscite, tandis que les journaux concernés informent sans commentaire. Silence radio pour le reste.
Derrière ces manœuvres, apparaît Stéphane Moreau, patron de l'intercommunale Tecteo. Ce cadre PS s’est fait connaître du public pour avoir débarqué Papa Daerden de sa commune fétiche, Ans, après avoir attendu son heure en circonvenant le conseil communal, avec une maestria dans l’intrigue hors du commun.
Bon ou mauvais génie, cette personnalité inquiète place sainte-Véronique, siège du PS liégeois. A-t-on jamais vu une appréciation aussi flatteuse d’un patron d’intercommunale, alors que Voo, depuis son lancement en 2007, a accumulé 300 millions d'euros de perte ?
Faut-il rappeler que VOO est la somme des investissements de la Province de Liège et d'une cinquantaine de communes affiliées à Tecteo.
C’est tout le réseau socialiste des communes adhérentes qui serait menacé d’implosion si « les bonnes petites affaires entre nous » venaient à rapporter moins.
Le duo Willy Demeyer-Stéphane Moreau avait déjà été montré du doigt en juin dernier par Frédéric Daerden qui se souvient de ce que l’on a fait à son père. Inquiets aussi Jean-Pascal Labille et Marc Bolland qui voient la répartition des mandats dans les intercommunales liégeoises leur passer sous le nez, alors qu’on sait que le pouvoir de nommer des cadres supérieurs est un incomparable levier déclencheur d’influence au sein du PS.
Les têtes de gondole du parti, les loges concurrentes, l’influence non négligeable des entrepreneurs libéraux en externe, enfin tout ce qui compte pour faire la popote intérieure du parti et qui passe très au-dessus de la tête du militant de base et a fortiori de l’électeur, ont toujours produit une mauvaise image d’un monde fermé, arrogant, antidémocratique en interne et brillant par l’absence de débat en externe. C’est même le seul côté stalinien qui survit de la période rouge du PS local, aujourd’hui une machine à fric bien libérale.
Sa Grâce elle-même, Di Rupo, avait trouvé anormal que les pertes de VOO soient compensées par les activités gaz et électricité.

1kka.jpg

Et voilà que Stéphane Moreau, achète l’Avenir ! Projette une alliance avec La Dernière Heure et la Libre ! Les caïmans ordinaires du papier s’effraient d’une hyperactivité d’un cadre du parti qui spécule avec l’argent des contribuables. Tandis que certains pontes qui pataugent place Sainte-Véronique voient les frontières entre la politique et l'économie se réduire au point de n’y comprendre plus rien… sinon qu’ils ont affaire à un joueur de poker qui convoite le pot avec deux sept.
Cet achat du groupe L’Avenir assisté par des financements privés ne va-t-il pas faire courir le risque d'une privatisation partielle de l'intercommunale ? Comment préserver l'intérêt financier des communes avec une gestion comparable à une société privée ? On voit d’ici la mine défaite du duo Demeyer-Moreau, si d’aventure une société américaine – certes moins grosse que Microsoft absorbant Nokia – s’intéressait aux entreprises de Stéphane Moreau ?
Le bruit cout que Marcourt en personne ne serait pas hostile à une privatisation.
Il ne faut pas oublier que les Intercommunales sont avant tout des entreprises montées avec l’argent public. Que certaines tombent dans le domaine privé, ce sont des dizaines, voire des centaines de millions qui renfloueraient les caisses de ces paniers percés que sont les Communes, avec au passage, quelques bienfaits retombant sur les Moreau, Marcourt, Demeyer et compagnie. Vous et moi ne toucherions que dalle, bien entendu.
Il y a des antécédents. Elio Di Rupo en 96, a procédé à la privatisation partielle de Belgacom, tout ça pour un piètre résultat, des abonnés mécontents et un personnel tenaillé par d’énormes pressions, mais du fric est rentré. Des trous furent bouchés. Ça s’appelle vendre les bijoux de famille pour boucler un budget. Ces ventes, évidemment, nous appauvrissent en appauvrissant le patrimoine.
Moreau est dans une période acheteuse. Spéculation de génie ou fuite en avant ?
Le Rastignac d’Ans doit s’attendre à une réplique du groupe Rossel. Ce n’est pas rien. Ce mastodonte contrôle Le Soir, Sudpresse, l’Echo, Metro, le Grenz-Echo et Vlan. Il a des intérêts dans le Nord de la France, lorgne le patrimoine de Murdoch, etc.
Le Citizen Kane belge sait bien qu’être cadre socialiste dans des entreprises de presse, c’est faire la promo gratuite du PS. C’est aussi un mauvais coup porté à une démocratie qui n’a pas besoin de cela pour se mal porter.
Moreau s’en tape. C’est l’occasion d’ajouter un mandat à ses nombreux autres.
A propos du cumul, où en est-on au PS ?

Poster un commentaire