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Ne nous quitte pas !...

Ah ! on va la regretter. Sabine s’en va. Elle nous quitte !... L’information cruelle est tombée début de semaine. On s’était habitué, peu à peu, à Madame Sans-Gêne, admiratrice absolue du système socialo-capitaliste qui la fit ministre. On aimait sa conviction profonde pour un monde qui nous paraît le contraire de ce qu’elle en pense. Cette conviction profonde nous réjouissait particulièrement, il ne pouvait être que le résultat de l’entêtement, de la ruse et du calcul. Chez Laruelle, cela se conjugue parfaitement, donnant ainsi au monde politique l’image d’une femme avisée mais pas trop, une nature ambigüe.
Ce que certains aimaient chez elle, c’était son bourgeoisisme, celui d’aimer la classe moyenne et d’en avoir porté les couleurs sous deux conquérants : Gérard Deprez, au temps du PSC et Didier Reynders, au temps du Liégeois candidat au maïorat.
Ils ont adoré son parti-pris quand la classe dominante était faite de boutiquiers du Vieil Elbeuf aux grands magasins et son aveuglement, quand les matrones et les chefs des corporations cédèrent le leadership « classes moyennes » aux hauts employés d’administration, aux députés et sénateurs, après l’écroulement des petites et moyennes entreprises.
Sauf quelques intimes et probablement les responsables de l’entreprise à laquelle Sabine apportera bientôt ses compétences, nul ne sait vers quel destin, la ministre du culte bourgeois dirigera ses pas. Ce sera sans doute un poste très en vue, rémunérateur comme l’a toujours affectionné cette battante à deux battants, l’un pour le culot, l’autre pour le notionnel.
Un qui ne la regrettera pas, c’est Charles Michel qui était outré de l’espèce de dévotion que la passionaria de la boutique au rez-de-chaussée et les pauvres aux mansardes, vouait à Didjé d’Uccle. Cette passion était dévorante, peut-être l’a-t-elle dévoré ?
Sa présence au MR a sans doute fait de l’ombre à Christine Defraigne qui aurait pu être ministre sans elle (voir la suite dans les remaniements du gouvernement après le départ).
Pour les manœuvres prochaines, Didjé, la locomotive du MR, regrettera sans doute son tender. A moins, comme tous les fils de Jean Gol, Reynders ne fasse preuve pour elle, de ce même monstrueux égoïsme qu’il affiche pour tout le monde.
Il manque à ce départ une apologie sous la forme d’une oraison funèbre. Il n’y en a qu’un sur le marché parlementaire qui ait le niveau pour tirer des larmes depuis la caissière du magasin qui pourtant, par principe, devrait être soulagée du départ, aux habitués du Club Lorraine : son ancien président Gérard Deprez.

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Ceux qui n’ont pas connu Gérard, fringant président du PSC, n’ont pas su ce qu’était un bel homme et quel brassage d’amour et d’émotions son déplacement faisait dans les foules chrétiennes. A côté de lui, le Bel Armand De Decker n’était qu’un Bombyx rôtissant ses ailes aux bougies de Banneux. Quand le prêtre officiait jadis dans les grands messes, c’était Gérard qui montait en chaire de vérité en face, au café du commerce. Il débriefait ces dames des pesanteurs de la foi.
On ne sait pas, par quels méandres les âmes nobles passent par les dédales de la vanité et de l’amour du pouvoir, dans le désordre des sens et des passions, toujours est-il que Sabine Laruelle laissa sa place au parti chrétien, à une jeunesse montante qui allait faire son chemin, au point d’évacuer le beau Gérard et prendre le trône du blondin devenu un quinqua aux temples argentées : Joëlle Milquet.
On ne sait pas si ces dames s’aiment ou se détestent. Si elles ont été exorcisées l’une et l’autre par Gérard, dans l’apothéose de la foi chrétienne, ni même si elles y croient encore.
Les départs volontaires, comme pour un enterrement, sont toujours l’occasion d’exalter les qualités et les vertus de ceux et celles qui s’en vont. Pour Martens, on évoqua le sens de la famille et de la fidélité. Dieu sait ce qu’on va trouver pour celle-ci !... d’autant qu’elle pourrait revenir.
Sabine partira, raide comme un piquet, emportant ses secrets pour un nouveau destin.
Adieu, Sabine ! Que vais-je devenir sans toi ? Je sens déjà que les chroniques suivantes ne vaudront jamais celles au cours desquelles tu évoluais avec cette chevelure à la garçonne qui te donnait l’allure de Jehanne la bonne Lorraine, tandis que tes visions d’un monde capitaliste merveilleux m’empêchaient d’avoir des pensées troubles pour la femme qu’on ne soupçonne guère sous son corset d’airain.
Oserai-je te l’avouer ? Jadis j’eus quelques érections pour Joëlle Milquet, Annemie Turtelboom et même pour Laurette, et jamais pour toi. Est-ce ta coupe de cheveux qui te faisait ressembler à un frère de Di Rupo ? La virilité avec laquelle tu gravissais les estrades de Libramont et d’ailleurs ? Je ne sais. Tu ne m’inspirais pas. Et pourtant, on ne te vit jamais à la Gay Pride, aux côtés d’une folle ou l’autre d’un ministère.
La vie passe comme les « maisons de » du même nom.
Quand on descend l’escalier, que d’autres ont si souvent monté, on ne sait plus si c’est la dame ou le monsieur qui doit précéder l’autre, dans le manuel du parfait parlementaire.
Sans toi, la gentrification de la Belgique ne sera plus la même.

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