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Richard à poil !

Pour répondre à quelques curieux qui reviennent par cycle – sans doute comme les phases de la lune – me demander des comptes sur ma nature, ma fonction sociale et l’âge de mes cellules, il suffirait pour les satisfaire que je me déculottasse imitant Brassens en jouant du tambour avec mes parties génitales.
Cette curiosité est à la mode. Elle n’indique pourtant pas l’exacte nature de celui qui livre à la malignité publique les aspérités de son âme et les charmes supposés de son corps !
Je m’y suis toujours refusé parce que ces connaissances n’apporteraient rien à mon propos, au contraire, elles pourraient même distraire l’attention bienveillante que certains lecteurs me portent, comme augmenter les sarcasmes de ceux qui me lisent, leur donnant matière à me détester davantage.
Je tiens pour une erreur de civilisation de s’intéresser à l’état-civil, la profession et le niveau d’études des gens. Les FOREM sont pleins de curriculum vitae et de l’apriori qui s’établit à partir de faux semblants. Malades de l’à-peu-près, nous louons ce que nous devrions détester et détester ce que nous devrions aimer.
J’imagine une expérience qui, à ma connaissance, n’a jamais été faite par des psychologues. Présentez vous à un groupe avec un statut d’ouvrier besognant à Chertal. Un complice comptable de l’expérience (un psy serait bien) est indispensable. Celui-ci aura pour mission d’aiguiller la conversation sur un sujet déterminé, de sorte que vous puissiez dire un texte préparé à l’avance, assez banal avec juste dedans un gros bon sens. Sous un prétexte quelconque éclipsez-vous après votre laïus. Le complice resté dans le groupe s’arrangera pour faire tourner la conversation sur vous et vos capacités intellectuelles.
Refaites l’expérience dans les mêmes conditions, avec un autre groupe d’un niveau identique. Cette fois, faites-vous passer pour un universitaire sorti d’une faculté renommée. Débitez le même discours et procédez comme précédemment.
Je suis persuadé que vos capacités intellectuelles seront surévaluées, et le discours plat sera jugé remarquable, dans l’expérience du deuxième groupe.
Voilà où nous en sommes.
Nous sommes victimes d’une course au statut qui nous rend tour à tour éblouis et méprisants.
Une société d’apparence faite pour apprécier et déprécier selon le statut de la personne.
L’enseignement forme autant d’imbéciles que d’esprits supérieurs à l’université et à l’école professionnelle. Avec ceci de particulier que l’imbécile de base ne pourra pas faire trop de dégâts, alors que l’imbécile nanti d’un diplôme supérieur pourrait surpasser les travaux de l’ingénier renifleur de pétrole depuis un avion, ou l’autre « savant » expérimentant la mémoire de l’eau, c’est-à-dire faire beaucoup de bruit pour rien, et pire de tout, être ministre !
Et vous voudriez que je vous éblouisse par mes diplômes ou mon autodidactisme transcendantal !

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Pour ce qui est du sexe, je sais que les blogs et les tweets en sont friands. Qu’est-ce que cela peut faire que je sois marié, célibataire, en concubinage, impuissant pathétique, cocu ou faisant cocu ?
Il ne m’est jamais venu à l’esprit d’évoquer la présence ou l’absence d’une libido, livrant à mes lecteurs les aspects les plus répugnants d’une débauche profonde ou la démarche spirituelle d’un janséniste attardé en un siècle en accord avec Philinte « de ne se mettre point en peine des mœurs du temps ».
La vision de mes stupres ne gagnerait rien à leur divulgation. Les choses sues deviennent banales. Les vies romancées ne valent que par le métier de celui qui les écrit. Les fornications d’autrui n’appellent à la branlette salvatrice que lorsqu’elles sont illustrées par des professionnelles de la prosternation ambigüe, cadrées par des photographes les sphincters en éventail au moment du clic.
Restent le mystère de « ma vaste culture » et de mes « connaissances considérables ». Ils tiennent aux choses vues, critiquées et retenues, qualités qui ne s’apprennent pas à l’école.
Le seul constat dont je puisse décemment me vanter, c’est l’immense œuvre, bonne ou mauvaise qu’importe, qui s’est écrite tous les jours depuis dix ans devant vous, plus considérable que celle de Saint-Simon et Paul Léautaud réunis, sans aucune prétention de ma part d’en comparer la valeur en qualité, avec celles des deux écrivains cités.
Je suis surtout heureux de la constance avec laquelle bon an, mal an, j’ai écrit ce blog. Pour le reste, je conseille à tout le monde d’en faire autant.
Une page d’écriture par jour, c’est bon pour la santé intellectuelle.
Ce qui ne m’a jamais empêché d’écrire, certains jours, de fameuses conneries, comme vous devez certainement vous en être aperçus.

Commentaires

Continue à être irrespectueux, Richard! Et puis, je suis accro à la playmate du jour ... :)

Cher RICHARD III,
Touché, mais pas coulé . . .
Encore une chronique pour ne rien dire mais, celle- ci, remplie d'autosatisfaction.
Une page d'écriture chaque jour - oui - mais, en y ajoutant un peu d'humour et des réflexions philosophiques et culturelles.

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