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Voyous ou pas voyous ?

Souvent traitée lors des campagnes présidentielles françaises, la question de l’audiovisuel public reste sous la coupe de hauts fonctionnaires. Marc Endeweld, journaliste français, en est conscient, puisque lui-même journaliste maison.
Il est allé voir ce qu’il en est du côté de la presse papier dans les mains du « libre ». Ce n’est pas triste non plus. Du constat d’être sous la coupe de hauts fonctionnaires, il est passé à la tutelle des intérêts privés. Être sous la coupe du public ou du privé, c’est être le serviteur d’intérêts en contradiction avec la liberté d’informer de celui qui fait le métier de journaliste.
Ce qui est évident pour la France, l’est tout autant pour la Belgique.
Le journaliste est libre d’exercer son métier dans la mesure où il est conscient d’écrire pour un organe de presse qui a son patron, ses annonceurs et ses buts. S’il correspond par nature à ces trois critères, il peut se considérer parfaitement libre et maître de ses propos.
Le tout est de savoir combien de journalistes entrent dans ces critères.
Plus que certainement très peu, et encore, faudrait-il décompter les hypocrites et ceux, plus rares, qui se mentent à eux-mêmes.
Les entretiens d’embauche dans ces conditions devraient être éclairants sur la manière d’engager ou non, les frais émoulus des écoles. Evidemment, c’est un secret gardé jalousement par les grands groupes de presse.
La fameuse neutralité indispensable à l’objectivité de la relation d’un fait n’existe pas. L’opinion induite d’un journaliste perce malgré lui dans son texte. Elle indique tout le contraire.
Les journalistes sont "des intellectuels" qui devraient prendre "conscience" de leur condition sociale, et révolutionner "leurs propres médias de l'intérieur", dit Mélenchon à Marc Endeweld.
Ils ne le font pas pour les mêmes raisons qu’un ouvrier s’interdira de critiquer son chef de chantier, s’il ne veut pas se faire virer.
Dans le fond, c’est tout bête. Pourquoi voulez-vous que des professionnels de l’information agissent autrement que l’ensemble des autres travailleurs, puisqu’ils sont confrontés aux mêmes problèmes dans le bain de la même société ?
Parce qu’ils sont des intellectuels ? Mais, il y en a bien d’autres et partout dans d’autres professions qui ont l’équivalent de talent et de compétences.
Parce qu’ils sont le quatrième pouvoir et qu’ils ont des responsabilités plus grandes ? Je récuse cette raison supplémentaire au simple motif qu’un pouvoir est une entité à elle seule, qu’elle n’est tributaire et n’a à rendre de comptes à personne. Or, depuis la fin de la presse d’opinion, le quatrième pouvoir s’est rallié à celui de l’État et ne forme plus qu’un bloc avec lui, dans un seul objectif : la pérennité du système dans le triomphe des firmes et des riches particuliers. Il n’affecte d’être différent que sur des nuances, jamais sur le système, ni sur l’organisation de l’État dans la démocratie par délégation que nous connaissons.
C’est tellement vrai qu’on peut voir le désarroi de la presse flamande qui se trouve devant le dilemme d’un pouvoir qui risque de changer de main. L’État belge ou l’État flamand, comment savoir si le premier ne sera pas remplacé à tous les points de vue par le second ?
Et c’est cette grave question qui agite la presse flamande, non pas pour ou contre tel ou tel État, mais parce que le quatrième pouvoir s’est fondu dans celui de l’État et qu’il est indispensable de savoir lequel ?
Il est probable que Mélenchon et Endeweld considèrent toujours le quatrième pouvoir effectif.
Maintenant, si vous voulez savoir ce que Mélenchon pense des confrères français des Vrebos, Delvaux, Demoulin et compagnie, le paragraphe ci-dessous est tiré de l’article d’Endeweld.

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"le journalisme politique neutre n'existe pas. Tout le monde est dedans, et la presse qui participe à la vie politique ne peut pas s'en extraire". Reconnaissant "des degrés dans la manipulation", il flingue Libération : "Le sommet de la manip' pour moi, c'est Libé. Ils changent les questions et même parfois les réponses après l'interview. Ce sont des voyous". (Fin de la sitation).
Sans doute, avons-nous aussi nos « voyous ». Alors, tous des voyous ? Le terme est sans doute trop fort. Un pauvre type n’est pas un voyou.

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