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Déficience…

Méfiez-vous d’accorder l’hospitalité à n’importe qui. La reconnaissance n’étouffe pas le badaud. La semaine dernière, la Meuse a fait vendre quelques portes blindées de plus, en se fendant du fait-divers d’un couple qui aimait beaucoup les SDF et qui finit devant le photomaton de Demetrio Scagliola, comme s’il sortait d’un match avec Wladimir Klitschko.
Moi aussi, si accueillant, je souffre de la violence d’un lecteur.
Me voilà pris entre mon respect de la liberté d’opinion et mon pouvoir de fermer l’accès aux commentaires sous chacune de mes chroniques.
Relativisons quand même !
Ce petit papier quotidien n’a pas l’audience de Nabila. Je cherche en vain une formule aussi puissante que son « Non mais allô, quoi ! ». Jamais, je n’ai été invité au 11 h 2 chez M’ame Delvaux, ou au studio de M’ame Demoulin. Cela m’aurait permis de refuser avec hauteur et assis ma réputation d’exclu volontaire.
Ce lecteur insidieux l’a sans doute relevé : je n’invective résolument que les dames envers lesquelles j’ai un secret désir. Hé oui ! je l’avoue, j’aurais aimé goûter la perversion d’étreindre une femme dont la moindre parole me fait horreur ! A la perspective qu’elle eût pu s’écrier au moment suprême « Oui, ô oui, salaud, tu m’fais jouir », j’en ai la larme à l’œil de désir sauvage et pourtant contenu. (Une bonne école pour mon lecteur névrosé)
Toute autre forme de popularité a été envisagée, par exemple les saluts. Le tout dernier « la Quenelle » a été déposé par un autre râleur qui en a fait un commerce.
Et sincèrement, c’est tant mieux ainsi. Je ne cherche pas d’audience. Lis qui veut ! D’ailleurs, ce blog ne rapporte pas un balle, alors qu’il y en a de bien plus tartouilles, qui se font des ronds en partageant le site avec les sous-merdes des marques.
Et voilà qu’un lecteur assidu se fait du mal rien qu’à ouvrir Richard III ! Il ne se contente plus de se torcher avec mes cogitations électroniques, mais encore me prie instamment de fermer ma boutique et de prendre une année sabbatique, douze mois de désintoxication qui lui feraient le plus grand bien !
Une addiction à un blog est une grande première. Troubler ses neurones à sa lecture, est franchement exceptionnel.
Le remède est simple, un clic suffit à se débarrasser du virus.
Il n’en a pas la force ! Rien ne peut le dissuader d’ouvrir la bête répugnante qui lui vrille le cerveau. Sa survie dépend de moi : je clôture le compte, je dis adieu à mon webmaster que pourtant j’aime beaucoup, et je m’en vais souiller de mes graffitis des lieux d’aisance qu’il ne connaît pas. C’est à cette seule condition qu’il peut s’en sortir !
Je promets d’y réfléchir.
Détail, cette manière de sauver ce lecteur assidu pourrait, à mon corps défendant, me plonger dans la même frustration : sa ruine cérébrale ou la mienne !
Et si tout simplement, ce lecteur allait consulter pour sa névrose ?
J’ai depuis longtemps une relation sentimentale avec une spécialiste des maladies de Gilles de la Tourette. Mais comment communiquer à ce lecteur un nom et une adresse sans qu’aussitôt des centaines d’autres lecteurs se croient soudain pris du même mal ?
Et puisque nous nous entêtons l’un et l’autre, lui à me vouloir aux Bermudes les douze mois suivant, et moi m’accrochant à la gadoue liégeoise, je lui propose un deal.
Rien que pour lui, je terminerai cette chronique par un poème que je lui dédie. Qu’il me dise si cela lui a fait du bien ou si, au contraire, il s’en trouve plus accablé que jamais. Enfin, si c’est son truc, j’en rajouterai une couche de temps en temps, par pure bonté d’âme.

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A moi, on m’la fait pas / Quand on s’moque d’mon état / C’est dans l’dos et sans rien dire / J’suis costaud, j’ai vu pire / Ouais, ma vie est un peu terne / J’suis moderne.
J’me lève à six heures du mat’ / L’camion fait les rues et les squats / Faut bosser pour payer l’terme / J’suis moderne.
On s’plie à tout tant qu’t’as d’ l’emploi / On s’repose entr’ deux rues su’ l’marchepied du charroi / C’est mieux qu’ du zoning-caserne / J’suis moderne.
J’vis à l’air libr’ dans mon blouson / À j’ter les sacs, j’suis l’champion / L’chauffeur veut pas qu’on lanterne / J’comprends ça / J’suis moderne.
À la nuit, fin d’ la tournée / Ça vous crèv’ les longu’ journées / J’ me couch’rais bien dans la luzerne / J’suis moderne.
P’t’être bi’n qu’un jour, j’ s’rai lourdé / Chômeur claqué et mêm’ crevé / Au mieux un con d’baderne / J’suis moderne.
Alors, on m’ rira au nez / J’ s’rai un pignouf humilié / L’ patron soufflera ma lantern’ / J’ s’rai plus moderne.

Commentaires

C'est génial mon cher Duc et surtout restez , ne partez pas ni aux Bermudes, ni ailleurs, restez à Liège et tant qu'on y est ...Bonne année nouvelle..

Si vous n'accordiez pas l'hospitalité à n'importe qui, vous n'auriez comme lecteur que Gaston.

Continue, Richard,... et Bonne Année!

Très drôle !

Vive cette chronique et bonne année.

Touché, cher RICHARD III.
Écrire ?
Métier pour introvertis et contemplateurs de nombril.
Jacques LAMARCHE
Un clic suffit pour effacer l'addiction à la bêtise d'un blog, mais pourquoi s'en priver,
BONNE ANNÉE 2014

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