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Migration à la flamande.

Un titre du Soir avant de renvoyer le reste au journal payant :
De Block sur les Afghans: «Si les gens ne peuvent pas rester, ils doivent partir».
Si la secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration l’a vraiment dit, c’est consternant d’évidence, comme la planche d’un wc sur laquelle on ne s’assied que dans un but particulier, sinon qu’y ferait-on ?
Vous avez déjà vu quelqu’un dire « Je ne pourrais pas rester » et qui s’incruste ? A moins qu’en visite, à force de le prier de rester, il ne se décide. Maggie n’a quand même pas été jusqu’à prier de rester, alors que c’est à tort qu’on appelle son secrétariat « à l’Asile et à la Migration », on devrait plutôt dire « Secrétariat des gens qui ne peuvent pas rester ».
L’équivoque subsiste dans le verbe pouvoir. Ils ne peuvent pas rester parce qu’ils ont décidé de partir ou ils ne peuvent pas rester parce que Maggie De Block ne veut pas qu’ils restent ?
- Vous savez, j’ai les enfants qui sont restés seuls à la maison, excusez-moi, je ne peux pas rester.
Ou
- Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous voyez bien que vous ne pouvez pas rester !
La popularité de Maggie tient en trois points.
Le premier concerne tout ministre procédant à des mesures forcées de départ des étrangers. Son action largement diffusée par les médias, sa popularité est automatique. C’est ce qu’on appelle recueillir le bénéfice de la peur de l’autre d’une partie importante de la population. Cette peur va d’un sentiment de crainte du fanatisme religieux des extrémistes musulmans, à simplement le fait d’être étranger, un apriori d’un racisme-réflexe propre à une absence de raisonnement, qui pourrait être le résultat d’une légère déficience mentale.
Le deuxième tient au langage simplifié de Maggie. La difficulté qu’éprouve un Flamand, même lettré, à s’exprimer correctement en français, le manque de vocabulaire, l’impossibilité d’employer les conditionnels et les temps composés font que ce discours est plus adapté à la compréhension moyenne des foules. Si l’on ajoute à cela l’air bon enfant, l’apparente bonne volonté et la simplicité feinte ou naturelle, on arrive à un idiome approximatif sur lequel ces messieurs du barreau reconvertis dans la politique pourraient prendre de la graine, pour se faire comprendre de tous.
Enfin le troisième facteur, celui du physique, concourt à sa popularité. Parce qu’elle en a un de physique qui ne passe pas inaperçu, c’est le moins qu’on puisse dire.
Loin de s’en moquer, la population qui a tendance à forcir comme les couches inférieures de la société américaine, éprouve un certain soulagement à la vue de Maggie. Enfin, voilà une personne « haut placée » qui n’a pas l’ambition de ressembler à une star et qui fait le contraire de Bart De Wever. Elle ne transforme pas son apparence en starlette anorexique de Jean-Jacques Gautier. Elle ne nous fera pas un malaise comme De Wever après son jogging. Maggie évolue, mais lentement.

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Et de fait, ce visage carré prend tout le cadrage dans un plan rapproché. Seuls deux yeux malins de harengères d’une minque de la mer du Nord, dont on devrait se méfier, sont au contraire pris pour les attributs d’un Tyl l’Espiègle de la farce de l’écrivain flamand Charles De Coster. Maggie a de la présence et elle en joue. Elle n’a pas fini de faire grossir aussi les sondages.
Tout chez elle prend une coloration de bons sens et d’évidence. Son action ne dépare pas ceux des autres ministres européens chargés de la défenestration de la misère, depuis Lampedusa jusqu’à Zaventem.
Elle est parfaite de cynisme et de dureté, Maggie, et les gens aiment ça.
Que le PTB ait en sous-main poussé les Afghans menacés d’expulsion à protester aux abords du pré carré des ministres rue de la Loi, soit une évidence, ce n’est pas une raison pour ignorer les drames d’une expulsion de ces étrangers-là. Dans les Églises transformées en Drancy pour des départs non voulus, il y a des femmes et des enfants. Leur nombre est insignifiant, on pourrait faire quelque chose pour Noël !
Maggie, en faisant de l’amalgame entre nos politiciens d’extrême gauche et la tragédie que vivent ces Afghans, sait bien qu’elle aura l’opinion avec elle. Les libéraux flamands sont aux anges et Maggie au plus haut dans les sondages. Même les Wallons l’admirent. On oublie un peu vite que cette femme est la vice-présidente d’un parti libéral dont les chefs sont d’accord avec les De Croo père et fils, pour faire une réforme de l’État sur le dos des Wallons et des Bruxellois et un remboursement de la dette sur ce qui reste de lard de la couenne des petites gens, alors vous pensez… les Afghans !

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