« Quand Franz est Charles ! | Accueil | Socialiste sans-chichis ? »

Une politique « moderne » ?

Il y a 4 jours, François Hollande au cours de la conférence de presse de l'Élysée, a confirmé qu’il était social-démocrate, ce que tout le monde savait déjà.
Au PS belge, Di Rupo, Magnette et Onkelinx n’ont jamais été aussi loin que Hollande dans la franchise. Si bien qu’on les sait sociaux-démocrates, mais ils se sont toujours bien gardés de l’affirmer, espérant conserver par cette ambigüité l’estime électorale des laissés pour compte. Peut-être seront-ils encouragés à plus de courage par leur illustre voisin ?
Quand on les interroge sur leur implication dans un système politique complètement aspiré par les « impératifs » d’une économie capitaliste, ils argumentent que c’est la meilleure manière de conserver les acquis du passé.
Au vu des événements, il n’est plus du tout certain qu’une entente avec la droite et le pouvoir économique, maintienne ces acquis.
C’est tout l’argumentaire du PS qui s’écroule.
Les pouvoirs économiques et le mouvement libéral dans son ensemble craignent davantage un grand parti de gauche dans l’opposition qu’au sein des décisions. Et il n’est pas dit qu’avec d’autres dirigeants plus fermes, le PS en-dehors du gouvernement n’obtiendrait pas davantage de résultats par peur de l’agitation sociale, que dans une collaboration de classe.
Mais « nos » socialistes sont comme Hollande, ils ont abandonné un idéal – certes utopique, mais les idéaux ne sont-ils pas par nature utopiques ? – pour la croyance que le remplacement du capitalisme est impossible et que tout ce que l’on peut faire, c’est apporter des correctifs « humanitaires ».
Ce courant de pensée ne date pas d’hier. Celui qui l’a abordé le premier franchement dans l’après-guerre est Paul-Henri Spaak. Il a fini du reste par glisser du socialisme au libéralisme, sans être parvenu à entraîner le PS derrière lui.
Le trio de pointe cité plus haut est en train de gagner le pari perdu de Paul-Henri Spaak.
La social-démocratie s’entend en 2014 comme un socialisme démocratique « moderne », glissant au fil du temps, d’un courant politique de gauche à un courant centriste acceptant l'économie de marché.

1mjmj.jpg

La résistance à gauche se rassemble autour de la notion de rupture avec le capitalisme. Bannir l'exploitation par la propriété sociale des moyens de production et d'échange reste un vieux rêve, un idéal qu’il sera difficile à un social-démocrate d’enlever du cœur des hommes. On a cru longtemps après les Trente Glorieuses, que la social-démocratie finirait pas l’emporter.
Il n’en est rien.
La crise a rebattu les cartes et démontrer l’incapacité du système capitaliste à repenser l’Homme à travers ses crises économiques. Le spectacle est édifiant : une nouvelle paupérisation s’amorce alors qu’une fraction infime de la population augmente sa fortune.
La définition de Jacques Delors de la social-démocratie qui serait un double compromis entre l'État et le marché d'une part et entre le patronat et les syndicats d'autre part, ne tient plus la route, puisque le marché et le patronat issu de ce « pacte » entendent bien démontrer leur suprématie sur les deux autres, en se dissociant de leur partenaire respectif.
Voilà pourquoi les propositions de Hollande dans un nouveau deal à trois (État, patronat, syndicat), n’a aucune chance d’aboutir à des résultats positifs.
Ainsi vidé de sens, le réformisme se trouve confronté à un autre « réalisme ». Globalement la part dite salariale du travail diminue au profit du capital. Tout accord est une imposture puisqu’il consiste surtout à diminuer les salaires et négocier les départs. La paix sociale s’achète au prix des concessions sur les préavis en partie payés par l’État.
Des milliards de gens sont intimidés par quelques milliers d’autres pour un avenir incertain.
Que se passera-t-il en France quand le projet de Hollande rendra l’âme ? Et quand bien même rejoindrait-il l’Allemagne dans la compétitivité des entreprises, Hollande croit-il réduire le chômage de façon significative ? Le PS belge en est persuadé.
Une vision des USA « en pleine reprise » fait froid dans le dos, celle de l’Allemagne n’est pas plus belle à voir. C’est vers ces modèles que Hollande et Di Rupo veulent nous conduire !
C’est inespéré pour le capitalisme mondial, qu’il puisse dans les démocraties compter sur les socio-démocrates. Quand les citoyens seront désenchantés, iront-ils avec la complicité du PS, jusqu’à trafiquer le suffrage universel ?

Poster un commentaire