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Secular stagnation

Tous les ministres ont assuré, dans leurs vœux de nouvel an, la reprise de l’économie aux futurs électeurs de mai. Ils n’allaient pas nuancer leur enthousiasme. Nul n’ignore qu’un électeur euphorique favorise les sortants et, qu’un électeur pessimiste peut choisir de nouvelles têtes, changer de parti. Joëlle Milquet est la championne de l’euphorie. C’est elle qui en connaît le moins en économie.
L’homme de la rue n’est pas sans réaction devant les perspectives qu’on dépeint comme un progrès avec des emplois à la clé. Depuis 2008, l’expérience lui a tanné le cuir. Chaque année on lui jure qu’on est sur la bonne voie, que le gouvernement est formidable, etc.
Certes, un redressement prend forme aux Etats-Unis et en Grande Bretagne.
Dans la zone euro, la reprise est « poussive » même si les grands pays renouent avec la croissance. Le tout c’est de bien comprendre que ce redressement n’a rien à voir avec la situation antérieure et le niveau de l’emploi. Les stocks sont épuisés, leur renouvellement produit des appels d’air et des remplissages qui pourraient faire croire à un départ de croissance. Des risques importants pèsent sur celle-ci, faute notamment d'une véritable reprise du commerce mondial. Les salaires réels continuent de baisser et le niveau de chômage n’est pas près de chuter substantiellement.
C’est ce que Joëlle Milquet appelle un retour normal de la croissance !
Une crise de change reste possible dans certains pays. Le principal défi, pour ceux-ci et aussi pour la vieille Europe, consiste à trouver un nouveau modèle de croissance.
Et là on est loin du compte. Nos élus PS, CDH et MR s’accrochent à l’ancien modèle comme des naufragés à une planche au milieu de l’océan.

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Les sorties de capitaux affaiblissent toujours les pays par un manque de plus value, sans qu’aucune mesure efficace ait été appliquée et, mieux encore, les banques ont tendance à reprendre les placements hasardeux, comme en décembre 2008. Les Européens n'ont toujours pas fait le ménage dans les banques. Des menaces sérieuses pèsent sur les finances et l'économie mondiales, estimait à la mi-décembre Michael Smith, PDG d'ANZ, troisième banque d'Australie et première en Asie.
La zone euro reste fragile. La sortie de récession a été confirmée au troisième trimestre 2013, mais la reprise y est molle et aléatoire.
Si plusieurs membres de l’UE ont obtenu de Bruxelles des délais pour redresser leurs finances publiques, cela ne veut pas dire que ces nouveaux délais seront mieux respectés.
La croissance est trop faible pour financer nos modèles sociaux. Après mai, nos stratégies qu’elles soient d’inspiration socialiste ou libérale restreindront encore les budgets alloués aux assurances sociales et aux indemnisations.
La zone euro n'est pas à l'abri d'une nouvelle crise financière. Des taux d'endettements publics atteignent 134% du PIB en Italie, en Belgique, Di Rupo nous a conduits à un peu plus de 100 %. Quand Chastel affirme que nous maîtrisons la dette et qu’elle est en diminution, c’est faux. Qu’est-ce que vous voulez, les gazettes ne relèvent pas l’imposture et le public reste dans l’ignorance !
Le resserrement de la politique monétaire américaine, et ses conséquences, est l'une des inconnues de 2014. Les marchés se sont réajustés au « tapering » en mai 2013, lorsque Ben Bernanke, président de la Fed, a annoncé un resserrement monétaire.
« Secular stagnation » (stagnation de longue durée) c’est ce qui nous pend sous le nez et que nos gouvernants font semblant de ne pas voir. Cela veut dire une phase longue de croissance atone et de chômage fort. C’est un expert, Larry Summers, de réputation internationale qui nous l’affirme. Et je crois qu’il a raison.
Cela signifie surtout que le modèle libéral s’est essoufflé, que nos mentors nous mentent et que les économistes des banques nous racontent des craques.
Si, évidemment, les syndicats, la gauche, les laissés pour compte, et demain les artisans déchus et les classes moyennes se satisfont de ce programme, alors qu’ils le disent !
« Les Flamands devront choisir entre le modèle du PS et celui de la N-VA » menace Bart De Wever. Il se trompe. Le modèle reste le même pour tout le monde. Et c’est ça qui désole !

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