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Socialiste sans-chichis ?

S’il ne rompt plus avec le capitalisme, François Hollande s’est arrangé pour ne pas paraître rompre avec le socialisme. Pourtant, beaucoup trouvent qu’il n’y a plus compatibilité après son discours. Il a bel et bien rompu.
Il n’y a pas un micron de différence entre la position française et la belge dans ces deux partis frères. Élio Sans-Chichis a probablement rompu avec le socialisme aussi. C’était le jour où il est parvenu à recoller les morceaux d’une Belgique en lambeaux. Il l’a fait au prix de « son » socialisme. C’était le prix à payer pour devenir premier ministre.
À présent, il doit donner des gages de bonne volonté chez ses nouveaux « amis ». Cela s’appelle détricoter les services publics, réduire les effectifs de fonctionnaires et gérer les entreprises publiques la Poste, les chemins de fer et Belgacom, comme Mittal se comporte vis-à-vis des syndicats.
La crise et la notion de « rentabilité » arrivent opportunément pour que les derniers grands bastions du pouvoir public s’administrent selon les critères du secteur privé. Ainsi la revente des derniers « bijoux de famille » se fera comme un bon coup de bourse, « parce qu’on ne saura faire autrement », c’est dans l’air du temps.
Nous allons vers une vie à l’américaine, « sans filet » pour les plus démunis et injuste pour les travailleurs, les artisans et les commerçants du bas de l’échelle.
Comme les grandes entreprises et les holdings internationaux usent et abusent de l’argent public et des facilités dans les entreprises concurrentes à celles que l’État conserve encore, nul doute que l’appréciation de la gestion du privé soit toujours meilleure à celle du secteur public. D’où l’idée éminemment libérale que la richesse se crée principalement dans les entreprises privées.
Le socialisme activiste donc « moderne » a surfé depuis les années 90 sur la vague libérale amenant à des changements notables dans ce qu’on imagine être le rôle de l’État. Comme une idée est lente à éclore dans l’opinion et que la propagande libérale a mis le paquet afin de brouiller les pistes, malgré les crises financières, les activistes du centrisme ont gagné.

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Du rapprochement d’une gauche centriste, d’une droite décomplexée, les frontières sont devenues floues, la preuve, l’arc-en-ciel des partis de la majorité gouvernementale en Belgique étonne toujours l’étranger.
On croyait qu’après les scandales financiers, Lehman Brothers ayant ouvert le bal, les citoyens et les politiques seraient plus avisés et auraient un regard critique sur la situation économique. Il n’en est rien. Le PS pense que «renouer avec le collectivisme» serait une «erreur historique » !
Tous les discours qui appellent à la croissance appellent aussi à l’orthodoxie capitaliste. On en sortira si nous sommes vertueux entend-on venant aussi bien de la droite que de la gauche dans les allées du pouvoir.
Vertueux dans le sens de « surtout ne touchons à rien », c’est-à-dire dans le respect du système. On pense même qu’en aidant l’économie à se requinquer, on fera œuvre utile, quitte à laisser un bon quart de la population à la traîne sinon dans la misère et pour bien longtemps.
Les socialistes sont passés maître dans l’art de l’esquive. Ils font semblant de répondre à une question qui ne se pose pas (l’affaire Dieudonné exagérée à l’extrême), puis ils attirent l’attention sur un danger inexistant pour faire croire qu’ils jouent un rôle de rempart.
Il est également facile, après avoir tout fait pour céder à l’Europe un maximum de la gestion du pays, de se lamenter ensuite de n’être plus entièrement libre de mener la politique économique de la Belgique que l’on souhaite.
Les confusions de genre, le flou entre la gauche et la droite, le consensus sur l’économie, déroutent évidemment l’électeur.
Les socio-démocrates ont-ils conscience que leurs schémas sont dépassés ?
Le retard qu’ils font prendre aux modifications possibles du capitalisme dans l’économie de marché est déjà du plus funeste effet sur l’organisation sociale et sur ce qui reste de la démocratie.
La foi en la croissance est devenue un nouvel intégrisme. Le PS y officie aux côtés des libéraux. Sans-Chichis nous fait une crise de mysticisme. Il devrait lire un peu plus et moins fréquenter les salons.

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