La guerre en Algérie aura bien lieu.
Du bouillonnement dans les pays du Maghreb avec le départ de ben Ali en Tunisie, deux États sont restés imperméables aux changements : l’Algérie et le Maroc. Deux États montrant un régime fort au pouvoir, mais de nature différente. Une monarchie constitutionnelle comme le Maroc a plus facile de pratiquer un régime fort, parce qu’il a l’avantage de ne pas avoir sans cesse des guerres de succession pour sa direction. C’est pourquoi le Maroc paraît moins troublé par les courants contradictoires qui se font la guerre pour le pouvoir, comme en Algérie, et donc le Maroc passe pour plus « démocratique » que son voisin.
A y regarder de près la démocratie, enfin ce que les Occidentaux entendent par là, n’existe dans aucun des deux pays.
Il suffit de lire la presse locale pour s’en convaincre.
Le droit à l’expression n’y est permis que pour s’enthousiasmer des maîtres du pouvoir. En Algérie, c’est typique : montrer que le FLN est toujours là et faire semblant que les « héros » du passé dirigent le pays !....
L’Algérie avec l’élection prochaine d’un président est au sommet de l’imposture d’un pouvoir qui se réclame du glorieux passé du FLN et en même temps du peuple « souverain ». En réalité, c’est un régime dictatorial dans les mains de quelques aventuriers aux noms des multinationales et, dans l’incapacité actuelle de tomber d’accord sur le nom d’un dictateur de remplacement. À défaut, cette maffia ose remettre en selle un Abdelaziz Bouteflika, vieux et malade, sans aucune capacité réelle de diriger le pays, dont le seul argument ; il est le frère aîné de Saïd Bouteflika, surnommé le Vizir, très influent dans ces milieux de pouvoir.
À quelques jours du scrutin, deux factions, l’une civile et l’autre militaire se disputent sans pudeur les royalties du pétrole, manne dont les Algériens n’ont jamais tiré aucun bénéfice collectif et ne verront jamais la couleur des dollars qu’elle génère.
Éberluée la population assiste à cette lutte sourde dans la terreur d’être happée par la répression des services secrets, policiers et autres que le pouvoir entretient à des fins personnelles, plutôt que traquer les intégristes.
On disparaît facilement et sans procès en Algérie.
Dès lors, il ne faut pas s’étonner de la résurgence des milieux volontaristes religieux. C’est ainsi que les laïcs et les progressistes sont coincés entre deux ennemis irréductibles de la démocratisation de l’Algérie : l’armée qui se pare du drapeau du FLN et les religieux qui préparent l’islamisation complète du pays, le tout sur fond de pétrodollars, de commissions occultes, de concussions de fonctionnaires et de gabegie.
Couronnant le tout, le clan présidentiel ne désespère pas d’imposer un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, malgré son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013 et qui l’aurait laissé très amoindri. Depuis, Bouteflika ne s’est jamais exprimé publiquement. Ses rares apparitions à la télévision nationale ne durent guère plus de deux minutes. Si, comme on le croit, les élections en Algérie sont aussi truquées qu’un tour de Bernard Majax, les Algériens vont avoir à leur tête une véritable momie.
Le clan du président s’est grossi d’une nouvelle caste d’affairistes qui contrôle des secteurs économiques aux budgets colossaux tels que les travaux publics et l’énergie, le tout dans une atmosphère de corruption.
On compte jusqu’à 37 milliards de dollars de détournement de fonds de l’équipe actuelle qui veut rempiler, inutile de se demander pourquoi. En perdant le pouvoir le clan du président pourrait devoir rendre des comptes au dictateur suivant, furieux que le magot lui ait passé sous le nez !
Et ce n’est pas tout. Une autre gracieuseté attend les « patriotes » : une guerre de repositionnement au sein de l’armée fait rage, dont l’objectif est d’affaiblir le général Toufik patron des services secrets depuis plus de vingt-trois ans et qui doit avoir des dossiers sur tout le monde.
Avec une telle déchéance des chefs, un général peut développer une tentation putschiste, sans oublier que de la rue peut aussi monter une insurrection qui aurait plutôt des origines religieuses, que démocratiques et que les « services » n’auraient pas vu venir.
Depuis l’année dernière, avec l’inculpation de l’ex-ministre de l’énergie pour faits de corruption (un ancien homme de main de Bouteflika) la guerre des chefs déborde des villas bord de mer et pèse sur la future élection présidentielle.
Aussi bien tout ou rien peut se passer d’ici là.
Ce qui est sûr, c’est que le peuple algérien est marron et dépossédé de ses richesses par des intrigants. On se demande si se débarrasser du joug français était une si bonne affaire que ça ?