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Élio, roi de Béotie…

Il semble que Charles Michel ait rassemblé autour de son ambition suffisamment de kamikazes MR pour débuter en solo une partie de « Zwarte Piet » avec les trois partis flamands d’en face.
C’est donc l’heure du bilan pour le premier ministre sortant dont le règne aura duré 541 jours en moins qu’une législature normale. Si bien qu’il est impossible de savoir si le temps complet de la législature du Premier eût été meilleur. Parce que, franchement, le bilan de Di Rupo est tout à fait désastreux arrêté à l’état actuel de la fin de son mandat.
Elio Di Rupo est le plus mauvais représentant de la Belgique à l’étranger depuis le gouvernement Leburton. C’est dire si bien des Premiers se sont succédés depuis, qui ont essayé avec des fortunes diverses de faire bonne figure en-dehors de nos frontières.
Ici, il n’y a pas de comparaison possible, parce que jamais on ne vit un Premier ministre si absent dans ce domaine. Pour quelqu’un qui s’oppose à la politique du MR au point d’avoir exclu ce parti des instances régionales, Di Rupo s’est proprement dégagé de la politique extérieure sur les épaules de son ennemi juré, Didier Reynders, qui, à sa manière libérale, a tiré la couverture à lui, au maximum, en se tapant de beaux petits voyages, lui et son épouse, aux frais de la Communauté.
Trop occupé à refaire des retards d’électeurs pour les élections de mai, Di Rupo s’est concentré sur la politique intérieure, s’efforçant de ne pas accentuer le doute des citoyens sur l’absence de socialisme du Parti socialiste qui fait doublon avec la mouvance libérale représentée par le MR.
Il a pu limiter la casse et le PS n’a pas trop perdu de plumes. L’électeur wallon vote par tradition et en souvenir du temps des corons et d’Émile Vandervelde, pour les actuels titulaires qui se situent en réalité entre Louis Michel et Joëlle Milquet.
Et pour cause, Di Rupo a laissé au gouvernement suivant le soin de finir une réforme libérale qu’il a lui-même activée et qu’il va, sans doute, quand le gouvernement kamikaze sera formé, combattre avec la gourmandise d’un faiseur de bons tours..
Di Rupo est un adepte de la combinazione. Il n’affronte pas directement les hommes et les idées. Il utilisera ceux de son parti ou même de partis « alliés », quitte à les laisser se débrouiller si l’affaire tourne mal. Il ne prendra jamais le risque de s’exposer sur des affaires comme celle du Proche-Orient. Là où des socialistes soutiennent les Palestiniens, il ne dit pas un mot. Il compatit à tout ce qu’on veut, déplore en citant l’ONU et l’Europe, mais lui, on ne sait pas ce qu’il pense.

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C’est un manager de crise. Il entend les parties, donne raison à tout le monde et part sans avoir un avis sur rien, quand les choses tournent au vinaigre. Il manque de conviction, parce qu’il est sans vision. Il a juste le comportement d’un bon bourgmestre. Il peut faire des merveilles en courant derrière la queue du Dragon pour en arracher les poils et revenir triomphant à l’hôtel de Ville de Mons en costume folklorique ou plonger du bord d’une piscine qu’il inaugure. Il s’aime trop, ses épaules, son corps d’éphèbe pour n’avoir d’autres rêves qu’hédonistes.
Il fait de la politique pour soigner son image, bien gagner sa vie et en jouir à l’aise dans une renommée qu’il entretient, comme Le Nôtre soignait les jardins de Versailles.
Il ne s’est jamais rendu à l’étranger que pour lisser son image. Quand il fallait se montrer à Kinshasa restée si proche de la Belgique, il préférait les ors et l’encens du Vatican de la messe inaugurale du pape François.
C’est ainsi qu’il ne s’est pas rendu au sommet de la francophonie, alors que tous ses prédécesseurs flamands avaient fait le voyage sans exception. Voilà qui n’est pas très commercial, s’il veut vendre Mons à l’étranger pour 2015.
Alors quoi, « Beau Corps » s’en va du 16, rue de la Loi, et puis après ? Voilà longtemps que son esprit était ailleurs, mûrissant des projets personnels, échafaudant des rentrées fracassantes au Bureau du Ps. Monsieur de Mons était persuadé qu’on le rappellerait pour un deuxième mandat de Premier. Il est vexé. Et quand il l’est, ce type est dangereux. Il ne sait pas exprimer son ressentiment, comme le fait Reynders. Di Rupo intériorise, et c’est en cela qu’il est dangereux.
Il a déjà opéré à sa manière une première dans la voltige équestre de ses ministres en ménageant Rudy Demotte, tout en grevant le budget, que son fidéicommis nous annonce serré. Rudy perd une présidence, et Élio lui en conserve l’autre !
Il n’y a qu’avec la Fédération liégeoise qu’il est en délicatesse. Qu’on ne s’y trompe pas. S’il en est ainsi c’est qu’il considère que la Fédération est un ramassis d’imbéciles, incapable de produire une tête pensante.
Il n’a pas tort.

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