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Ah ! les commémos…

Ramdam à Liège, des flics partout, énervés et une population intimidée, poussée et repoussée, des files de voitures d’un côté et des voiries complètement désertes de l’autre.
Tout ça pour les notables en beau costume et leurs dames en chapeau et bas de soie. Demeyer les a mis sous la protection de ses rudes cavaliers, les roubignolles coincées sur les selles des motos, des brassardisés aux coins de rue, interdisant l’usage des chemins habituels, les brigadières au gros colt pendant entre leurs jambes comme des sexes, etc. Une répétition pour une prise de pouvoir future, quand la démocratie ne suffira plus à calmer les mécontents.
Tout pour qu’on se souvienne d’un 4 août ! La mémoire des millions de mort est figée sur des monuments, qu’on oublie l’inauguration terminée, le 4 août 2014, le jour de la revanche ! La commémo dure un jour. Alors, on met le paquet.
Celui de Cointe, ignoré des services d’entretien de la Ville de Liège pendant cinquante ans, squatté par des clodos, tagué par des ados, quasiment abandonné, sort de sa longue agonie pour une ultime commémo. Les auxiliaires de surface qui se mettent en branle pour le toiletter, le bichonner, jeter à la hâte des voiles prudents sur ses meurtrissures irréparables, pensent que ce sera le dernier.
Honore-t-on encore les soldats d’Alexandre et de Darius III, morts à la plus célèbre des batailles, celle qui allait fédérer l’Europe et l’unir d’un seul tenant à l’Orient ?
Quant aux nôtres, les éminents viennent rendre hommage, tralala et clairons, les poitrines barrées du grand cordon ombilical des ploutocraties d’argent.
C’est en 1914 qu’il fallait faire attention à ne pas sacrifier une génération. Ceux qui sont sous des croix aujourd’hui, il fallait les rassurer, les sécuriser, au lieu de les habiller pour la boucherie, dans des assauts commandés par les états-majors.
Qu’est-ce que ça peut foutre à tous ces malheureux disparus dans la fleur de l’âge, la reconnaissance des pépères qui ont réussi dans la politique ?
Tous les discours tournent autour du thème « plus jamais ça ». Ils veulent dire dans leur langage : toutes les guerres sont des conneries. Ils le reconnaissent dans des discours, au bout des phrases impeccables, des sursauts indignés. Malheureusement, c’est après. C’est toujours après qu’on s’aperçoit qu’on a fait le con ! Cent ans après, on en est sûr ! Youpi, l’Allemagne est de notre côté. Le fou est bien mort. Quant à savoir si un jour prochain, il n’y aura pas un autre fou, on n’en sait rien. Ce ne sont pas les fous qui manquent, en Israël, en Syrie, en Libye, même à Moscou…
Les prédécesseurs des orateurs d’aujourd’hui adoraient ou haïssaient notre fou bien européen. Ceux de 14 avaient les leurs aussi, l’archiduc, l’empereur, et quelques autres, sans compter les généraux français qui dépeuplaient la France sur le Chemin des Dames.
Il fallait un comique pour détendre l’atmosphère. Ce sublime imbécile de Di Rupo, cet hoplite parfaitement militarisé pour la circonstance, eut son succès avec ce lapsus « Mons à la place de Liège », sous-entendant que Liège est une sous-merde en comparaison de sa petite merveille !

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Il y avait là sur l’esplanade, une fameuse brochette de hauts responsables, de ces dignitaires à la dignité infinie, de ces élus nommés plutôt dix fois qu’une, « gravés à jamais dans le cœur des peuples », dirait un patriote au bord de l’émotion nerveuse. De ces Mathilde et de ces Kate perchées sur des échasses pour regarder les choses d’en haut, ainsi les être paraissent plus petits. Elles suivaient leur militaire d’époux, avec la commisération amusée d’un héron qui attrape une grenouille par la peau du dos.
Eh ! bien… merci. On ne s’est jamais tant battus, massacrés, ces temps-ci. En Europe, oui madame, en Afrique, en Orient, en Amérique du Sud, oui, partout… le dernier délire pas plus tard qu’hier, des enfoirés venus d’Israël ont bombardé une école de l’ONU à Gaza.
Il y a de quoi faire se retourner les Poilus dans leur tombe.
Ils auraient mieux fait de foutre le camp, les Poilus de 14, comme Ceux de Craon, plutôt que finir au Hartmannswillerkopf ou au fort de Loncin, pauvres types à qui on prenait déjà tout avant la guerre, sauf la vie et c’est ce qui fut fait et bien fait de 14 à 18 et de 40 à 45, sauf qu’à la dernière, ce sont les civils qui ont pris le plus. Exactement ce que fait Tsahal à Gaza en 2014. Les assassins se modernisent, s’équipent, s’inspirent des anciennes horreurs pour faire du neuf. Vous pensez, cent ans d’expérience dans le crime organisé.
Il n’y a pas honte à foutre le camp, jamais, devant les conneries homicides.
En 1920, Anatole France le disait déjà « on croit mourir pour la patrie et on meurt pour les industriels ».
Je n’ai pas envie du tout de mourir pour Paul Frères ou Fortis. Je mourrai bien tout seul, sans leur recommandation, trop de monde déjà sous les dalles. De toute manière, je mourrai inconnu comme le Soldat tiré au sort, et sans doute d’une « sale » maladie, si ça peut leur convenir ; mais pas comme Lui !...
Le plateau de Cointe était sécurisé un max, dame, quand on a tant de morts sur la conscience ! Vous remarquerez, les réserves de viande n’étaient pas là. On dirait que la barbaque n’intéresse que pourrie, chez ces gens-là.

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