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L’addition, c’est pour qui ?

Et si les emprunts « toxiques » qui ont corrodé les systèmes financiers et précipité des millions de personnes dans la gêne n’avaient pas fini de ronger les comptes bancaires ?
Un événement pareil ne serait pas connu des fines rapières comme M. Étienne de Callataÿ ?
Est-ce possible ?
Ou alors, y aurait-il quelque part des secrets si monstrueux que personne ne les saurait dire ?
Pour sûr, ce genre d’emprunt qui prend la forme d'un produit structuré, c'est-à-dire composé de plusieurs briques, chacune étant changeante selon des conditions liées à l'évolution des marchés financiers, existe toujours dans les grands livres sous le boisseau. Le droit d'acheter ou de vendre un titre financier, lequel fait évoluer le taux du crédit selon, par exemple, la parité du franc suisse et de l'euro, est la base même du métier. Le tour de passe-passe est de mettre une boîte à la banque voisine, qui s’empresse de faire pareil à la suivante. Mais, on ne se débarrasse pas ainsi des boules puantes. Á la fin, on espère que quelqu’un de pas très connu boive la tasse.
Et, n’y a-t-il pas de plus parfaitement inconnu que le grand public ? Le tout sera de trouver dans le futur gouvernement un ministre des finances ayant l’oreille aussi complaisante aux banques que le fut Didier Reynders, et le tour sera joué.
Nous aurons l’honneur de sauver les banques une seconde fois.
Parce que, au train où ça va, de la première période très attractive, à la deuxième qui l’est moins, au sixième et au septième passage, personne n’en veut plus, les reventes deviennent impossibles. L’emprunt toxique l’est devenu tellement qu’on le sent venir. On est au stade ultime de l’arnaque très coûteuse pour le dernier souscripteur.
C’est le cas des Communes de Belgique qui croyaient faire de bonnes affaires et se retrouvent avec des taux d'intérêt pour certaines de 30 % à 40 % sur certains emprunts ! Au départ, en toute bonne foi les responsables communaux se sont laissés guidés dans leur choix par des banquiers abusés ou escrocs eux-mêmes qui les ont conseillés. L’appât du gain tout de même !... C’est un attrape-nigaud infaillible.
On n’en parle plus dans les journaux, mais certaines communes ont renégocié ces emprunts au prix fort et ne s’en sortent pas. Des contentieux existent déjà que les banques taisent et pour cause, c’est un secret d’État.

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Une commune ne peut pas faire faillite. En Wallonie, un défaut de paiement serait comblé par l’autorité de tutelle, en l’occurrence la Région wallonne qui imposerait des mesures drastiques, comme des hausses d’impôts. Plutôt que de tomber dans une pareille conjoncture, certains bourgmestres ont procédé par des « ajustements d’impôts » qui sont en réalité des hausses, malheureusement les citoyens n’en retireront aucun bénéfice.
Ces emprunts toxiques reposaient sur un pari : que les taux restent stables. Par exemple, les taux d'intérêt à court terme sont souvent inférieurs aux taux à long terme.
En 2008 et avant, début de l’aventure, les bourgmestres ont spéculé sur les taux bas de l’époque. Le prix à payer était la part de risque, souvent mal appréhendée des élus. Tous pensaient obtenir des conditions avantageuses de façon durable, pour plus de marge de manœuvre budgétaire, à un moment où la Région leur donnait plus de responsabilités dans le cadre des lois actuelles.
Il n'y a pas de texte législatif sur la capacité de celui qui prend le contrat au nom de la collectivité de le comprendre. Si ce n’est qu’un élu doit se montrer prudent quand son acte engage ses concitoyens. Certaines communes ont des experts, d’autres pas. Il est vrai qu’au début de cette folie collective de l’argent facile, tous les économistes étaient d’accord que ce type d’engagement était une bonne affaire.
Il serait intéressant de retrouver les écrits et déclarations d’Etienne de Calataÿ de cette époque.
Maintenant savoir si votre commune est concernée ou pas, relève de l’opposition au Conseil. Plus la majorité est forte, plus il sera difficile à la minorité de mettre le nez dans les affaires de l’entité, sur le détail des échéances, de l’échelonnement des remboursements et des pourcentages de ceux-ci.
L'Etat est garant des prêts de Dexia, sauvé par lui de la faillite. Dexia représenterait deux tiers du marché des emprunts toxiques des communes. Trois des banques les plus impliquées dans ce scandale des emprunts toxiques ont été sauvées par leurs Etats : Dexia (franco-belge), la britannique RBS et l'allemande Depfa. Après avoir sauvé les responsables de la faillite, l'État vient au secours des collectivités locales, mais dans l’un et l’autre cas, c’est la population qui débourse. C’est-y pas de la belle pépite, le système capitaliste ?

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