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L’incident est clos !...

On a beau conquérir tous les diplômes, comme on prend d’assaut une forteresse, même si au départ le liquide amniotique était déjà, membrane comprise, étiqueté dans le magazine Forbes, on peut très bien parallèlement être un beau con.
On a vu des plus brillants spécimens de la race académique incapables de ficher un clou dans un mur. Voilà pour la maladresse physique, accessoire pour beaucoup. On pourrait même prétendre que cette lacune rehausse l’autre versant : celui de l’intelligence pure. On peut ainsi se gausser d’un grand intellectuel qui n’est pas capable de remplacer un joint de robinet, quand c’est pour relever ses brillantes qualités intellectuelles. Par contraste, elles en brilleront davantage.
L’impardonnable, c’est lorsque le brillant sujet, après avoir triomphé dans toutes les facultés de Berkeley à l’ULB, fait preuve d’au moins deux lacunes.
La première de ne pas écrire ses discours et corollairement de ne pas voir le plagiat de son nègre ; la seconde, d’avoir le réflexe mauvais et de licencier le malheureux pour faute grave.
Le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy a été l’objet de nombreuses critiques. Il n’a pas, pour autant, valu le licenciement d’Henri Guaino, sa plume, pour l’avoir écrit. Sarko ne s’est jamais défaussé sur son nègre. Delchambre devrait en prendre de la graine. Une remontrance en privé eût suffi. Quant à lui, il pouvait prétendre n’avoir lu ce plagiat manifeste que quelques instants avant de monter à la tribune et tout fût dit. Parce que s’il a lu et corrigé ce texte, ce n’est pas tant accablant pour celui qui l’a écrit, que pour lui.
C’est une honte permanente que nos hommes politiques partagent avec nos gazetiers qui les admirent. Comment peut-on féliciter un homme pour un discours qu’il n’a pas écrit et, le sachant, tresser des couronnes de laurier dans les journaux, à son esprit « remarquable » ?
Leurs thuriféraires auront beau dire que si le discours a été écrit par un autre, il a été pensé par le grand homme. Dans le cas de Delchambre, il serait alors une réplique intellectuelle de Chirac !
On peut en imposer aux tribunes, gloser sur tout sans connaître rien, recevoir des toges d’honneur, des salamalecs et des marques de respect de confrères, mais on détesterait qu’un subalterne en ait sa part.
On se pare de la pensée d’un autre ! Ce n’est pas joli.

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Cette pratique détestable du discours prémâché n’était pratiquée qu’en politique. Tout au plus, les Académiciens de tout bord écrivent un texte qu’on aménage et que des grammairiens peaufinent. Avec les blablas de Delchambre à l’ULB on sait maintenant que le genre copié/collé se répand partout.
Comme on dit dans la pub « Pourquoi j’irais me décarcasser à les cueillir là-haut, si un autre me les apporte ! ».
Étendre le principe aux profs, après les étudiants, ça ne s’était encore jamais fait.
Autrement dit, on ne sait plus qui on a devant soi, si c’est une fabrication, un robot bien rôdé, un scientifique qui regrette de n’avoir pas fait les lettres et qui se pique d’un verni qu’il n’a pas ou un vulgaire escroc qui a acheté ses diplômes pour dix kopeks sur le marché Minski de Saint-Pétersbourg !
Delchambre est sans doute un brillant mathématicien, mais comme orateur, ce n’est pas Cicéron. Et alors ? Une réputation d’honnête homme, c’est quand même quelque chose !
Il doit être très occupé. Enseignant dans trois ou quatre facultés à la fois, président du conseil d’administration à Bruxelles, il aurait cependant intérêt à consacrer un peu de son temps à lire (je n’oserais écrire « relire » dans son cas) « Les caractères » de La Bruyère, surtout le passage où il écrit, sans nul besoin d’un secrétaire pour lui tenir la plume « Se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi-seul ou renoncer à se faire valoir. »

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