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Cruchot se révolte.

Vous vous souvenez de l’adjudant-chef Cruchot interprété par Louis Defunès ?
Personnage fabriqué par le génial comédien à l’image d’une large représentation de ce qui constitue le ventre mou d’une démocratie : servile avec les supérieurs, impitoyable envers les inférieurs et surtout ne comprenant rien à rien et facile à manœuvrer dès qu’on agite devant lui un supposé intérêt de place ou d’argent, eh bien, c’est à peu près ce que pensaient de nous nos politiques, dans leur fuite en avant qui consistait à nous faire peur avec les dettes de l’État et les moyens de l’éteindre.
Et jusqu’à présent, ça marchait partout en Europe.
C’est extraordinaire, nous étions tous des Cruchot et nous votions majoritairement pour qu’on retire le pain de la bouche des plus pauvres, qu’on supprime le droit au chômage, qu’on saute des index et qu’on massacre les petites pensions, qu’on manipule la TVA et qu’on emmerde jusqu’aux buveurs de bière. C’est-à-dire qu’on faisait du tort à soi-même !
A-t-on déjà vu plus Cruchot que Cruchot : un électeur qui est pour un programme pareil ?
Il est vrai que Di Rupo avait déjà fait beaucoup question de rayer des chômeurs. Les suivants ont sauté sur l’occasion et en ont remis une couche.
Mais, mystère des urnes, ces veaux conservaient les voix des Cruchot !
Et voilà qu’une population, sans doute encore plus maltraitée que nous, parce que ses dirigeants semblaient encore plus voyous que les nôtres, se reprend et relevant la tête, ne veut plus faire les Cruchot !...
Les résultats des élections législatives grecques ne sont pas encore définitifs, mais on peut extrapoler et saluer la très probable victoire de Syriza, le parti de la gauche radicale anti-austérité !
Du coup, les crabes s’agitent dans la corbeille, le FMI s’inquiète et les trois futurs jobards, enfin pas eux, leurs banques, à savoir Les USA, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, bref ceux qui ont mis le paquet dans le gouffre grec, se disent qu’ils ont fait une mauvaise affaire.
Et s’apprêtent, mais à quoi ?
Envahir la Grèce ? Décréter un embargo comme pour la Russie ?
On voudrait bien savoir pour qu’on rigole.

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C’est qu’ils sont coincés, voyez-vous que d’autres Cruchot se défilent, que l’Espagne prenne l’exemple grec au sérieux, que l’électeur portugais se rebiffe et que le Cruchot belge mette au clou sa casquette d’adjudant-chef de la connerie !
On claque des dents derrière les guichets. La situation est la suivante : si tous les emprunteurs décident de ne plus rembourser les créanciers, que croyez-vous qu’il arriverait ?
Réponse : rien.
Et que ceux qui vivent de la démocratie, qui exploitent le système comme un fermier ses vaches, s’ils sont outrés et veulent aller au bout de leur raisonnement, qu’ils vendent leurs maisons de campagne, qu’ils liquident leurs fonds de commerce et refusent leurs salaires et indemnités disproportionnés à leurs mérites, et enfin, dans un grand élan de solidarité avec les banques paient pour les pauvres, ce qui serait pour eux une dette d’honneur.
Vous savez l’honneur, c’est pour ceux qui en ont les moyens.
La dette grecque a dépassé les 177% du PIB en 2014, le futur gouvernement ne sera pas en mesure de continuer à la rembourser, Paul De Grauwe, professeur à la London School of Economics pourra reprendre sa calculette, tant qu’il le veut, si les Grecs ne paient plus qui va leur faire la gueule ?
Sans doute pas la Turquie, pourtant son ennemie depuis des siècles, puisque Erdogan, quoique membre de l’OTAN, fait du commerce juteux avec Daech et magouille avec les intégristes d’Afrique du Nord. On a dit quoi à Erdogan ? Que dalle ! Passez muscade.
Est-ce qu’être vertueux consiste à payer ses dettes ou à empêcher que le peuple crève de faim ?
Et l’emprunt russe ? Qui s’en souvient encore, comme Nicolas II a mis une boîte aux épargnants français en se faisant avoir par Lénine ! Les derniers bolchéviks en rigolent encore, comment la bourgeoisie française l’a eu dans le fion.
L’Europe ne s’en remettra pas ?
Mais, elle n’a pas besoin de ça pour crever l’Europe. Elle fait tout pour, sans avoir besoin de la Grèce. Ce serait même l’occasion de revoir les grands projets, d’un peu revenir à la démocratie de base…
Je laisse la conclusion à Mélenchon.
"C'est une page nouvelle pour l'Europe, a affirmé Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de gauche, sur BFM-TV. Peut-être que nous tenons l'occasion de refonder l'Europe, qui est devenue l'Europe fédérale des libéraux". Selon lui, le succès de Syriza "est une lame de fond". "Les Grecs sont peut-être en train de faire sauter ce carcan et grâce à eux, peut-être qu'on va pouvoir remettre sur la table toutes les données qui nous rendent la vie infernale en Europe, a-t-il continué. Peut-être, oui, je le dis, c'est un moment historique".

Commentaires

Magnifique billet mon cher Duc...l'espoir renaît avec Syriza...

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