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Écotopia.

À la suite de la chronique précédente sur la non-croissance permettant un progrès social, sans courir après l’accroissement des biens par toutes les ficelles d’exploitation possible, nous nous heurtons à l’incapacité d’imaginer l’utopie, alors que la réalité ne satisfait pas grand nombre.
Les citoyens n’ont quasiment rien à perdre et pourtant ce rien fait tout.
À y regarder de près, ce n’est pas tant l’individu qui est paralysé par la peur de l’inconnu, que les barrières culturelles qui le retiennent. Le tableau que l’on dresse dans les médias et dans les partis d’une société dont on aurait supprimé ou fortement réglementé la liberté du commerce, renvoie à la guerre froide. On nous assure depuis toujours que la liberté d’entreprendre, et la liberté citoyenne sont liées et indissociables.
La liberté d’entreprendre peut cohabiter avec la liberté des Hommes, à condition que l’on ne confonde pas l’une avec l’autre. Ce qui se passe dans la mondialisation n’est rien d’autre que la fin de la liberté des Hommes, au profit de la liberté d’entreprendre par quelques grands groupes.
Il suffirait de modifier quelques règles pour en faire un principe humaniste. Cela bouleverserait de fond en comble les rapports hiérarchiques qui font des travailleurs de base de véritables esclaves modernes. Cela entraînerait un accroissement significatif des personnels, un moins grand stress, etc.
Rien évidemment n’est simple. Le plus complexe serait de préparer pour la fiction « heureuse » ce qu’on considère comme le drame d’un effondrement général : la fin du système capitaliste, comme nous le connaissons.
Au lieu de dépeindre un monde dans lequel les individus seraient amenés à survivre dans des environnements hostiles et propices aux mœurs les plus barbares, essayons plutôt de nous représenter une démocratie sans croissance débarrassée de la course perpétuelle au profit et à la performance. D’autant que le capitalisme cohabite avec la barbarie, comme on le voit avec Daech et les extrémistes musulmans, et que ce système n’a pas « moralisé » la planète, bien au contraire, puisque le commerce des armements est on ne peut plus florissant.
Est-ce ce monde là que nous vendent les supposés défenseurs de la démocratie, parce qu’ils sont persuadés que c’est le meilleur ou parce qu’ils en tirent un profit disproportionné par rapport au salaire moyen ?

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Là où les tenants du capitalisme pur et dur dans l’organisation technique du travail attendent les partisans de la non-croissance, l’Américain Ernest Callenbach apporte sa contribution. C’est une expérience sous forme d’un récit de voyage « Écotopia » dans une société qui mélange adroitement l’autogestion et l’entreprenariat classique d’une démocratie fortement décentralisée dans ses plus petits lieux de pouvoir. Le travail y est réduit à 20 heures par semaine et l’initiative individuelle encouragée. Les villes sont petites et régies à la manière de petites républiques. Les voitures sont électriques. Les carburants fossiles limités au maximum. L’électroménager et les autres appareils familiers sont conçus pour être facilement réparables.
Les habitants se sont chamaillés longtemps avant d’abandonner le système du « laisser-faire ».
Les atavismes sont pesants et les habitudes avaient encrassé les rapports entre les acteurs d’une démocratie qui se cherchait, sans s’être jamais trouvée dans le système précédent.
À l’inverse des voisins américains restés dans le système capitaliste, les préoccupations ne se font plus en fonction de la «croissance», mais en fonction de la qualité de la vie et du respect de la nature.
Callenbach ne dit pas dans son livre que les habitants de son monde imaginaire sont tous plus ou moins conscients des enjeux. Ils ont été élevés et éduqués avec un sens critique qui leur a permis de se débarrasser d’une propagande libérale anesthésiant les esprits.
Évidemment, on pense à notre enseignement incapable de faire des citoyens pensants, mais dispensent des cours essentiellement consacrés à faire de la jeunesse, des spécialistes pour les machines et circuits électroniques.

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