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Voie sans issue.

Ce n’est pas sérieux. Le gouvernement, en cheville avec les économistes, parle du retour de la croissance. Le bond serait « au-dessus des prévisions ». Quand on voit les chiffres, le 0,6 au lieu du 0,4, on se demande si on a bien lu. C’est la méthode Coué. Ces messieurs du haut de gamme voudraient tant que le bas de gamme y croie, qu’ils se forcent à montrer plus de joie triomphante encore, qu’ils n’en ont.
En réalité, la Belgique refait ses stocks et rétablit ses marges. La croissance repart, mais sans vraiment recréer des emplois. Pour des raisons politiciennes, on tente de regonfler le moral des gens par des démonstrations excessives de bonheur, lorsque quelques milliers d’embauches sur le demi-million de chômeurs renflouent les convictions des économistes orthodoxes sur la reprise du marché.
Bien entendu, lorsqu’il s’agit de quelques dixièmes de point, on atteint vite des marges d’erreur de près de 50 % dans le calcul du PIB. Il faut alors voir la meute se récrier haut et fort contre le pessimisme des hétérodoxes.
Est-ce si malaisé de prendre enfin les électeurs pour des adultes en ne les endormant pas avec des contes de fée, mais en leur disant tout simplement la réalité des chiffres et des buts de l’économie libérale ?
Ce n’est pas du tout faire le bonheur des peuples, c’est simplement la volonté d’en extraire le meilleur du travail pour en faire bénéficier quelques-uns.
À tout bien considérer, le public n’est pas si dupe que cela. Il sait bien qu’on lui remonte le moral, parce qu’un travailleur ou un chômeur, qui croit en l’avenir de ce pourquoi il travaille ou souhaiterait travailler, est la meilleure arme que l’on ait trouvée pour augmenter la productivité.
Mais où il y a arnaque, c’est dans le sentiment que chacun pourrait devenir riche et dominer l’autre qui finirait par travailler pour deux. Ici, le premier arnaqué, c’est celui qui pense cela.
Autrement dit le système a de l’avenir.
Il n’est pas exclu d’imaginer une croissance forte allant vers les 2,5 %, qui ne serait pas porteuse d’emplois !
C’est fort possible après tout. Les techniques nouvelles créent moins d’emplois qu’elles n’en détruisent. Une croissance due à la haute technicité de nos ingénieurs et la réalisation technique de nos chercheurs (n’est-ce pas l’effet souhaité par le type d’éducation que nous donnons à nos enfants ?) produisant peu d’emplois, entreraient en concurrence gagnante avec des techniques à l’ancienne et s’y ajouterait la privatisation des services d’État en cours. On aurait alors une croissance forte avec plus de chômage.

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Ce scénario paraît être le plus probable. S’il est avéré et enfin reconnu, il sera beaucoup trop tard pour revenir en arrière, alors que se développe la logique libérale de Charles Michel et que ce gouvernement nous accable de toutes les réformes de son programme. Les travailleurs auraient ainsi collaboré à leur propre déclin sur les promesses d’une économie sensée se reconstruire pour eux, alors qu’elle se ferait pour d’autres !
À quoi servent les économistes, s’ils ne nous parlent jamais que de ce qui arrange les décideurs ? Ne devraient-ils pas développer les différents scénarios possibles, quant à l’avenir qui nous attend ?
Où est le débat démocratique quand on n’entend que les discours des économistes orthodoxes ?
Une fois de plus, et qu’on me pardonne de taper sur le même clou, force est de constater que la presse ne joue plus son rôle dans la critique sociale des autorités.
On en est à l’euphorie satisfaite, comme si la misère était en train de reculer, alors que cette société n’est performante que dans le nombre de ses pauvres !

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