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Un engagement lourd.

Encore un accord secret négocié entre l’État et une entreprise privée !
L’accord secret a ceci de particulier que l’État s’engage en notre nom sans que nous soyons au courant. Autrement dit, il n’y a aucune instance fédérale ou régionale qui en aurait discuté, donc aucun débat et aucune confrontation des points de vue.
Ce sont seulement le cabinet ministériel concerné et le premier ministre qui s’engagent à des choses que nous n’avons pas à savoir.
Ce n’est pas la première fois. Nos responsables en sont coutumiers.
On se souvient des négociations avec Ecclestone sur la modernisation du circuit de Francorchamps et où MM. Kubla (tiens, déjà !) et Happart avaient établi des clauses secrètes en anglais assez désavantageuses pour nous. M. Happart, questionné par des journalistes, avait répliqué qu’il ne connaissait pas la langue, donc qu’il n’était pas au courant. Pourtant sa signature figurait au bas du document. Quelle belle insouciance !
C’était encore les temps heureux. Les banques bullaient, mais c’était avant 2008, les économistes et les citoyens ne savaient pas qu’on entrait dans une nouvelle ère.
Cette fois-ci « L’État s’engage à indemniser Electrabel et EDF s’il ferme Tihange 1 avant le 1er octobre 2025 – sauf si la fermeture a lieu pour des raisons de sûreté nucléaire, ou pour se conformer à une décision européenne ou internationale. Cette indemnisation est prévue dans les 30 jours. C’est ce qui ressort de la convention secrète sur Tihange 1, que L’Echo a pu se procurer. »
L’Echo est ce fameux Écho de la Bourse dont j’ai parlé il y a quelques jours.
Comment ont-ils copié l’original ?
Ce n’est pas le propos de cette chronique.
Mais c’est un fait « Pour prolonger Tihange 1 de 10 ans, Electrabel et EDF devaient investir quelque 600 millions d’euros. Cela a donné lieu à une négociation serrée entre les propriétaires de la centrale et le gouvernement précédent, qui ont fini par arriver à un accord. »
Le gouvernement précédent, mais c’est celui de Di Rupo.
Ah ! le petit cachottier, lui si près des citoyens, nous faire un enfant dans le dos. Ce sera à ajouter au passif, juste sous la décision d’exclure certaines catégories de chômeurs.
Maintenant, questions gros sous, de combien devrions-nous faire grossir la dette pour indemniser Electrabel et EDF, ça c’est le mystère dans le mystère.
L’Echo nous dit seulement que « le texte prévoit notamment une indemnisation en cas d’arrêt de Tihange 1 avant 2025. Il s’agit d’un engagement lourd, qui lie non seulement le gouvernement qui a signé l’accord – en l’occurrence, le gouvernement Di Rupo, avec comme secrétaire d’État à l’Énergie Melchior Wathelet – mais aussi les gouvernements suivants.
Idem en matière fiscale : l’accord prévoit qu’aucune taxe ou charge spécifique ne pourra être imposée sur Tihange 1, à part la redevance due à l’État. »

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L’Echo parle d’un engagement lourd. On peut penser qu’il s’agit d’une centaine de millions d’euros au moins ?
Si cette tuile secrète nous tombe demain sur la tête, les chômeurs, les malades et les vieux vont encore prendre un sacré coup, sans compter les ménages. On a parlé d’une forte augmentation possible de l’électricité, serait-ce déjà pour provisionner un fonds de remboursement ?
J’espère que des secrets de cette nature, il n’en reste plus dans les cartons de MM Di Rupo et Charles Michel.
Un qui s’en fout, c’est Melchior Wathelet. Cosignataire, il s’est tiré au bon moment.
Et dire que ces gens se disent responsables !

Commentaires

Je suis favorable à ce que l'Etat se désengage du nucléaire. Mais, dès lors que le gouvernement a opté pour une prolongation de 10 ans avec 600 millions d'euros de travaux d'adaptation à la clef et à charge d'Electrabel, il me parait légitime que cette société demande des garanties afin de ne pas réaliser d'investissements en pure perte. Ce que je me demande plutôt, c'est pourquoi certains ont jugé bon d'en faire une clause secrète.

Cette prolongation n'est pas conforme aux engagements pris sur les dates de fermeture. Cela montre que les gouvernements n'ont jamais eu une politique cohérente en la matière. Arrêter une centrale nucléaire, c'est facile. La démonter et dépolluer les sols, c'est autre chose. Il n'existe pas d'exemple. Cela démontre la légèreté des partisans du nucléaire. Cette pénalité est aussi la preuve qu'Électrabel n'a pas confiance dans la parole des responsables politiques. Cette société n'a pas tort.
Et le citoyen dans ce micmac ?

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