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Les lettres en dépôt de bilan.

On ne peut en dire plus sur l’état des lieux, qu’en comparant les tirages papier actuels de la presse en général et de la presse belge en particulier, avec ceux du passé. La presse qui vivait très bien – il est vrai il y a très longtemps – a bénéficié ensuite de la quasi seule publicité pour maintenir ses profits. Puis vinrent l’apport d’argent frais des partis politiques, à ce petit jeu les presses trop clivées à gauche ne survécurent pas. Enfin, nous sommes à la période des bilans désastreux, des reprises, des cessations d’éditeurs et des fermetures.
À l’heure d’Internet, la presse ne doit sa survie qu’à des hommes d’affaires qui ont diversifié leur produit et investit dans l’électronique.
Sous couvert de l’intérêt général, la presse poursuit sa diffusion, quoiqu’elle ne représente plus grand chose par elle-même. Ses intérêts sont à droite et sous couvert d’une neutralité objective, elle n’est rien d’autre que le reflet du pouvoir. Si ce n’était pas le cas, elle aurait depuis longtemps disparu, comme la presse de gauche.
Il y a bien quelques magazines qui tentent de se placer en-dehors de ce suivisme, mais ils sont basés en France. La tentative de produire une presse critique en Belgique par la diffusion d’un magazine en collaboration avec le Marianne français a été un échec. M... Belgique’, qui a fini par prendre le relais, n’a pas le tirage escompté.
Les Belges sont-ils allergiques à la politique « raisonnée » ? Préfèrent-ils des magazines people ? Il y a un peu de ça, mais encore une fois, la conjoncture n’est pas bonne et, vu le nombre de lecteurs potentiels, c’est très difficile de faire vivre une centaine de personnes, c’est-à-peu près le minimum qu’il faut pour faire un journal vivant et documenté, sans dépendre d’un ou des sponsors qu’on voit venir avec leurs gros sabots (Le Monde a perdu un peu de son esprit critique depuis qu’il a été « sauvé » par trois financiers).
Reste Internet pour sauver les meubles, malgré tout, la situation des entreprises du secteur papier est souvent à la limite entre tenir ou fermer.
Ce blog est parfois très dur vis-à-vis de la presse belge, c’est que les plumes de qualité ont été découragées par le carcan imposé par d’entreprises comme Le Soir, La Dernière Heure ou La Libre Belgique, les provinciaux, plus ou moins dans deux ou trois grand groupes de presse et souvent les relais des premiers, sont à peu près dans la même mauvaise passe.

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Les plumes de caractère ont disparu. Restent quelques frais émoulus des études spécialisées et c’est peut-être ce qui nuit à la profession : croire que l’on doive sortir des écoles de journalisme pour un job qui exige un talent qui ne s’apprend nulle part, c’est clôturer d’avance les débats sur l’avenir de cette profession. C’est fabriquer des gens pour entrer dans des moules et n’en jamais sortir.
Faire ce métier en radio et télévision est professionnellement tout aussi peu diversifié, mais plus sûr. Le sponsoring est plus généreux, l’État y a son mot à dire. Mais l’info y est tellement filtrée et les sujets ciblés, que la contrainte y est pire encore que dans la presse écrite. L’audience y est de toute manière alimentée indirectement par les émissions qui précèdent ou qui suivent les informations, ce qui tempère les chiffres d’audience.
Trouver une solution pérenne pour financer la production d'une information de qualité, paraît urgentissime. Le bon fonctionnement de la démocratie ne dépend plus de la presse conventionnelle, vu son état. Mais si Internet diffuse du bon et du mauvais à jets continus, il conviendrait au moins d’orienter autrement ce qui reste de la presse, à seule fin de rendre un esprit critique aux lecteurs, d’où le besoin d’une pédagogie qui ne soit ni pédante, ni dépendante du pouvoir.
Une solution reste à inventer. Viendra-t-elle par le numérique ?
L’État finance aujourd’hui encore la presse papier. Les critères qui sont les siens n’apportent rien à la démocratie. Cela s’appelle faire usage des impôts des citoyens à fonds perdus, dans l’intention d’user de l’argent public qui ne sert qu’à soutenir le pouvoir en place.

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