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Les journalistes de radio et télévision Olivier Duhamel et Michel Field s’exercent tous les samedis d’été à une politique fiction qui n’est pas dénuée d’intérêt. Ils nous placent en situation comme si un événement politique était survenu. Quels en seraient les acteurs et leurs réactions ?
Ce samedi on avait droit à « Et si Marine Le Pen devenait présidente de la République en 2017 ? ».
À l’écoute de leur émission-fiction, on pourrait réagir différemment de ce qu’ils croient sur le devenir de la situation politique actuelle, mais encore réfléchir à leur autoportrait auquel ils ne s’attendaient pas. Car cet exercice dévoile les deux compères psychologiquement.
Lorsqu’on s’aventure dans un monde qui n’existe pas encore, il est évident qu’on arrange les événements d’aujourd’hui en fonction de ce que l’on pense qu’ils deviendront et non pas en fonction de ce qu’ils seront, puisque, en principe, personne n’en sait rien.
En politique plus qu’en autre chose, tout et son contraire peuvent arriver. Qui aurait cru, il y a de cela une semaine que Tsípras allait manger dans la main de JC Juncker ? La fiction en politique, ce n’est pas la même extrapolation qu’un sismographe qui annonce qu’il y aura prochainement une éruption volcanique ou un tremblement de terre.
Par conséquent, Olivier Duhamel et Michel Field se projettent eux-mêmes dans l’avenir par la somme des probabilités qu’ils énumèrent assez adroitement en y mêlant Caroline Roux et Natacha Polony, entre les voix des personnages politiques dans d’anciennes interviews habilement découpées, pour un montage réussi.
C’est assez drôle et nos compères se dévoilent parfaitement. L’un, Duhamel, est un journaliste de droite qui hésite entre accompagner Sarkozy dans sa reconquête du pouvoir suprême, qui pourrait franchir le pas et parier sur le presque septuagénaire Jupé. Il hésite pour la bonne raison que personne n’est certain que Jupé ira jusqu’au bout. C’est un velléitaire, un peu comme Duhamel, du reste. Des journalistes de Marianne ont tout récemment brocardé Duhamel. Je le compare à un baromètre détraqué : quand il prédit qu’il va pleuvoir, vous pouvez sortir sans chapeau. Il ne pleuvra pas.

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Michel Field a des fibres gauchistes, mais pas trop. Elles datent du temps où il était philosophe et venu par hasard fumer sa pipe entre deux prises dans les studios. L’ambiance lui a plu. Il est resté. On a oublié le philosophe, place au centriste rentré, partagé entre l’admiration à Mendès France et à Philippe Séguin, assez d’accord avec Manuel Valls, dont il saisit chaque occasion pour saluer le courage.
Pour le thème « Et si Marine Le Pen était présidente ? » Europe 1 avait lancé le programme par ce qui suit : « L’exercice distrayant ou inquiétant, permet d’appréhender les problématiques politiques actuelles. Retrouvez Mediapolis Fiction tous les samedis de 10h à 11h et sur http://www.europe1.fr/emissions/mediapolis ».
En effet, c’est assez distrayant, mais peut-être pas comme l’imaginaient les auteurs de cette tranche horaire très suivie du samedi matin.

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