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Une Europe morale ?

En réponse aux questions que la Grèce pose à l’Europe sur sa dette et son impécuniosité, François Hollande, à l’Elysée, le 15 juillet, a proposé « une organisation renforcée » de la zone euro pour constituer, « avec les pays qui en décideront, une avant-garde » soit imaginer un gouvernement avec un Parlement et un budget spécifique à l’Europe.
Comme si on n’avait pas assez d’échelons décisionnels par-ci, par-là, surtout en Belgique avec cinq gouvernements, plus les Commissions européennes, le parlement de Strasbourg, etc.
Hollande n’est pas le maître de l’inflation dans son pays, et il veut faire le chef d’école ailleurs !
C’est fou comme l’emploi bien rémunéré et bien considéré prend une ampleur insoupçonnée en politique ! S’ils avaient autant d’imagination pour inventer des postes dans l’industrie, qu’ils n’en ont pour créer des emplois en politique, il n’y aurait plus de chômeurs !
Notez, on pourrait arranger le coup : chaque citoyen de l’UE aurait une fonction dans l’organigramme européen et des revenus garantis. On instaurerait un gouvernement par quartier, par rue, par maison. Tout le monde serait ministre ou député, au choix. Le problème serait de trouver des domestiques.
Trêve de plaisanterie.
Plus les pouvoirs de décision s’échelonnent et se dispersent, plus les décisions tardent et plus elles sont incohérentes, faisant souvent doublon. En Belgique et plus spécialement en Wallonie, on est déjà bien servi. Nos stratèges sont tellement au-dessus de leur niveau d’incompétence… et ce n’est pas Marcourt qui a la capacité d’organiser des cours de rattrapage !

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Les mécanismes complexes de l’Europe échappent à l’entendement du plus grand nombre. Le Parlement européen siège à Strasbourg et les Commissions à Bruxelles, voilà des millions d’euros qui disparaissent en déplacements en 1ère classe, temps perdus, courreries et quiproquos, et ce n’est qu’une petite dépense inutile. Il y en a tellement de plus grosses !
Des hollandistes qui s’y croient ont organisé un débat d’où il ressort que les citoyens européens auraient le droit (c’est heureux) de voter la nomination d’une sorte de président de l’Europe, mais qu’on éviterait à l’avenir de leur demander leur avis par référendum, étant entendu que si le peuple est capable de déterminer qui sera le président, il est incapable de voter « en connaissance de cause » une bonne politique pour l’Europe.
Tirant la leçon de l’affaire grecque, celle d’une Union européenne en situation de blocage politique, François Hollande avait assuré lors de son discours du 14 juillet vouloir changer les choses. Christophe Barbier à « C dans l’air » en était tout excité. Les autres journalistes étaient plus dubitatifs. Depuis son bureau des Républicains, Nicolas Sarkozy y voit une manœuvre d’enfumage.
Il paraît d’après Hollande que c’était l’idée de Jacques Delors, son ex mentor. Ce n’est pas à nonante ans que le père de Martine Aubry dira le contraire.
Manuel Valls, dévoué à François jusqu’en 2017, estime qu’un gouvernement de la zone euro doit être constitué par les pays fondateurs de l’Union, « la France, l’Allemagne, l’Italie ». Deux paniers percés avec Merkel près de ses sous, comme si l’Allemagne allait être d’accord !
Entre parenthèse, je croyais que le Benelux était aussi fondateur ?
Et c’est ici que Hollande estime que « …dans la situation actuelle, on a évité le pire. Mais l’Europe n’est pas une puissance morale, dit-il, je dis morale au bon sens du terme. Il faut reconstituer cette puissance morale qui a fait la force de l’Europe en d’autres périodes, comme au moment de la chute du mur de Berlin ».
Je le savais, il nous refait le coup de la puissance morale !... sans doute dans la perspective du retour de Dominique Strauss-Kahn ?

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