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Les mensurations de Caroline.

Et si on répondait par un peu de philosophie, aux bêtises conjuguées sur les salaires des édiles communaux par la Dernière Heure et l’interviewée, Caroline Van Wynsberghe, politologue à l’UCL, ?
On se souvient, 95 % de passifs pour 5 % d’actifs (voir le blog précédent).
Non pas afin de poursuivre le débat sur la disparité entre le cash du travailleur de base et celui qui le représente au niveau communal, mais du dédain purement intellectuel affiché de la politologue des 95 % de la population (nous ne chipoterons pas sur les pourcentages) ! Madame Caroline Van Wynsberghe, fut un peu poussée dans le dos, il faut le dire, par l’employé de la Dernière Heure. J’eusse aimé qu’elle développât le thème.
95/5, voilà qui rappelle presque le vote censitaire d’il n’y a pas si longtemps.
Puisqu’il y a été question de règles, Oscar Wilde a son opinion que je partage « Il ne faut pas traiter les hommes selon les règles, mais comme s’ils étaient des exceptions. »
Si l’opinion publique est l’instrument de l’intolérance (le fameux populisme), elle n’en est pas la source. Les « caprices » de l’opinion se résument depuis deux mille ans à l’expression « La Roche Tarpéienne est près du Capitole ». Voilà qui ne fait guère trembler nos Illustres aujourd’hui, depuis qu’ils conduisent les gens par le bout du nez. Mais, ce proverbe n’exprime pas que les aléas de la condition humaine. Il sous-entend aussi la volonté des 5 % de cacher les causes de leur tyrannie.
Si l’expression signifie que le peuple est versatile et capricieux, Caroline et la Dernière Heure font un pas de plus, en affirmant implicitement, que ce peuple est méprisable. Nier que 95 est un chiffre supérieur à 5, en est une preuve mathématique.
Le peuple du bas n’est ni pire ni meilleur que les dirigeants, la bassesse n’est pas toujours où l’on pense. Certaines causes du comportement versatile du peuple ont des noms. Ce sont les agents provocateurs, le fiel de certains dirigeants et surtout le matraquage des médias pour faire admettre aux 95 % que les 5 % ont raison, quoi qu’il arrive, voilà ce qui dilue dans l’opinion les poisons que le peuple ingère sans s’en apercevoir.
Ce n’est pas au cœur de la foule qu’il faut traquer l’intolérance, mais dans les cerveaux calculateurs de ceux qui la guident.
Qui nous dit que lorsque Charles Michel tranche entre deux propositions, soit desserrer un peu la corde autour du cou des travailleurs, soit donner quelques avantages supplémentaires à ceux qui se comptent parmi les 5 %, qu’il opte pour la seconde au motif qu’il y est conduit par l’espoir d’offrir plus d’emplois en la préférant ? Et si c’était par réflexe de caste, comme tendrait à nous le faire croire cet afflux de riches résidents français qui viennent en Belgique parce qu’ils y paient moins d’impôt ?
Que vaudrait encore l’opinion prépondérante de ces 5 % si les 95 % avaient la conviction que Charles Michel est un menteur ?

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Souvent, l’opinion publique est mise en condition. Dans cet exemple, on lui commande d’admirer l’action d’un premier ministre, lors même que les mesures qu’il met en route pourraient être interprétées comme étant le fait d’un ennemi des 95 % !
Ce qui est certain, c’est que l’opinion publique n’aime pas les actes qui ne sont pas en accord avec les paroles. Et la difficulté consiste à prendre Charles Michel la main dans le sac dans l’exemple cité. Il n’est tout de même pas stupide au point d’expliquer dans une crise de conscience, qu’il aime les riches et que son vœu le plus cher est de s’enrichir à son tour. Alors qu’il a persuadé pas mal de citoyens qu’il prend l’argent du peuple, pour le changer en emplois et bien-être.
Pourquoi les milieux de la politique et de la finance étouffent-ils, tant qu’ils le peuvent, les affaires qui traitent d’escroquerie et de prises d’intérêts illégaux, des personnes de leur condition?
Parce qu’ils risquent l’amalgame de l’opinion sur l’une ou l’autre méchante affaire (par exemple celles de MM. Serge Kubla et Armand De Decker dont on n’entend plus parler) à l’ensemble des 5 %. Conclure que l’apparence est mensongère, la dignité l’est aussi. Or cette dignité est primordiale, elle correspond au justificatif qu’une fonction apporte tel pourvoir et corresponde à tel encaissement d’euros.
Si la dignité n’est pas méritée, c’est parce que la promotion a été mauvaise. Donc le système fait souffrir inutilement le peuple et celui-ci ne sera pas récompensé de son sacrifice.
Voilà une conclusion qui ne donne pas cher de la peau des 5 %.
Conclusion hâtive, certes, et à laquelle la Dernière Heure et, cela va sans dire, Madame Caroline Van Wynsberghe auraient difficile à se rallier.

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