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L’odyssée de l’épate !

Depuis que nous sommes Charlysés ou Micheliste, c’est selon, ce n’est pas faute d’avoir été prévenus : « Cette législature sera entièrement consacrée à l’économie. Le communautaire sera pour la suivante », a dit à peu près dans ces termes, le premier Wavrien.
Nous nous attendions à une « révolution » libérale, retour à la Belgique Joyeuse de la Belle époque, avec la prépondérance de l’initiative privée sur une économie qui chapeaute tout, y compris le social.
Eh bien ! nous avons été surpris quand même de la brutalité des décisions. Ce gouvernement a même réussi à prendre de vitesse le socialisme libéral du précédent, qui aurait sans doute fait la même chose, mais en anesthésiant davantage nos parties nerveuses, comme font les bons dentistes.
Personne n’avait estimé à son juste niveau la capacité de nuisance d’un Charles Michel, arracheur de dent de sang-froid, jouant à quitte ou double, puisqu’il n’est pas majoritaire dans la partie du pays qu’il est censé représenter au fédéral.
Par conséquent, quitte à jouer les grands méchants, il compte un peu, comme François Hollande, que la conjoncture se retourne et lui donne raison sur la reprise et l’embauche.
Hélas ! manque de pot, la crise reprend de la vigueur avec le plongeon de la Chine et la grisaille de l’euro plombé par l’intransigeance allemande et l’insolvabilité organisée de la Grèce par ses créanciers qui espèrent ainsi rafler plus que leur mise.
Voilà donc Charles Michel obligé de tenir le rôle de bourreau de Béthune, avec un Monsieur Loyal, Bart De Wever, dont il se serait bien passé.
Que faire de toutes ses réformes qui trouent le porte-monnaie des gens pour garnir ceux des amis d’Étienne, sans que, comme sœur Anne, le chauve le plus connu de Belgique ne voie rien venir !
Que cache donc, le fils de Louis, d’une ambition qu’il tient de famille ?
Couler dans le bronze une orthodoxie économique de tous les leviers au Nord au Sud du pays, afin que l’appétit communautaire de certains flamands disparaisse dans les besoins croissants d’une élite financière qui se fout des langues et de la frontière linguistique, pour ouvrir notre plaque tournante au sein de l’Europe à tout qui veut, des USA à la Chine, du japon à la Grande-Bretagne, faisant apparaître bien secondaire le rêve flamingant du confédéralisme, comme une division du pays qui reviendrait à couper une usine en deux.
C’est un paradoxe que d’appeler un libéral « grand serviteur de l’État » quand on sait que le but du libéralisme actuel est la privatisation de plus de services possibles de l’État, c’est-à-dire de réduire l’État à une petite PME. Comme l’homme n’est pas à un paradoxe près, sa quadrature serait de réduire l’État tout en laissant en place ses énormes dépenses de représentation, afin de faire croire encore à un semblant de démocratie. En effet, Charles s’est rendu compte très vite que pour avoir des alliés à son projet, il doit ménager ceux qui font naturellement pression sur l’homme de la rue. Aussi, qu’on n’attende pas de lui qu’il tente de faire des économies sur les revenus des élus du Nord au Sud, d’autant qu’il en est largement lui-même bénéficiaire.

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Qu’est-ce que le budget de la Belgique version Michel ? Sinon, l’application de l’austérité des bas et moyens salaires tirée directement de l’idéologie néolibérale.
Depuis que Michel est aux affaires, on n’a pas l’impression que le pays va mieux, qu’il sort de la morosité, au contraire. À sa décharge, il a repris sans beaucoup la changer la feuille de route de Di Rupo, un autre libéral, mais honteux celui-là, pour passer à la vitesse supérieure avec les dégâts que l’on sait : augmentation de la pauvreté, distorsion entre les revenus du travail et ceux du capital, diminution du nombre de chômeurs espérée par élimination, les pensions les plus basses d’Europe et désorganisation volontaire du système de santé par des mesures d’économie qui touchent surtout les malades, un enseignement désastreux, etc. Dans bien des domaines et notamment l’enseignement, on sait bien que Michel ne commande pas aux politiques régionales ; mais c’est quand même sous l’impulsion d’un État libéral qu’on en arrive à des Milquetteries comme le célèbre désormais « cours de rien », la dévaluation du métier d’enseignant et les bas salaires qui s’y pratiquent.
Tout cela bien dans l’esprit d’une Europe libérale et qui entend bien le rester, quoi qu’il arrive.

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