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Une télévision pour les nuls, par les nuls !

Match d’audience de la rentrée entre « Les décodeurs » RTBF et « C’est pas tous les jours dimanche » RTL. Titre bien mal choisi pour cette dernière station, quand on sait que l’on peut accoler « heureusement » à cet à-peu-près grammatical (1).
On nous avait dit des deux côtés avec des airs mystérieux : changement de décors, changement de présentateurs, nouvelles formules pour les dimanches midis à la RTBF et à RTL. Bon, d’accord des effets d’ampoules et des trompe-l’œil différents de part et d’autre, mais en gros, pas de nouvelles têtes malgré quelques disparitions, le studio toujours aussi rikiki, etc. Madame Dominique Demoulin, disparue à RTL, mais plus longue prestation de son compagnon, le dessinateur Kroll à la RTBF, ceci compense cela. Exit Emmanuelle Praet, ce qui n’est pas si mal, quoiqu’elle était quand même la représentante de la bourgeoisie la plus butée qui fait florès dans les gazettes et, à ce titre, elle donnait une large idée de la politique belge au pouvoir, qui est en réalité celle du pire, parce que la plus sotte et la plus convenue. Que les électeurs du MR se rassurent, ils la reverront bien assez tôt dans une autre émission.
Une bonne entrée tout de même, celle de la rafraîchissante Florence Hainaut sur le plateau silurien de la RTBF. Quant aux autres… Gerlache le décodeur, dommage que ce ne soit pas le déconneur. Par sa seule présence, c’est le seul animateur qui peut flanquer le bourdon à n’importe quel téléspectateur du dimanche midi. Avec lui, à une heure aussi matinale, on a envie d’aller se recoucher !
Côté RTL, Christophe Deborsu ne fait pas le poids. C’est un faux comique, dont le nom fait trop classe moyenne pour être trop mordant ailleurs que dans les produits de consommation. Il a le physique du vendeur de bagnoles qui va vous mettre une boîte. Et c’est ce qu’il fait pour une prestation très moyenne.

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Dans les jours qui vont venir, cela ne fait pas un pli, on va agiter les statistiques d’audience et consulter en sous-main les « spécialistes » de l’audiovisuel. Rassurez-vous, ils ne sont ni plus futés, ni plus pertinents que vous et moi. La seule différence, tient dans le fait qu’ils en ont fait un métier.
Là, il n’y aura pas photo, ce sera RTL qui va battre la RTBF, non pas que la chaîne privée fait mieux que l’autre, au contraire, mais parce qu’en invitant des vedettes politiques et des vedettes du showbiz, elle est davantage racoleuse et tant qu’à faire, quand on se lève le dimanche avec la journée devant soi, il vaut mieux contempler le visage agréable de Nawel Madani que celui de Gerlache. Il est vrai que « c’est pas tous les jours dimanche » aurait dû éviter « c’est pas tous les jours Reynders », le choc du déjà vu a quand même été amorti par Vrebos après le journal en mettant sur l’autre plateau de la balance, à seule fin de faire équilibre, un autre illustre déjà vu, Elio Di Rupo.
Le seul épisode drôle sur RTL, à part la panne d’images devant illustrer le texte d’Alain Raviart, tient dans l’erreur de calcul de Didier Reynders qui après avoir débiné les normaliens profs de français, s’est montré nul… en mathématique à propos de la séquence réfugiés, à propos de laquelle pour le grand homme d’État que personne nous envie, 1 % de 500 millions d’habitants de l’UE, cela fait un million de réfugiés. Non, cher maître délicat lecteur de romans, mais piètre mathématicien, 1 millions de réfugiés font 0,2 %.
Alors du « Décodeur » à « C’est pas tous les jours dimanche », il n’y a pas de quoi déplacer les montagnes.
Je convie ces essayistes maladroits d’aller voir Caroline Roux sur TV5 France (l’invité était Mélenchon, une autre pointure, il est vrai, que nos besogneux de la chose publique) pour y apprendre ce qu’est vraiment le métier de journaliste, puis, de compléter en semaine leur formation par l’écoute de « C à dire » avec Yves Calvi aux manettes.
J’en excepte encore une fois Florence Hainaut de la RTBF qui, si elle n’était pas muselée par les ronds-de-cuir de la télévision publique, pourrait ajouter à la fraîcheur du ton, une impertinente liberté qui manque à cette société tellement compassée. On sent que madame Hainaut se retient, peur sans doute de se faire haïr des autres. C’est dommage.
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1. Les profs de français « attrapés » par nos puits de science auraient pu rectifier par « Ce n’est pas tous les jours dimanche ».

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