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Meurtres à l'anthrax du Bataclan !

Après les attentats de Paris, il n’est pas bon de rester longtemps dans un état de sidération. Chacun doit se ressaisir. Cela devient une question d’honneur et d’amour propre. On ne peut plus avoir peur, même si celle-ci est légitime, il faut la refouler au plus profond de soi et regarder le danger en face. La peur est, quelque part, un sentiment de soumission d’esclave.
La première apparition à la télé de François Hollande au moment des attentats n’est pas celle d’un chef d’État en guerre, mais celle de Daladier revenant des accords de Munich. Si le président de la République montre sa peur où va le Peuple français ?
La suivante fut plus ferme. Lui aussi s’était ressaisi.
La première réaction passée, ce n’est pas aux blogueurs de commenter les événements, mais à la presse de faire son travail, sans verser dans les trémolos et inoculer ce virus de la peur aux populations.
La première impression que l’on a tient dans la disproportion entre les forces de l’ordre et 7 à 8 hommes (1) fanatisés. Pourtant l’événement a déclenché un véritable état de guerre en France et une réprobation quasi mondiale. D’où l’intérêt pour Daech d’économiser ses forces et d’envoyer à la place de combattants en ligne un quarteron d’imbéciles qui feront le travail de deux divisions.
L’effroi tient aussi par le nombre élevé de victimes et l’impossibilité de prévenir tous les attentats, même si par le passé Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur français, avait pu afficher sa satisfaction sur le nombre d’entre eux déjoués.
Paris vient de voir l’illustration du désastre que peut provoquer le fanatisme. Ce fléau est une perversion de l’esprit qui n’atteint pas tout qui y est confronté, mais qui détermine malheureusement au pire ceux qui y ont sombré.
Pour que ce fanatisme prenne dans les populations, au pot bouille doivent mijoter des racines à la fois religieuses et sociales, quoiqu’on ait vu des djihadistes qui n’étaient pas issus de la génération suivante d’émigrés pauvres. Le cas du nazisme n’est pas si différent d’une aberration religieuse, la personne divine pour laquelle on offre sa propre vie était le gourou de Berchtesgaden, les nazis étaient avant tout des hitlériens.
L’abcès est en Syrie et en Irak, le bubon s’appelle Daech. Il devient urgent d’expurger ce fléau et cautériser le trou béant qu’il laissera une fois extrait. Parce que tant qu’il existera il créera autour de lui des fanatiques et des extrémistes prêts à tout.
Reste la question de la place de la religion dans l’État en cohabitation avec nos genres de démocratie. Les laïcs ont toujours commis l’erreur fatale – celle d’Edwy Penel de Mediapart – de fermer les yeux sur des pratiques religieuses contraires à la loi ou à l’usage au nom de la coutume importée de pays de culture différente ou du prescrit des Écritures souvent très anciennes, faites pour un autre temps, d’autres mœurs et d’autres peuples. On ne peut pas faire s’exprimer la Raison et la Foi dans un dialogue amical de bon aloi. La foi est justement arbitraire et déraisonnable dans tous les sens : scientifique toujours, historiquement parfois, inauthentique et inexplicable la plupart du temps. Elle touche à l’irréel et à la fantasmagorie. Elle affecte indistinctement l’intellectuel et ceux qui le sont beaucoup moins. C’est le terreau parfait du terrorisme. En ce sens Caroline Fourest a raison et Edwy Penel a tort !
L’erreur, c’est d’accorder une place trop grande aux religions dans les démocraties et de restreindre par voie de conséquence celle de la laïcité.
C’est un débat que nous n’aurons pas. Certains estimeront que ce n’est pas le moment, d’autres plus catégoriques parmi les laïcs prétendront que ce serait accroître les risques de fanatisation des populations qui ne se reconnaissent pas dans les lois démocratiques ou qui les appréhendent difficilement pour des raisons intellectuelles ou d’immaturité.
Restent ces 127 morts (peut-être davantage) à Paris, imputables indiscutablement au fanatisme religieux.
On connaît la source du mal. On sait que l’immense majorité de croyants condamne les crimes et a horreur des assassins.
Sachant cela : qu’est-ce qu’on fait ?

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Pour revenir à nos petites affaires quotidiennes Jacquelines Galant l’a – peut-être – échappée belle (2) pour ce dimanche à la télé ! Sans la tuerie, c’était elle qui risquait la mort politique. Qu’à cela ne tienne, samedi Charles Michel en a profité pour s’échapper dans le discours sécuritaire qui a beaucoup de mérites mais l’inconvénient de restreindre un peu plus nos libertés.
Bref, les chroniqueurs du dimanche seront sur la brèche pour un tout autre exercice que gloser sur les non-événements belges, à moins qu’en Haut-Lieu on ne décide de revenir à nos petites affaires ?
Ce samedi fut l’occasion pour Dominique Demoulin de réapparaître en toute majesté. On a eu tort de la remplacer dans le spectacle dominical de RTL par Deborsu, c’est une sacrément bonne journaliste ! J’avais un titre tout trouvé « La dominical de Dominique ».
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1. On ne connaissait pas le nombre exact de terroristes à l’heure où fut écrit ce billet.
2. Quant à la programmation du dimanche midi peut-être va-t-on improviser un programme de circonstance sur nos télés nationales ?

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