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Un dictateur confirmé ce dimanche.

Il faudra se méfier à l’avenir des stratèges belges des journaux en politique extérieure. Ils ont tout faux sur leurs prévisions des résultats des élections de ce dimanche en Turquie.
Les lecteurs de nos gazettes traditionnelles ont pu lire qu’Erdogan et l’AKP allaient souffrir aux élections de dimanche. Pour preuve, le pouvoir avait d’autorité fermé deux journaux de l’opposition quelques jours avant les élections.
Manque de bol, le futur calife emporte 316 des 550 sièges du Parlement. C’est une majorité absolue mais pas suffisante pour que Recep Tayyip Erdogan ressuscite le vieux rêve de l’empire ottoman en tripotant la constitution. Que les chauds partisans belgo-turcs ne s’inquiètent pas trop pour lui, il s’arrangera autrement pour arriver au même résultat.
Comme il est très difficile d’avoir des renseignements venant d’une autre source que celle du gouvernement turc et de sa police, personne ne saurait dire si les élections se sont déroulées dans la plus parfaite honnêteté. Le héros du jour pourrait très bien avoir bourré les urnes. Depuis que l’enquête concernant le dernier attentat a conclu trop rapidement à un coup de Daech faisant des morts parmi un cortège pacifiste des Kurdes de Turquie le mois dernier, on peut s’attendre à tout.
Visiblement les Turcs de Belgique, Belge mais de cœur attachés à leur pays d’origine, reçoivent des familles de là-bas des informations peu fiables, puisqu’ils sont toujours à contester le génocide arménien et qu’ils ne sont pas près d’en démordre. Pourtant, il ne s’agit que de critiquer une politique vieille de cent ans, de l’empire ottoman et les exactions de Talaat Pacha, renversés en 1923. C’est encore trop pour les nationalistes turcs comme le sont la plupart d’entre eux qui sont venus chercher fortune en Belgique et qui y sont restés. Alors, vous pensez, un nouveau chef pour faire revivre l’ancien empire !

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Quoique dans l’OTAN la république turque actuelle, de l’avis général, joue un double jeu en faisant semblant de faire la guerre à Daech, rien que pour bombarder les positions kurdes en Irak et en Syrie. Le gouvernement islamo conservateur, très actif sur le plan religieux, n’a jamais cessé de faire du commerce avec Daech. De bonnes affaires ont permis d’enrichir Erdogan et son entourage. La fortune de celui que les Turcs viennent de réélire est d’origine inconnue. On sait qu’il n’était pas riche au tournant du siècle passé. Le trafic de Daech passe par la Turquie. Le commerce de l'or avec l’Iran complète celui de l'essence du califat voisin. C’est tout ce que l’on sait des bonnes affaires du régime. Il doit y en avoir d'autres.
Sa dernière lubie, le palais présidentiel est à mettre du côté de la folie des grandeurs du vainqueur des élections, plutôt mauvais signe pour la suite !.
Sa popularité chez les Turco-belges vient en partie du succès économique incontestable de l’après-crise. Erdogan a profité de l’essor des industries du textile et de la construction. Le pouvoir d’achat a été multiplié par trois. La peur des événements de Syrie et des attentats, ajoutés aux démêlés des Turcs avec les Kurdes (15 millions de Kurdes en Turquie) font le reste.
Mais les années à venir seront moins euphoriques avec moins de 3 % de croissance depuis deux ans.
Les Kurdes, citoyens turcs forcés, n’ont toujours pas le droit de parler leur langue, ni d’espérer une certaine forme d’indépendance interne.
C’est pour flatter l’opinion turque conservatrice qu’Erdogan a rompu les pourparlers avec cette importante minorité à la suite des élections précédentes.
L’Europe, fait patte de velours avec l’homme fort de ce pays. Erdogan a 2 millions et demi de réfugiés Syriens et Irakiens sur son territoire qui ne demandent qu’à tenter leur chance en fuyant vers la Grèce.
Le fait que les candidats djihadistes de Daech venant d’Europe passent tous par la Turquie ne dérange ni la France, ni la Belgique.
Erdogan a fait une tournée préélectorale en Belgique, on a vu Charles Michel aux petits soins avec le dictateur. C’est un peu fort de remuer les consciences turco-belges ou belgo-turques sur le territoire national sans que nos « élites » ne mouftent.
On peut penser qu’Erdogan n’a pas fini de faire parler de lui. Et nos zombies en chefs pas fini de nous faire avaler des soupes à la grimace depuis qu’ils confondent accueil et dissolution de notre manière de vivre dans le tout venant.

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