« Pauvre France ! | Accueil | Médiocratie. »

La jeunesse en 2015.

À force de faire semblant de s’en préoccuper, la jeunesse n’entre plus dans aucun moule conçu par les adultes.
Elle-même aurait du mal à se définir attendu qu’il n’y a pas qu’un seul possible « magnifique » pour tous, mais au contraire une multitude de positions sociales justifiées et injustifiées qui font de la jeunesse à la fois la génération montante que l’on regarde la larme à l’œil et celle perdue dans les méandres d’un système très inégalitaire dès le départ.
La preuve que l’on ne sait plus où l’on va, il n’y a jamais eu autant d’éducateurs, de psychologues, de rattrapages divers, d’associations spécialisées et de bénévolats pour d’aussi maigres résultats.
Le chômage, la misère, le milieu familial dégradé, oui certes, tout cela joue un rôle, mais c’est surtout l’absence d’idéal dans une société veule qui touche principalement la jeunesse.
Le plus grand corrupteur et fossoyeur d’idéaux, c’est bien le monde de l’adulte qui introduit l’adolescent dans un environnement où il le considère avant tout comme client et producteur, les deux étant liés, sauf pour les fils de gens aisés qui ne sont que clients.
Or, produire quoi ? Le travail à l’usine, la production en série, l’homme robotisé comme un bienfait de civilisation par les Offices de l’emploi et les discours officiels de ceux qui n’en ont jamais fait une clope et qui font l’éloge de ce qu’ils ne connaissent pas ?
Je suis étonné de l’étonnement des « élites » devant les jeunes de tout milieu qui n’arrivent pas à trouver une place dans la société ! S’il y a bien un sommet de l’hypocrisie, c’est bien parmi les notables du royaume qu’on le trouve.
Avant le drame d’aujourd’hui, l’accès à un emploi stable précédait souvent de peu l’installation dans un logement indépendant, la vie en couple et la naissance du premier enfant. Beaucoup de parents en témoignent encore.
Les convulsions d’un monde dans lequel on vit plus mal qu’avant, alors qu’on devrait bien y vivre puisque l’on produit plus et mieux, font à elles seules l’essentiel d’un paradoxe que l’on ne peut expliquer à la jeunesse.

1mume.jpg

Autre erreur, celle de déterminer le degré d’intelligence des individus aux diplômes. Pasteur n’était pas médecin. Peu de savants et d’érudits qui entourèrent Diderot et d’Alembert pour la publication de l’Encyclopédie au Siècle des Lumières pourraient aujourd’hui arriver à l’université, tant on farcit de fatras inutiles les têtes des rhétoriciens. C’est un paradoxe, nos écoles fabriquent des médiocres ! À croire que les diplômes ne servent qu’à faire croire à la jeunesse que ce critère est logique et détermine les gagnants et les perdants.
Sont-ce des êtres doués d’intelligence et d’esprit critique que l’on veut ou de bons servants du système économique, des esclaves pas chers ?
Le temps des études s’allonge, mais en même temps s’allonge aussi le temps entre la sortie du système scolaire et un emploi stable. Le monde du dessus s’étonne du gâchis du monde du dessous.
Encore que l’emploi stable aujourd’hui ! C’est même l’instabilité l’argument qu’ont osé les fines lames de l’économie : il faut apprendre à se diversifier dès l’apprentissage, tuant ainsi le métier passion et la qualification du « bon ouvrier » comme jadis le compagnonnage.
La génération des « Glorieuses » à la retraite ou en voie de l’être, l’adulte d’aujourd’hui ne se conçoit plus comme un être arrivé. L’horizon recule à mesure qu’il avance. À 55 ans jadis on recevait une montre et une décoration pour 30 années de « bons et loyaux services », en 2015 on reçoit un C4 pour restructuration du personnel, sans aucun espoir de finir carrière ailleurs, même si Bart De Wever affirme le contraire dans son discours de base. Lui, le professionnel de la politique, aura une carrière complète dans la jactance haineuse et la fanfaronnade politicienne.
Il faudrait revoir en Belgique la scolarisation et la course au diplôme dans l’investissement du capital humain.
On prend Copernic pour exemple en parlant de révolution. On se demande si ceux qui évoquent ce moine astronome savent que la terre tourne autour du soleil ? Et dire que nous livrons la jeunesse pieds et poings liés à ces cuistres qui ont contribué à faire ce monde mal fichu dans lequel nous barbotons !

Poster un commentaire