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Vous le voulez soli ou sanguini ?

Un débat très intéressant ce lundi 28 décembre (France Inter, C dans l’air) sur la déchéance de nationalité. Hollande et Valls seraient dans une partie de bras de fer avec la gauche !
Le PS menacé d’implosion pose un problème d’éthique à la démocratie. Plus de 75 % de la population est favorable à l’expulsion des terroristes vers le pays d’origine après avoir purgé leur peine, en cas de double nationalité. Et alors, disent certains, en 1942, 90 % de la population allemande était pour Adolphe !... Est-ce que la majorité avait raison ?
L’opinion, la valeur du suffrage universel et l’autorité de l’État mesurent leurs contradictions en préparant leurs forces.
Par le passé, on a vu que lorsque les dirigeants politiques ne sont pas d’accord avec un scrutin, ils passent outre ou ils atermoient jusqu’à ce qu’ils arrivent à leur fin. Cela avait été le cas d’un traité européen rejeté par le peuple français et remis à nouveau dans la balance pour finalement être admis. La Belgique avait fait mieux, sentant le vent défavorable, l’Haut Lieu avait tout simplement décidé qu’un scrutin n’était pas nécessaire. Le Parlement avait tranché en faveur de l’Europe (Le Traité de Maëstricht).
Mais si les politiciens ont l’habitude de se passer de l’avis des gens sur des questions importantes, ils peuvent très bien suivre le courant inverse et suivre la population sans se préoccuper de sensibilités morales.
C’est le cas de la déchéance de nationalité.

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La fronde contre la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité prend de l’ampleur à gauche. Mélenchon a parlé d’une position nauséabonde de Hollande et de Valls. Hollande qui se croit plus mitterrandien que Tonton souffle le chaud et le froid sur l'hypothèse d'un recours au référendum pour contourner les réticences de son propre camp.
Reste à savoir si Hollande aura les 3/5 des voix des parlementaires réunis à Versailles pour modifier la Constitution.
La gauche républicaine a toujours été pour le droit du sol
Le droit du sol est la règle de droit attribuant la nationalité à une personne physique en raison de sa naissance sur un territoire donné. Le droit du sang est transmis aux enfants à leur naissance par les parents. Les droits attribuant la nationalité par la naissance sont distincts de la procédure de naturalisation. Le droit du sang a longtemps été le seul, aussi bien en Europe qu'en Asie : on appartient à une famille, à une tribu, à un peuple, et pas à un territoire. Il a aussi été le droit romain initial.
Malgré quelques avatars de ce droit du sol, en 1848 à la fin de la monarchie de Juillet et en 1940 le gouvernement de Vichy avait déchu le Général De Gaulle de la nationalité française, le droit du sol a toujours été respecté, malgré les tentatives de la droite pour le modifier à certaines occasions.
C’est que cette disposition quand elle est transgressée même pour quelques voyous terroristes peut très bien être manipulée et tourner à la confusion générale. Comment ne pas faire le parallèle entre un cinglé de chez Daech qui tue des passants au nom de sa religion et un truand qui tue autant de monde que l’autre au cours d’un hold-up?
Il n’est pas sans intérêt de rappeler que plus de trois millions de personnes ont la bi nationalité en France. Cette mesure ne peut paraître que discriminatoire aux yeux de beaucoup de gens.
En Belgique, la presse est un merveilleux amortisseur pour ces questions délicates. Le problème n’est « critique » que pour les footballeurs des Diables Rouges qui tous « optent » pour la citoyenneté belge, à part un joueur qui a préféré défendre les couleurs de son pays d’origine. Pourtant, cette affaire de bi-nationalité est aussi très aigüe en Belgique depuis les attentats. Nous n’en saurons pas plus ni par la voix officielle, ni par la voix officieuse des journaux. En Belgique, c’est comme ça. Un constat neutre semble indiquer que les binationaux sont largement représentés à tous les échelons politiques belges. Est-ce la raison qui ferait croire au silence radio des partis ?
Le débat de l'égalité entre les Français oppose la France de souche à la France de papier.
Référendum ou pas, votation démocratique ou congrès parlementaire passant outre, ce dernier épisode du malaise français nous concerne aussi.
Il pose la question même de la démocratie. Le peuple est-il souverain totalement ou partiellement ? Les « sages » sont-ils qualifiés pour penser à sa place et de quel droit ? La délégation des pouvoirs du peuple à ses représentants n’est quand même pas un blanc-seing renouvelable plus ou moins tous les quatre ou cinq ans. Parce que, s’il n’est que cela, cette démocratie n’en est pas une, dès lors tous nos mentors, nos augures et nos délégués ne seraient que nos suborneurs !
Pour ma part, je crois que Hollande et Valls ont tort d’engager un bras de fer contre leur propre camp sur la déchéance de nationalité. L’effet pratique sera nul et ne dissuadera pas un bi-national ou un national d’aller faire le djihad. À moins qu’à dix-huit mois des élections, Hollande ait autre chose en tête, comme une fusion avec le centre-droit ?

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