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Une Suédoise à poil.

Désespérant de persuader la population que le drame social du chômage est de sa faute et que le capitalisme est là pour l’aider, alors nos spécialistes de l’économie se servent de l’exemple des pays ayant « vaincu » le chômage !
Nos virtuoses de la mondialisation heureuse se sont concentrés sur de fameux exemples de redressement, histoire de nous redonner le moral.
Ils sont allés à la pêche d’un pays pas trop lointain. Quoi de mieux que la Suède avec aujourd'hui un taux de chômage de 6,9% contre 8,6 en Belgique (la réforme Di Rupo-Michel a transformé les chômeurs du FOREM en indigents des CPAS communaux).
D’autres pays de l'Union européenne affichent de meilleurs résultats, comme par exemple l'Allemagne (4,5%) et le Danemark (6%), mais le cas suédois est intéressant en raison de la baisse progressive du nombre de demandeurs d'emplois depuis 2013. La réputation de la Suède n’est plus à faire, tant les badauds wallons et bruxellois tiennent ce pays en haute estime avec des clichés qui ont la vie dure comme la grande tolérance des nordiques, le cocooning des rudes soirées d’hiver, la prospérité générale et l’extrême propreté des rues.
Alors pourquoi la Suède réussit-elle mieux que la Belgique à infléchir la courbe du chômage ?
Tiens, mais c’est bien sûr ! La Suède dans les années 90 a procédé à des réformes structurelles que la Belgique cherche encore à faire, une diminution drastique du nombre de fonctionnaires, une réduction de la dette publique et une réforme concomitante de la fiscalité pour rendre celle-ci à la fois simple et incitative.
On voit où nos admirables de la chose mondiale veulent en venir : moins de fonctionnaires, c’est-à-dire moins de service à la population, une réforme de la fiscalité en faveur des entreprises et une réduction de la dette publique qui serre en même temps la ceinture des miteux que nous sommes, une formule chic pour les actionnaires et les industriels.
Quand ils doivent choisir entre l’Europe et la mondialisation, nos stratèges de la croissance plongent dans l’admiration de l’économie mondiale. Les voilà du coup qui apportent de l’eau au moulin de Marine Le Pen : …le fait que la Suède, n'étant pas membre de la zone euro, dispose pleinement de l'outil monétaire et peut donc baisser ses taux d'intérêt et laisser sa monnaie se dévaluer en périodes de récession pour stimuler l'activité économique et les exportations, nous pas, bêtes brutes que nous sommes !
Jusque là, on a déjà suffisamment d’éléments pour comprendre le succès suédois. Mais l’argument suprême, le coup de bambou final, c’est un marché du travail beaucoup plus flexible qu'en Belgique.

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On n’est pas assez flexible. Trop vieux pour améliorer notre souplesse. Le travailleur wallon fatigué après quelques mois de travail a les articulations qui lâchent. La gymnastique dans les petits boulots auxquels son destin médiocre le voue exige, au contraire, une grande souplesse dorsale. Il attend que Bacquelaine mette fin à son calvaire. Le ministre hésite : les vieux ne boivent pas assez d’une eau pétillante dont le ministre ne cesse de dire les bienfaits !
Cet atavisme du Wallon besogneux, nos chefs le dénoncent dans les négociations sur l'emploi très centralisées. En Suède elles se font par branche souvent derrière la machine à café entre employeurs et syndicats, sans aucune intervention des mastodontes syndicaux, ni de l’État. Goblet et Ska ont la manie de s’imposer partout, en vraies petites vedettes du showbiz.
On voit d’ici les partenaires sociaux : un comptable et une ancienne ouvrière, piliers de la maison, négociant avec le patron. Le personnel en prend souvent pour dix ans !
La Suède se place au 17ème rang sur 144 pays pour la coopération entre employeurs et employés. On se croirait revenu au réarmement moral des années septante !
Enfin cerise sur le gâteau « Cette confiance élevée dans les relations de travail va de pair avec une faible réglementation du salaire minimum. Afin de pouvoir mieux répondre aux variations des cycles économiques et favoriser l'emploi et la compétitivité, la Suède a en effet opté non pour un SMIC national mais pour des revenus minima négociés par secteur, avec comme point de référence les industries à l'exportation. »
L’ouvrier suédois fait confiance aux patrons, le malheureux ! Un peu comme la rédaction du Soir (qui ne fait pas de politique, c’est juré) voue un culte à Charles !
Quant aux règles d'embauche et de licenciement, elles sont moins restrictives en Suède qu'en Belgique, évidemment. Les contrats à durée déterminée et le travail à temps partiel pleuvent, les procédures de licenciement sont plus rapides et moins couteuses pour l’employeur, etc.
Ne riez pas du modèle suédois, ce sera le vôtre si vous ne faites pas gaffe.
Le progrès comme celui-là, je vais vous le dire, si Charles en veut et la direction du Soir aussi, moi je n’en veux pas. Mieux, je considère les gens qui en veulent comme mes ennemis personnels.

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